La spectaculaire abbaye Saint-Jean de Sorde compte parmi les 18 sites emblématiques français de la Mission patrimoine 2023. « C’est une très bonne nouvelle, d’abord pour la reconnaissance du site et ensuite celle de notre village et de son histoire, confie Françoise Laborde, maire de Sorde-l’Abbaye. Nous avons la chance d’avoir un très beau patrimoine, mais il représente aussi une lourde charge pour une commune de 642 habitants dont le budget de fonctionnement s’élève à 450 000 euros. C’est donc une aide inespérée ! »
Classé monument historique et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France, le site qui comptabilise 10 000 visiteurs par an, bénéficiera d’une dotation du loto d’un montant maximum de 500 000 euros sur les 6 millions de travaux prévus pour la restauration de l’église. « En tant que bâtiment classé monument historique, une enveloppe globale de 4 millions d’aides de l’État, de la région et du département lui sera attribuée », précise Jean Mortier, délégué départemental des Landes pour la Fondation du patrimoine. « Reste à trouver plus d’un million. Nous espérons que les gens participeront massivement au loto, dès le 1er septembre. En parallèle, on va monter une opération de mécénat et aller frapper aux portes des entreprises. La visibilité nationale offerte par le loto du patrimoine, devrait inciter aux dons. »
DES TRAVAUX URGENTS
C’est le travail de plusieurs années de collaboration entre le département des Landes, la communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans et la commune de Sorde, qui aura permis d’élaborer un plan de gestion et d’établir un diagnostic sanitaire. « Le site fait l’objet d’une convention tripartite depuis 2019. Avant, les travaux étaient réalisés au coup par coup », explique Françoise Laborde.
Aujourd’hui, il faut aller vite car le diagnostic a révélé des infiltrations d’eau qui menacent la toiture et la charpente et les fissures apparentes rappellent l’urgence des travaux. La première tranche qui devrait débuter fin 2023, consistera à mettre l’église hors d’eau avec la restauration du clos et du couvert de l’église. À l’intérieur, l’ensemble des parements et décors peints devront aussi être restaurés. « Devant l’ampleur des travaux, les trois collectivités landaises ont sollicité la Fondation du patrimoine pour porter collégialement leur candidature à la Mission patrimoine », rappelle Jean Mortier.
Les deux tranches suivantes seront consacrées à la mise aux normes du système électrique, avec la création d’un éclairage liturgique et la mise en valeur architecturale, ainsi que la mise en accessibilité de l’église, mais il faudra une fois encore aller rechercher de nouveaux financements.
UNE DYNAMIQUE DE MISE EN VALEUR
La commune travaille en parallèle à son homologation au label Petites Cités de Caractère®. Ce dossier est indissociable de l’abbaye car, fait rare, elle se situe au cœur du village, et non à l’extérieur comme traditionnellement. « Nous devons valoriser notre patrimoine et redynamiser notre bourg. C’est important de rendre la commune attractive et aussi de veiller à ce que des jeunes viennent s’y installer pour la faire vivre », développe l’élue. Ainsi de nombreux projets d’aménagements portant sur les entrées de village et la place centrale, la création de stationnements ou encore la mise en place d’un demi-échangeur pour diriger les camions en dehors du village, participeront à la dynamisation de Sorde et à la valorisation de son patrimoine. « Nous montons également un projet d’économie sociale et solidaire pour revivifier le bourg, avec la création d’un espace boulangerie/petite épicerie, d’un café/ médiathèque, d’un habitat pour les seniors, de jardins participatifs en permaculture… Ce sont des projets à moyen et long terme, bien sûr. »
INVITATION À LA VISITE
L’abbaye qui vient de rouvrir à la visite propose après un an et demi de travaux, la découverte du cryptoportique (galerie souterraine voûtée) restauré, de nouveaux aménagements, d’un parcours sonore insolite et d’une riche programmation culturelle en journée et en nocturne. À noter le 3 juin, une conférence présentera les recherches en cours dont le site fait l’objet, pilotées par l’Institut de recherche sur l’architecture antique (IRAA) de l’université de Pau et des Pays de l’Adour.
Elles concernent les transformations et les aménagements qui se sont opérés depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.