Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Yon Lamothe : de novillero à matador de toros

Le jeune Landais de Tartas se prépare au jour J de l’alternative depuis Madrid où il vit désormais presque toute l’année. Le 19 juillet, Yon Lamothe deviendra torero, au côté de la figure Andrés Roca Rey, dans les arènes de Mont-de-Marsan où il est né et a fait ses années lycée. Portrait.

Yon Lamothe

Yon Lamothe © J. D.

Ce mercredi 19 juillet, les arènes montoises seront à coup sûr en ébullition pour la première corrida des fêtes de la Madeleine (jusqu’au 23 juillet), tranchant avec ce début du mois de juin où Yon Lamothe toréait seul dans le ruedo, les gradins vides, sans bétail. En tenue de ville et baskets, il s’entraîne, répète là ses passes en boucle dans un silence tout juste perturbé par les mouvements lents de sa cape affleurant le sable de la piste.

UNE FAMILLE D’AFICIONADOS

À un mois de passer son alternative, le novillero tarusate dit sa chance de passer dans ce nouveau monde exigeant au côté du matador péruvien, Andrés Roca Rey, un des patrons de la tauromachie actuelle. « C’est quelqu’un que j’admire énormément. Quand il a pris son alternative, très vite il a rivalisé avec les meilleurs, c’est forcément un exemple à suivre. En gardant tout le respect que j’ai pour lui, mon objectif est de ne pas rester spectateur cet après-midi-là, mais d’essayer avec mes armes, de le titiller », confie l’ex-lycéen de Victor-Duruy à Mont-de-Marsan qui a coupé une oreille à Captieux (Gironde) ce printemps, avant de repartir ces dernières semaines à Madrid se préparer au grand jour. La capitale espagnole où il s’est entouré de Sebastian Ritter, matador colombien, et Rafael Gonzalez, l’ex-banderillero de Juan Bautista.

Entraînement dans le silence du Plumaçon au printemps Yon Lamothe

Entraînement dans le silence du Plumaçon au printemps © J. D.

Élevé dans une famille d’aficionados – son grand-père maternel Alain Lartigue est un impresario reconnu du monde taurin -, Yon Lamothe n’était « pas accro, petit. C’est à partir de 11 ou 12 ans que j’ai commencé à être mordu. » Ses premiers souvenirs de corridas, il les a avec ses parents dans les arènes de Bayonne et avec son grand-père paternel de Roquefort, abonné à Mont- de-Marsan où « il invitait tous les jours de la Madeleine un de ses petits-enfants », rembobine celui qui finit par intégrer, à 13 ans, l’école taurine Adour Aficion de Richard Milian à Cauna. « Je ne savais même pas tenir une muleta. La première fois à Magescq, j’ai été attrapé cinq fois d’affilée et à la sixième, ça s’est bien passé : cette sensation d’avoir l’animal qui te passe près sans te toucher mais en te frôlant, je ne l’avais jamais ressentie. La passion n’a fait que grandir. »

En 2019, à Soustons, ce fan de rugby qui a longtemps joué à Tartas, est pourtant à deux doigts de tout arrêter. « Le premier taureau m’a laissé à moitié KO et je n’ai jamais été capable de reprendre le dessus sur la situation. Ma première réaction a été de jeter l’éponge. Mais quelque chose te rattrape, c’est plus fort que toi. » Aujourd’hui, alors qu’il voit, en opposition aux mouvements anti-taurins, « un engouement de jeunes de (sa) génération pour la tauromachie », il repense à cette épreuve « comme une force, plus qu’une honte ».

Yon Lamothe

© J. D.

LE PLUS DUR EST À VENIR

Voilà deux ans que celui qui fut désigné meilleur novillero de la temporada du Sud-Ouest 2021, affronte en privé au campo des taureaux de préparation d’au moins quatre ou cinq ans, plus gros et âgés que les novillos toréés jusqu’ici. « Il me reste encore un long chemin pour arriver à maturité dans ma tauromachie. La concurrence est forte, celui qui va le mieux tirer son épingle du jeu aura le plus de contrats », reconnaît le jeune homme de 22 ans. En tout cas, il sait bien que le plus dur est à venir après l’alternative qui n’est « pas l’aboutissement d’un parcours mais le début espéré de quelque chose ». Des contrats sont déjà signés dans les arènes de Villeneuve-de-Marsan (8 août) et Mimizan (19 août). « Cette saison est clef pour basculer et faire en sorte que mes résultats en novillada se concrétisent. » Avec l’espoir de réussir à s’ouvrir des portes de plazas espagnoles.

DE FÉLIX ROBERT À YON LAMOTHE

Si les Landes sont le département ayant le plus grand nombre d’arènes en France, course landaise oblige, les toreros ayant passé leur alternative dans l’histoire s’y comptent sur les doigts d’une seule main, du tout premier Félix Robert, né à Tartas au milieu du XIXe siècle, à, entre autres, Thomas Dufau, originaire du Frêche, qui met un terme à sa carrière cette année. Sur les quelque 70 Français étant un jour devenus toreros, la très grande majorité sont natifs des régions de Nîmes, Arles ou Béziers à l’image du numéro un Sébastien Castella.