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Les Landes s’emparent du plan de relance

Avec plus de 129 millions d’euros mobilisés en un an dans les Landes, le plan France Relance suscite l’adhésion des entreprises comme des collectivités. Premier bilan avec Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète des Landes, sur les principaux investissements.

Cécile Bigot-Dekeyzer , Préfète des Landes

Cécile Bigot-Dekeyzer, Préfète des Landes © JPEG Studios - Les Annonces Landaises

Les chiffres donnent le vertige. Alors que le chef de l’État a présenté, le 12 octobre, le nouveau plan France 2030, doté de 30 milliards d’euros qui doit permettre de créer de nouvelles filières industrielles, le plan France Relance, initié en septembre 2020 et doté de 100 milliards d’euros pour répondre à la situation économique inédite que traverse le pays, a déjà engagé 47 milliards d’euros, selon le bilan d’étape établi en septembre par le cabinet du Premier ministre. Avec plus de 129 millions d’euros déployés par l’État dans les Landes, « tous les acteurs de l’économie, du monde social, les collectivités, les associations, comme les particuliers se sont emparés des 96 mesures prévues dans le plan, que ce soit sur le volet qui vise à accélérer la transition écologique (48 millions d’euros), celui qui a pour objectif de renforcer la compétitivité des entreprises (51 millions d’euros) ou le troisième en faveur de la cohésion sociale et territoriale (30 millions d’euros), se réjouit Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète des Landes. L’adhésion collective au plan France Relance se traduit par un accompagnement dans sa mise en œuvre par toutes les structures représentatives et par l’intervention d’autres acteurs en cofinancement de certains projets soutenus par France Relance comme le conseil régional ou le conseil départemental. »

TISSU INDUSTRIEL CONFORTÉ ET PÉPITES BOOSTÉES

« Entre les aides spécifiques aux secteurs stratégiques (santé, aéronautique) et le soutien à l’investissement, les dispositifs pour accélérer la transition écologique ou la numérisation dans les entreprises, mais aussi les aides pour développer l’emploi, décarboner l’industrie ou moderniser les process de fabrication, il y a des mesures pour tous les types d’entreprises, les grandes structures comme les PME », résume-t-elle. L’industrie du bois accélère ainsi l’implantation d’installations de production et de récupération de chaleur renouvelable et utilise le « fonds chaleur » à hauteur de 2,8 millions d’euros, comme la scierie du groupe Archimbaud à Labouheyre (1,85 millions d’euros d’aide) ou Lamarque Sogy Bois à Ygos-Saint-Saturnin (950 000 euros).

Dans le secteur de l’aéronautique, confronté à la chute brutale de l’activité en raison de la crise sanitaire, trois entreprises bénéficient d’un soutien pour un montant global de 6,8 millions d’euros, dont le groupe Latécoère à Liposthey (5,5 millions d’euros). « Et si le plan de relance accompagne des investissements qui confortent le tissu industriel du département, il booste également le dynamisme de petites pépites en leur permettant d’innover, de se développer et de créer de l’emploi beaucoup plus vite », observe-t-elle. En matière d’économie circulaire, Ouatéco investit ainsi à Saint-Geours-de-Maremne dans un outil de production qui lui permet de recycler les textiles usagés en isolant (300 000 euros d’aide). Protifly à Saint-Maurice-sur-Adour bénéficie d’une subvention de 2,3 millions d’euros pour augmenter sa capacité industrielle de production de larves d’insectes pour la fabrication de protéines alimentaires ou Materr’up à Saint-Geours-de-Maremne (600 000 euros) qui démarre la construction de son unité de production de béton à très faible empreinte carbone.

OUATECO, relance

OUATECO © D.R

Il y a des mesures pour tous les types d’entreprises, les grandes structures comme les PME.

Les PME et les TPE profitent de l’opportunité pour accélérer leur transition numérique. Elles sont ainsi 542 à avoir opté pour le chèque numérique de 500 euros, souvent utilisé par les petites structures d’hôtellerie pour développer la réservation à distance ou les commerces et restaurants pour la vente à emporter. En matière d’emploi, l’aide à l’embauche des jeunes de moins de 26 ans du dispositif « 1 jeune, 1 solution » fait un carton, avec 2 121 contrats dans le département (2,9 millions d’euros). En matière d’apprentissage, 195 contrats de professionnalisation ont été financés (500 000 euros). Pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, huit structures d’insertion par l’activité économique et quatre entreprises adaptées ont également bénéficié d’un montant total d’aides d’1,3 million d’euros pour 330 bénéficiaires.

 

LE SUCCÈS DU FONDS FRICHES

Le « fonds friches », désormais doté de 650 millions d’euros au niveau national pour la reconversion des friches industrielles rencontre un succès qui dépasse les prévisions. En attendant les résultats du nouvel appel à projets en cours, dans les Landes, cinq dossiers ont déjà été retenus pour un montant total de 2 millions d’euros d’aides. Deux projets portés par le promoteur Nexity prévoient la transformation d’un ancien garage et station-service à Dax en 59 logements sociaux et 450 m2 de bureaux (792 000 euros) et la reconversion de l’ancien abattoir de Mont-de-Marsan en logements comportant une part de logements locatifs sociaux (500 000 euros). À Morcenx-la-Nouvelle, la commune porte le projet de destruction de l’ancienne piscine municipale pour créer une maison de l’enfance (630 719 euros de soutien total de l’État, dont 167 904 euros sur le fonds friches). À Garein, deux hangars industriels seront transformés en un nouvel espace qui accueillera un atelier d’architecture, un espace de coworking et des ateliers d’artisans (721 612 euros dont 293 403 euros sur le fonds friches). Et à Moustey, un site industriel sera métamorphosé en pôle d’économie circulaire (240 000 euros dont 183 782 euros sur le fonds friches).

