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Julien Dubois : « Projeter Dax dans 15 ans »

Mobilisé sur la gestion du reconfinement, Julien Dubois, nouveau maire de Dax et président de l’agglomération du Grand-Dax se projette néanmoins sur la mise en œuvre de son programme, avec un mot-clé : attractivité.

Julien Dubois, Maire de Dax

Julien Dubois, Maire de Dax et président de l'Agglomération du Grand-Dax © JPEG Studios

Les Annonces Landaises : Comment abordez-vous cette nouvelle période de confinement ?

Julien Dubois : Avec inquiétude naturellement, tant en ce qui concerne les conséquences sanitaires sur nos concitoyens que les conséquences sur le tissu économique local. Mais, nous demeurons déterminés, les services de la Ville et du Grand-Dax restent à cet égard entièrement mobilisés aux côtés des acteurs locaux.

 

LAL : Disposez-vous d’une première évaluation de l’impact de la crise sanitaire sur l’économie locale ?

J. D. : Cette crise sanitaire qui se prolonge est effectivement un sujet de vigilance. Elle a des conséquences qui deviennent durables sur une bonne partie de l’économie locale. Particulièrement sur le thermalisme dont on sait déjà qu’il accusera une perte de fréquentation d’au minimum 50 % à 60 %. Sur ce secteur, l’inquiétude se reporte aussi sur la saison 2021, sur laquelle pour l’instant, les réservations se font attendre. Nous sommes en relations très étroites avec les acteurs de la filière pour envisager avec eux les mesures qui doivent être mises en place. Inquiétude également sur le tissu des commerçants, cafetiers, restaurateurs, hôteliers, impactés par la baisse du nombre de touristes mais aussi par les mesures restrictives puis les obligations de fermeture, donc par des pertes de chiffres d’affaires conséquentes. Au niveau de l’Agglomération, nous menons une poli- tique d’accompagnement des entreprises, en partenariat avec les chambres consulaires, sur la mobilisation des dis- positifs lancés par l’État, pour aider à la restructuration, à la réflexion sur les organisations qui permettront de faire face quand les mesures d’amortissement disparaîtront. Toute la difficulté de la situation actuelle réside dans le fait que nous n’avons aucune visibilité sur la sortie de crise.

Nous attendons la réalisation de la première tranche du golf pour 2025

LAL : Quelles ont été les retombées financières du premier confinement sur les finances de l’Agglomération du Grand-Dax et la Ville de Dax ?

J. D. : Dans l’état actuel des choses, entre le déficit de recettes d’un côté et les charges supplémentaires de l’autre, liés à la première période de confinement, au niveau du Grand-Dax, la perte s’élève à 900 000 euros. Dans la mesure où l’Agglomération fonctionne beaucoup avec des taxes acquittées par les entreprises, c’est sur l’année à venir, avec les changements à craindre dans le tissu économique que les pertes risquent de s’alourdir. Sur Dax, nous avons déjà enregistré une perte de plus de 500 000 euros, liée à la crise sanitaire. Ce qui ajoute à la difficulté de la mauvaise situation financière que nous avons trouvée. Selon l’audit, réalisé par un cabinet indépendant qui a regardé les choses de manière rationnelle, la capacité de désendettement de la commune est aujourd’hui de 18,3 ans*, sachant que le seuil prudentiel est de 12 ans. En gros, depuis un peu plus de cinq ans, la collectivité a vécu largement au-dessus de ses moyens, sans actes de gestion permettant de contrecarrer l’effet ciseau entre les aides qui continuent de baisser et des dépenses qui continuent d’augmenter.

 

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L. A. L. : Compte tenu du contexte, envisagez-vous de revoir les priorités de votre mandat ?

