Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

À la Ferme Busquet : le retour à la terre

Longtemps dans l’univers de la mode à Paris, Joël Dagès est revenu sur le domaine familial de Narrosse pour créer sa Ferme Busquet. Un bel alliage entre bouquets de fleurs de saison polychromes, teintures végétales artistiques et échanges culturels.

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© J. D.

Après 30 ans à Paris où il a notamment été petite main, puis première main qualifiée dans de grandes maisons de haute couture, Joël Dagès en avait assez de la grande ville. « Il fallait que je trouve une vie plus tranquille, moins stressante. Ici, j’ai d’autres stress, celui des limaces, des escargots, de la pluie, de la grêle… Mais ce sont des stress plus sereins, en lien avec la nature », avoue le cinquantenaire, couturier de formation, qui entame là sa quatrième année sur ses terres natales près de Dax, quittées à 19 ans.

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JOËL DAGÈS © J. D.

AGRICULTURE NATURELLE

Sur ce domaine familial depuis son arrière-grand-père, Joel Dagès, aidé au départ par Léonard Collignon qui lui a transmis sa passion, a dédié 3 000 m2 aux fleurs, en plein air ou sous serre. Un dédale de petites parcelles amenées à se multiplier. Au mot de permaculture, il préfère le terme d’agriculture naturelle. En tout cas, pas de pesticides ni d’engrais chimiques, mais du purin d’ail, de fougères ou d’orties, du fumier de cheval, du paillage et des recettes aux huiles essentielles.

Dans ce havre de paix au cœur de la zone commerciale alentour, entre allée de platanes, mare et forêt de bambous traversée d’un caillebotis, l’ex-enseignant à l’école des arts décoratifs à Paris jusqu’à l’an dernier, cultive une trentaine de variétés, glaïeuls, jonquilles, dahlias pompons, cosmos, tournesols, zinnias… et un certain art de vivre.

Quand la grande majorité des fleurs commercialisées en France vient de l’étranger, ici il est question de « production locale, de saison, qui respecte le vivant ». Du printemps à l’automne, ses bouquets de fleurs fraîches, simples et chics, sont vendus directement à la ferme, sur le marché de Habas le dimanche matin et livrés jusqu’au Pays basque dans des hôtels-restaurants qui forment une bonne part de sa clientèle, ainsi que pour des mariages, soirées ou événements professionnels.

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Edena, la collection de tentures murales de Joël Dagès © J. D.

MARCHÉ D’ARTISANS ET BAL GASCON

Sous le nom d’Edena, Joël Dagès a aussi créé sa collection de tentures murales, rideaux et linge de table, fabriqués dans des tissus anciens, recyclés ou trouvés en brocante, teints artisanalement dans son atelier, et vendus en ligne ou en boutique jusqu’à Bordeaux et Saint- Jean-de-Luz. Avec l’envie de plus en plus présente de laisser libre cours à sa créativité artistique en lien avec sa nouvelle vie à la campagne : « La nature, les plages sauvages, les grandes forêts sont très inspirantes pour moi », dit-il, en préparant une exposition sur ses indigos pour le 1er octobre à la Ferme Busquet. Et de réfléchir à des costumes en teintures naturelles autour de la vie paysanne et des traditions folkloriques d’ici, lui qui organise régulièrement sur ses terres un bal gascon avec marché d’artisans locaux, ainsi que des « déjeuners bucoliques » végétariens ou de la relaxation sonore aux bols tibétains.

Ses techniques de teintures végétales, il les transmet également lors d’ateliers dédiés pour des journées – déjeuner de producteurs inclus – où l’on parle souvent agroécologie, habitat de demain, nature et culture. « Je ne suis pas un donneur de leçons, chacun fait comme il veut et comme il peut, mais si on peut ouvrir des gens à des façons de vivre plus respectueuses de notre environnement… »

Prochaine étape espérée, réussir à restaurer la grange à l’entrée du domaine, pour en faire un café culturel, nouveau lieu d’échanges pour refaire le monde.