Il y a à Mugron peut-être plus de femmes et d’hommes chapeautés que dans le reste des Landes, et il y a une bonne raison à cela : la chapellerie Duban. Avant les fêtes de fin d’année, la boutique de la rue Frédéric-Bastiat ne désemplit presque pas. Et quand le repreneur donne rendez-vous pour l’interview à 13 h 30, « pour ne pas être embêté », on se dit, en venant de Dax, qu’il exagère un peu. Mais à 14 heures, à l’ouverture de la boutique en plein centre bourg, la porte d’époque ne cesse de s’ouvrir : une dame vient acheter un porte-monnaie en cadeau, trois amis se retrouvent pour choisir des parapluies, toutes baleines ouvertes dans l’allée étroite devant le comptoir caisse et l’escalier en bois vers l’étage ouvert qui contribuent à la chaleur des lieux.
BÉRET, PANAMA, STETSON
« Ici, Noël commence dès novembre, avec un rush à partir du 15 décembre, et le 24 est la plus grosse journée de l’année, avec beaucoup de gants, d’écharpes, de chaussettes à offrir pour le jour J », des produits phare pour tous les âges, du bébé aux grands-parents, souligne Cédric Duban. Étonnamment pas forcément le meilleur moment pour la vente de chapeaux qui, à l’année, cumule 40 % du chiffre d’affaires. Bérets Laulhère, chapeaux de paille, feutres d’hiver, panamas… « Nous sommes les seuls du coin achalandés comme ça en chapellerie. Pour trouver la même qualité, il faut aller à Saint-Jean-de-Luz, Pau ou Bordeaux », commente le jeune entrepreneur de 37 ans qui avait démarré sa carrière dans le commerce automobile et la logistique à Hagetmau, en ayant toujours eu envie de reprendre l’affaire familiale.
Sa mère, Francine Duban, née Farthouat, a travaillé ici à partir de ses 17 ans, avec les Dabadie, les fondateurs, à qui elle a racheté le commerce au milieu des années 1980, bientôt secondée par son mari, pour faire aussi les marchés. « Ce n’était pas possible de travailler à trois dessus. Mais dès qu’ils ont décidé d’arrêter, j’ai repris ! Je ne voulais pas qu’il y ait un commerce qui ferme encore dans les rues du Mugron. » Les débuts, en avril 2021 en plein Covid, sont compliqués, sans aide gouvernementale dans la mesure où il avait créé une nouvelle société après ses parents. Mais à la réouverture, mi-mai, la fête des Mères relance vite l’activité.
UN CHIFFRE D’AFFAIRES QUI ÉVOLUE
Depuis, son chiffre d’affaires évolue plutôt même à la hausse, avec ses 3 000 à 5 000 références. « Tout en gardant le maximum de produits, j’ai rajeuni les articles, avec des choses pour les gens de mon âge et plus jeunes, notamment des casquettes sports et des marques que mes parents n’avaient pas comme Stetson ou Via Lorenzo. Ça a dynamisé la tranche d’âge 20-40 ans et ça déclenche d’autres achats sur les sacs où j’ai fait rentrer de nouveaux modèles plus tendance aussi. »
Aux beaux jours, les vacanciers sont souvent surpris de voir ici une telle boutique, devenue une étape touristique de plus avec l’espace Rouge Garance à deux pas. « On se renvoie des clients, dit-il. Le bouche-à-oreille fonctionne bien, comme un effet boule de neige. »
Deux fois par an sur les salons
LES DIFFICULTÉS
« Il faut toujours prendre ses marques par rapport aux nouveautés. C’est lourd en trésorerie qui dort. Il faut beaucoup de stock pour vendre un article en chapellerie ; pour les hommes ça fait 10 tailles différentes pour un modèle. J’en ai sur trois étages, du sous-sol au premier ! C’est par ailleurs difficile d’avoir certaines marques de sport qui préfèrent être référencées dans de grands magasins pour faire plus de volume. »
LES NOUVEAUTÉS
« Les revendeurs de chapeaux viennent directement sur Mugron me proposer les nouveautés. Et je vais deux fois par an dans des salons de maroquinerie à Pau, pour les collections printemps-été et automne-hiver. Mes parents n’ont jamais fait ça, mais j’ai parfois envie de faire des promotions pour écouler des anciennes collections… On me demande aussi des espadrilles, c’est dans les tuyaux et j’espère en avoir pour le printemps prochain même si rien n’est encore sûr. »
LA COMMUNICATION
« Je ne suis pas un fou des réseaux. Mais on est désormais sur Facebook, Instagram, TikTok et on a un site internet avec boutique en ligne depuis avril 2023. Il m’est ainsi arrivé d’envoyer des bérets vers Lyon ou Toulon, et même Peyrehorade ! Mais ça fait perdre beaucoup de temps d’y intégrer des nouveaux modèles et ça reste infinitésimal dans le chiffre d’affaires. Une chose est intéressante : des gens nous voient sur le site ou les réseaux et viennent ensuite essayer en boutique, ça fait une bonne publicité. »