J. D. : Notre état d’esprit est de trouver des solutions pour mettre en œuvre ce que nous avons proposé aux Dacquoises et aux Dacquois et ce pour quoi ils nous ont élus avec près de 57 % des voix. Dès le budget 2021, l’objectif est de dégager des marges de manœuvre sur le fonctionnement qui, par l’excédent qu’il génère permet l’investissement. Il faudra faire le point concrètement sur les missions qui sont aujourd’hui remplies par la Ville, celles que nous pourrons poursuivre et celles qu’il faudra abandonner. Nous sommes aussi en réflexion poussée sur le parc immobilier de la commune, pour définir les bâtiments que nous ne sommes plus en mesure d’entretenir et qui ne remplissent pas de mission essentielle, dont on va pouvoir se séparer. La cession permettra à la fois d’encaisser le produit de la vente et d’arrêter les frais de fonctionnement liés à ces bâtiments.

 

L. A. L. : Le centre-ville reste-t-il au cœur de votre projet d’aménagement urbain ?

J. D. : Le centre-ville est effectivement la vitrine de la ville, c’est de là que tout doit repartir en termes d’attractivité. Dès la fin de l’année et pendant un an, nous allons inviter les Dacquoises et les Dacquois à participer à une réflexion sur notre ville aujourd’hui et ce que nous souhaitons qu’elle devienne en termes d’équipements, de mobilités, d’aménagement de l’espace public, dans les 15 prochaines années. Ce travail réalisé dans le cadre d’ateliers participatifs, de balades urbaines, permettra d’établir une feuille de route pour avoir une démarche globale et cohérente.

 

L. A. L. : Et vous, comment voyez-vous Dax dans 10 ou 15 ans ?

J. D. : Sans vouloir influencer la réflexion, il faudra un centre-ville qualitatif où il fasse bon vivre et se promener, dans lequel on aura envie d’aller consommer. Sur le logement, il faudra que nous ayons une augmentation significative de la population qui vivra sur Dax. La population dacquoise a diminué de 200 habitants entre les deux derniers recensements. Or, la vitalité d’une ville c’est aussi sa vitalité démographique. Si la circulation doit être plus fluide et le stationnement plus attractif avec une nouvelle répartition des zones payantes et non payantes pour lutter contre la saturation actuelle, il faudra aussi qu’on puisse se déplacer grâce aux mobilités douces, à pied, à vélo, avec des transports publics performants.

Nous allons inviter les dacquoises et les dacquois à participer à une réflexion sur ce que nous voulons que notre ville devienne dans les 15 prochaines années

En termes d’attractivité, je pense également à une salle multi-activités qui puisse recevoir à la fois des spectacles, des congrès et des rencontres sportives, de basket notamment.

 

L. A. L. : Quelle sera la dimension de cette salle multi-activités ? Comment sera-t-elle gérée ? Avec quelle programmation culturelle ?

J. D. : Nous allons lancer les études. La jauge précise des spectacles sera le résultat des études sur les zones de chalandise. En matière de fonctionnement, nous regardons ce qui se passe dans plusieurs villes qui ont le même type d’équipement. Ce qui correspond le mieux à ce que nous recherchons c’est une gestion par le biais d’une société d’économie mixte dans laquelle la collectivité peut maîtriser le pilotage avec des acteurs privés qui apportent leur expertise. Nous veillerons à une programmation hétéroclite, très grand public, pour qu’on vienne aussi à Dax pour elle.

 

L. A. L. : Sera-t-elle implantée à côté du stade Maurice-Boyau, à la place de la médiathèque prévue au cours de la précédente mandature et dont vous avez abandonné le projet ?

J. D. : Nous estimons en effet que la bibliothèque est un service qui doit rester en centre-ville parce qu’elle constitue aussi un élément d’attractivité pour celui-ci. Ce qu’on a constaté par contre, c’est que le bâtiment actuel est dans un état qui ne permet plus d’accueillir du public à brève échéance. Il va falloir consacrer des budgets plus rapidement que prévu à sa réhabilitation.

Pour l’implantation de la salle multi-activités portée par l’Agglomération, il faudra qu’il y ait consensus sur son positionnement entre les différentes communes qui pourront également être candidates.

