Couverture du journal du 03/12/2024 Le nouveau magazine

Drones, IA et pisteurs VS frelons asiatiques

Chacun à leur manière, Bees For Life à Capbreton et Landes Guêpes Frelons depuis Toulouzette cherchent à lutter contre ces nuisibles exotiques envahissants grâce à des drones.

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© LGF

Détruire les colonies de frelons asiatiques, grands prédateurs d’abeilles butineuses, implique de trouver leurs nids. Or, dans la majorité des cas, ils sont dissimulés dans le feuillage des arbres. La plateforme interactive Bees For Life, une équipe de passionnés de la protection des abeilles dont le siège est situé à Capbreton, développe, depuis 2020, un projet de détection des nids dans la canopée. En partenariat avec le Laboratoire bordelais de recherche en informatique, une solution d’intelligence artificielle (IA) est en cours de déploiement.

Probabilité de nid

Nourrie de plusieurs gigas d’images capturées par les drones de Bees For Life, l’intelligence artificielle est désormais capable de donner un taux de probabilité de présence de nid, à partir d’une photo prise depuis la canopée. Selon le degré de suspicion, un désinsectiseur est ensuite envoyé sur place.

« Actuellement, il faut un délai de 24 à 48 heures pour réaliser le traitement des données, indique Lionel Willaert, responsable de Bees For Life. Mais à l’avenir, on espère un traitement d’images en ligne. » La solution, développée pour être la plus économique possible, est proposée au monde de l’apiculture et aux collectivités.

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© Shutterstock

Drone suiveur

À Toulouzette, Étienne Roumailhac pour Landes Guêpes Frelons (LGF) a, lui, développé il y a quelques années avec Vision Scope à Mont-de-Marsan, un système de drones capable d’envoyer directement du produit détruisant la colonie, enfonçant sa perche-dard dans le nid pour y injecter de la poudre, un peu comme un « canon paintball pulvérisateur ». « Mais on était un peu bloqué par la législation, par les délais pour avoir l’autorisation de vol, par un côté un peu trop dangereux… Maintenant on fait plutôt du drone traceur de frelons », explique-t-il.

« On arrive à attraper le frelon pour lui mettre un récepteur dessus, le drone n’a plus qu’à le suivre à la trace pour voir où est le nid et on peut alors le détruire tout entier de façon classique », dit-il, y voyant « un moyen plus efficace comme on a désormais des perches qui montent très haut. On en est aux balbutiements, mais ça fonctionne bien et on devrait avoir les autorisations plus facilement », espère ce spécialiste de la lutte anti-nuisibles depuis 15 ans, qui cumule 500 à 600 interventions chaque année.

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Quels survols dans les Landes ?

Pour l’année 2023, la préfecture des Landes a recensé 1 280 demandes d’autorisation de survol par des drones, contre 1 146 en 2022, l’usage de ces appareils est en effet aujourd’hui strictement encadré, et les contrevenants s’exposent à des sanctions en cas de violation des règles édictées selon la classe de ces aéronefs sans pilote. Selon les services de l’État dans les Landes, les plus grands volumes de demandes concernent les ventes immobilières et les suivis de chantiers de construction ou de rénovation. Viennent ensuite les surveillances réseau-études-implantation Télécoms, les mariages, compétitions sportives, films-photos promotionnels pour territoires ou entreprises, les reportages photo-vidéo divers et reportages pour médias locaux, régionaux ou nationaux.

Alors qu’au niveau national, des associations dénoncent cet « outil de surveillance » utilisé parfois lors de manifestations ou événements par les forces de l’ordre, la préfecture précise qu’« aucun survol n’a été réalisé en 2023 dans le département pour des actions d’ordre et de sécurité publics ».

Il y a quelques années, Biscarrosse avait testé des drones pour la surveillance des plages avec capacité à lancer une bouée de sauvetage au baigneur en difficulté, mais l’expérimentation n’a pas été poursuivie.