 

Cécile Bigot-Dekeyzer Préfète des Landes, relance

Cécile
Bigot-Dekeyzer
Préfète des Landes © JPEG STUDIOS

LES COLLECTIVITÉS LOCALES RÉPONDENT PRÉSENT

Même implication constatée de la part des collectivités dans toutes les zones du département. « Dans le cadre du plan de relance, l’État a très fortement augmenté les possibilités de soutenir l’investissement des collectivités. Et elles ont répondu présent sur toutes les enveloppes ouvertes. » Au programme notamment : la rénovation énergétique des bâtiments communaux et d’autres collectivités locales (communes, Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI)) et conseil départemental) pour 5,3 millions d’euros, des établissements scolaires ou du parc de logements sociaux de l’office public de l’habitat XL Habitat (661 000 euros), le développement de pistes cyclables, de voies vertes, des aménagements culturels ou sportifs, la restauration du patrimoine local ou la modernisation de médiathèques…

L’agence de l’eau Adour-Garonne, opérateur de l’État et partenaire du plan de relance, a pour sa part engagé 4,8 millions d’euros de crédits en 2021 au profit de la modernisation des réseaux d’eau potable et d’assainissement, avec par exemple, la création d’une station d’épuration à Roquefort ou le renouvellement du réseau d’eau potable de Pontenx-les-Forges. Vingt dossiers ont été déposés par huit collectivités pour passer à un stade supérieur en termes de numérique en mettant en place la dématérialisation pour leur personnel ou dans leurs relations avec les usagers, avec à la clé la formation au numérique des agents. Les communautés de communes et d’agglomération se sont quant à elle impliquées dans le déploiement d’une part des 35 conseillers numériques financés par le plan de relance. S’il est un peu tôt pour évaluer les retombées des premières mesures, la préfète en est convaincue : « Directement ou indirectement, tous les Landais sont bénéficiaires du plan de relance. Ils peuvent l’être directement, par exemple via le dispositif Ma Prime Rénov (10 millions d’euros de prime engagés pour 4 089 dossiers), ou à travers les aides à l’emploi ou à l’insertion par l’activité économique, mais aussi grâce aux services développés par les collectivités au profit des habitants et que l’État finance, ou la modernisation et le développement de l’offre de soins pérennisée par le soutien financier aux structures de santé. »

Dans le cadre du plan de relance, l’État a très fortement augmenté les possibilités de soutenir l’investissement des collectivités

LE PLAN DE RELANCE MODE D’EMPLOI

SA DURÉE : jusqu’à fin 2022

LE BUDGET : 100 milliards d’euros au niveau national. « Dans les Landes, le budget dépendra des demandes des acteurs locaux. Plus ils seront présents, plus ils solliciteront les mesures, plus les retombées seront importantes sur le territoire », souligne Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète des Landes.

COMMENT ÇA MARCHE ?

Sur les 96 mesures déclinées dans le plan France relance,

  • certains dispositifs de guichet, comme le chèque numérique, bénéficient de montants d’aide forfaitaire sur demande ;
  • d’autres dispositifs font l’objet d’appels à projets de la part des opérateurs de l’État. economie.gouv.fr/plan-de-relance/appels-projets

Pour les entreprises : www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/entreprises Pour les collectivités : www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/collectivites Pour les particuliers : www.economie.gouv.fr/plan-de-relance/profils/particuliers

QUI PEUT ACCOMPAGNER DANS LA CONSTITUTION DES DOSSIERS ?

La chambre de commerce et d’industrie, la chambre de métiers et de l’artisanat et la chambre d’agriculture interviennent auprès des entreprises au titre de l’information et de l’accompagnement au montage des dossiers des bénéficiaires potentiels. Pour les collectivités : les services de la préfecture. Pour les particuliers : en fonction du profil, l’appui peut être apporté par les structures de Pôle emploi, les missions locales ou les organismes de formation dans le cadre du plan « 1 jeune 1 solution », et directement par les concessionnaires pour les bonus écologiques à l’achat d’une voiture.

LES COFINANCEMENTS

Les mesures du plan de relance sont mises en œuvre et financées en direct par l’État et ses opérateurs : l’Adème, l’agence de l’eau Adour-Garonne, la Banque des territoires, l’Office français de la biodiversité, Bpi France, France Agrimer…

Les cofinanceurs :

La Région Nouvelle-Aquitaine qui détient la compétence économique cofinance les projets d’entreprises. Le Département des Landes est présent sur les opérations en matière d’insertion, les investissements des communes et communautés de communes, via son partenariat avec la Banque des territoires, avec la création prochaine d’un établissement foncier porté par la Société d’aménagement des territoires et d’équipement des Landes (Satel) ou via l’Agence landaise pour l’informatique (Alpi) sur l’accélération de la transition numérique des collectivités.