Si elle surfe depuis toute petite, Laurie Phipps n’avait jamais envisagé de faire de la compétition. Et encore moins à devenir un jour championne du monde. « Mon père a toujours travaillé dans le monde du surf et, dès mon plus jeune âge, avec mon frère et ma sœur, nous avons surfé avec lui », raconte la jeune femme de 22 ans. Véritable loisir familial chez les Phipps, le surf rythme la vie de Laurie depuis ses trois ans. Son père est un shaper australien et elle a toujours vécu « à 200 mètres de l’océan ». « C’est une vraie chance de partager ce sport avec ma famille, confie-t-elle. Pour moi, cela ajoute un attachement émotionnel à cette discipline. Et puis Seignosse est un des plus beaux endroits au monde pour surfer ».
Mais, de la chance, Laurie Phipps n’en a pas toujours eu. En octobre 2019, alors qu’elle n’a que 18 ans et le baccalauréat en poche depuis seulement quelques mois, elle est victime d’un accident de scooter, percutée par un conducteur ivre. Le choc est violent et la jeune Landaise est amputée en dessous du genou gauche. Ont suivi la pose d’une prothèse et de longs mois de rééducation à la clinique Marienia, à Cambo-les-Bains puis au Cers de Capbreton.
Se reconstruire
À peine un mois après son accident, Laurie Phipps reçoit la visite de Jean-Marc Saint-Geours, fondateur de l’Association nationale Handi Surf, accompagné d’un membre de l’équipe de France de parasurf. « Ils m’ont présenté la discipline, expliqué comment ça se passe, se souvient la Seignossaise. Ils m’ont dit qu’ils organisaient des entraînements, qu’il y avait des compétitions. Je ne savais même pas que ça existait. » Désireuse de se concentrer sur sa rééducation, ce n’est que deux ans plus tard que Laurie Phipps se lance le défi de participer à une compétition. Elle n’a repris le surf que depuis un an quand elle remporte un Open de surf à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée. « Ça m’a motivée, j’ai donc continué », résume-t-elle avec une réelle simplicité empreinte d’une incroyable force de caractère.
« Le changement de vie imposé par mon accident m’a conforté dans l’idée qu’il est important de faire des choses qu’on aime et dans lesquelles on s’épanouit », précise Laurie Phipps qui a enchaîné les victoires. Un titre de championne de France en 2022, à Biarritz, lui ouvre la sélection pour les championnats du Monde ISA [1] handi surf. Elle prend la troisième place de l’édition 2022 et se promet de revenir en Californie l’année suivante. Et c’est finalement en novembre 2023, à Huntington Beach, qu’elle se hisse sur la plus haute marche du podium de sa catégorie [2].
Si le surf occupe aujourd’hui une place prépondérante dans sa vie, Laurie Phipps aimerait prochainement reprendre ses études. Mais elle se laisse encore un peu de temps pour poursuivre son ascension dans le monde du parasurf. Son regard scrute même à l’horizon 2028. « Si le parasurf est inscrit au programme des Jeux paralympiques de Los Angeles, je ferai tout pour y être », prévient-elle. Résilience et détermination. Définitivement la marque des champions.
[1] International Surfing Association (fédération internationale de surf)
[2] Catégorie stand 2 : « Tout surfeur qui surfe une vague en position debout avec une amputation au-dessous du genou ou un handicap congénital ou équivalent, ou une différence de longueur de jambe » (Fédération française de surf)
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