 

L. A. L. : Pouvez-vous aujourd’hui annoncer une date d’ouverture pour les halles en travaux ?

J. D. : Non, en raison du confinement. Nous l’espérons pour la fin du premier semestre 2021. Nous ferons tout pour qu’elles soient l’un des moteurs de relance du centre-ville, mais pas seulement.

 

L. A. L. : Parmi vos engagements figure la relance du projet de golf sur le Grand-Dax. À quel stade en est-il aujourd’hui ?

J. D. : Au niveau de l’Agglomération, nous avons effectivement relancé le projet structurant de golf sur Dax, Tercis-les-Bains et Oeyreluy, porté par la Sobrim, filiale du groupe Etchart depuis plus de 10 ans. Il y a eu des avancées importantes au cours des derniers mois et nous espérons que d’ici la fin de l’année tous les permis d’aménager seront déposés. Compte tenu de la durée de création d’un tel équipement, nous attendons la réalisation de la première tranche pour 2025.

C’est aussi un élément d’attractivité pour le territoire, de bien-être pour les habitants, de dynamisme économique avec un projet immobilier associé, donc beaucoup de travail pour les entreprises locales.

 

L. A. L. : Au niveau de l’Agglomération, quel rôle jouera le développement économique dans les projets du Grand-Dax ?

J. D. : Sur le Grand-Dax, nous avons aussi lancé il y a quelques semaines la rédaction du projet de territoire avec les élus communautaires pour se projeter sur une échéance de 10 à 15 ans et fixer un cadre au sein duquel se déploieront les projets. Le développement économique en constituera un volet important. Notre agglomération a des atouts pour faire venir les entreprises, avec sa gare TGV et son équipement en haut débit partout ou presque. Il faut répondre à la question simple : qu’est-ce qui fait que je viendrai installer mon entreprise et ma famille sur le Grand-Dax et pas ailleurs demain ? Nous avons des espaces encore inexploités, deux villes centres qui ont un développement économique pour l’une, l’histoire pour l’autre, avec des communes rurales sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour accueillir une nouvelle population sur des espaces plus grands que ce que connaissent les gens aujourd’hui sur des métropoles saturées.

 

L. A. L. : Pensez-vous que le périmètre actuel de la communauté d’agglomération soit suffisant pour porter les projets économiques ?

J. D. : L’Agglomération est une échelle qui permet de garder un ancrage avec le territoire. Le Grand-Dax, avec ses 20 communes et ses 55 000 habitants, reste à taille humaine, avec une surface financière et géographique suffisante pour mettre en place des projets d’envergure. C’est l’échelon pertinent qu’il faut décrire à la population pour laquelle elle reste une strate administrative mal identifiée, alors que ses activités ont des répercussions sur les aspects quotidiens des citoyens. Il faut néanmoins que les différentes communautés de communes et d’agglomération sachent discuter entre elles pour que les projets soient cohérents les uns avec les autres.

 

L. A. L. : Vous avez choisi de vous consacrer à vos mandats de maire et de président de l’Agglomération du Grand-Dax. Pas trop compliqué de mettre votre entreprise de concession poids lourds et votre vie professionnelle de côté à 44 ans ?

J. D. : C’est une prise de risque, mais ce sont des choix que j’ai faits facilement parce qu’il était clair pour moi que si j’étais élu, je m’y consacrerais à 100 %. Je m’y suis préparé depuis de nombreuses années et je suis entouré d’élus qui se sont immédiatement investis. Il y a aussi le lien affectif avec la ville dans laquelle on est né, on a grandi, on a fondé sa famille… C’est encore plus passionnant.

Notre agglomération a des atouts pour faire venir les entreprises

 

(*) Pour mesurer la solvabilité financière de la commune, ce ratio détermine le nombre d’années qui seraient nécessaires pour rembourser intégralement le capital de la dette, si la collectivité y consacrait la totalité de son épargne brute.