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La Baraka : réussir à loger ses employés

Inauguré le 4 décembre à Rion-des-Landes, l’ensemble de 20 logements la Baraka, financé par les collectivités locales et l’État, permet à des entreprises d'accueillir des apprentis, étudiants, travailleurs de l’industrie et ouvriers agricoles, en mal de solutions d’hébergement.

Baraka

© J.D.

Les Rionnais et Landais des environs en ont à la pelle des souvenirs à la Baraka, l’ancienne boîte de nuit, rasée en 2020, qui a longtemps fait danser ici jusque tard dans la nuit. Le site est aujourd’hui beaucoup plus calme. Depuis cet automne, 20 logements de 20 m² dans cinq « quartiers » aux couleurs différentes, apportent une nouvelle offre d’hébergement temporaire, comprenant chacun une cuisine équipée, une salle d’eau avec douche, une chambre avec deux lits superposés ou un lit double pour les couples (soit 40 personnes potentiellement), et des espaces communs extérieurs, boulodrome et barbecue.

POUR LES PICS D’ACTIVITÉ

« Ces 6 000 m² de parcelle en plein centre-ville, nous devions en faire autre chose qu’un simple lotissement, a dit, lors de l’inauguration, le maire de Rion-des-Landes, Laurent Civel. En étant à l’écoute des entreprises locales qui avaient du mal à faire venir des apprentis, alternants et saisonniers, par manque de solutions de logements, nous avons trouvé que cela avait du sens de porter cet investissement. » Un coût total de 1,6 million d’euros, dont 680 000 euros par la commune, 340 000 euros l’État, 290 000 euros la communauté de communes du Pays tarusate, 200 000 euros la région Nouvelle-Aquitaine et 150 000 euros le département des Landes.

Six locataires y sont actuellement installés : trois alternants – dont deux apprentis d’une quinzaine d’années – chez Egger qui emploie 530 salariés à Rion-des-Landes dans la production de panneaux de particules de bois, un chez Elitel (réseaux électriques), un à la mairie et un commis de cuisine du restaurant Maison Devaux en centre-ville. 13 logements ont, par ailleurs, déjà été réservés par des exploitants agricoles pour mars prochain, en prévision des saisonniers pour les asperges.

« En octobre, j’ai déjà pu y loger un chauffeur venu de Normandie, que j’avais pris en renfort pour conduire les engins agricoles et passer au mieux un pic de récoltes », se félicite Christophe Paillaugue, agriculteur à Boos, un quartier de Rion-des-Landes. Là, courant décembre, en pleine saison du poireau, il y accueille aussi un couple, elle espagnole, lui roumain qui se sont d’ailleurs rencontrés chez lui l’année dernière et viennent de se marier : « On arrive à trouver des personnes pour travailler qui viennent parfois de loin mais ils ont un souci, le logement, et l’hiver avec les campings fermés, ce n’est pas facile. Là, c’est idéal, en plus il y a le supermarché juste à côté. C’est une très belle initiative qui nous aide vraiment. »

Baraka

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380 EUROS PAR MOIS POUR L’EMPLOYEUR

Concrètement, Christophe Paillaugue fait, à chaque fois, sa demande de logement pour ses travailleurs auprès de l’association Soliha, spécialiste de l’habitat social choisi par la commune pour gérer les contrats de location et états de lieux d’entrées et sorties des locataires. L’employeur paie 380 euros par mois le mobil-home, charges comprises. Une solution qui pourrait aussi intéresser José Vallery, gérant de Maison Bois Vallery à Rion-des-Landes qui a monté les maisonnettes de la Baraka : « Ça peut nous aider à faire venir d’autres apprentis, on a d’ailleurs fait une demande auprès de la maison des Compagnons du devoir. Cela peut servir aussi quand un nouvel employé vient passer quelque temps ici avant que son épouse le rejoigne. C’est certain qu’à l’avenir, on va utiliser ce système. »

Au côté du sous-préfet des Landes, Thierry Baron, et du président du conseil départemental, Xavier Fortinon, l’élu régional Éric Sargiacomo a salué un « dossier exemplaire et innovant » : « 50 % des usines de Nouvelle-Aquitaine sont en milieu rural. Il est important de pérenniser notre outil industriel en aidant à trouver les ressources humaines. »