Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Tourisme : Séjours au monastère

Dans les Landes, des monastères comme Notre-Dame - Saint-Eustase à Eyres-Moncube ou les Dominicaines à Dax, reçoivent des hôtes en service tout inclus, pour quelques jours ou plus dans le silence et le partage. Pour se retrouver ou se déconnecter, pour réviser ses examens loin du tumulte ou… pour allier cure spirituelle et cure thermale.

Monastère

© Ritrit St-Eustase

C’est un peu le « Airbnb » des retraites spirituelles. Fondée en 2019 par de jeunes entrepreneurs chrétiens, en lien avec le Collège des Bernardins à Paris, l’association Ritrit qui fonctionne via des contributions volontaires de mécènes et de retraitants, propose de réserver en ligne son séjour spirituel, dans des abbayes ou monastères à la montagne, en ville, en bord de mer ou à la campagne. De quatre communautés religieuses en 2021, elles sont aujourd’hui plus de 100 référencées partout en France sur ce site internet, à offrir le logis et le couvert.

« C’est souvent la croix et la bannière pour trouver un séjour en abbaye, les horaires de disponibilité des sœurs et pères hôteliers sont restreints entre deux offices, leur site internet n’ont pas toutes les informations… Notre but est d’ouvrir plus facilement les portes et que le premier contact soit le plus simple possible, assure Augustin Marbacher, responsable des partenariats. Nous sommes passés de 500 à 5 000 demandes de retraite par mois en un an. Les chiffres se sont envolés juste après le Covid. Il y a ceux qui sont en soif de silence, de déconnexion, de ressourcement, de temps pour soi, il y a aussi des gens dans une démarche plus spirituelle, au fil de grandes étapes de la vie, heureuses ou malheureuses. » Une assemblée assurément très catholique, mais pas que : « Notre finalité est aussi de s’adresser à un public qui n’est pas du sérail », poursuit-il. En tout cas, près de 60 % des demandes faites via www.ritrit.fr proviennent de jeunes de moins de 39 ans, selon leurs données.

Sœur Marie-Emmanuel est la sœur hôtelière de l’abbaye Notre-Dame Saint-Eustase monastère

Sœur Marie-Emmanuel est la sœur hôtelière de l’abbaye Notre-Dame Saint-Eustase © J. D.

DE PLUS EN PLUS DE JEUNES

« Cela fait un an que nous sommes affiliées à Ritrit et ça fait venir pas mal de jeunes, explique soeur Marie-Emmanuel de l ’abbaye Notre-Dame-Saint-Eustase. Étonnamment, il y a aussi des quadras attirés par la démarche monastique associée au travail de la terre, des quinquas et des sexagénaires qui ne sont pas forcément pratiquants, mais ont besoin de recul, de silence, d’écoute ». Avant de finaliser la réservation, chacun doit donner ses motivations : « Tout le monde est bienvenu, il n’y a pas de certificat de bonnes mœurs, mais une condition : assister à une messe chaque jour. Je crois profondément au pouvoir de la liturgie », dit la sœur hôtelière, à l’issue de la messe du midi, un des cinq offices en latin et chants grégoriens de la journée (laudes, tierce, messe, vêpres, complies/vigiles). Et de se rappeler un couple de bouddhistes français qui s’était présenté un jour pour méditer quelque temps : « Nous avons eu de très beaux échanges ! »

Notre finalité est aussi de s’adresser à un public qui n’est pas du sérail

Plus globalement, voit-elle dans cette demande grandissante, un retour du religieux ? « Tout cela est tellement confus dans la tête des gens… (silence). C’est aussi pour cela que l’on se donne dans l’accueil. Souvent, ils ont soif mais ne savent pas de quoi. »

Ici, en pleine nature, à la sortie de ce village proche de Saint-Sever, vivent 10 sœurs bénédictines, de 44 à 80 ans, dans une communauté fondée en 906 en Lorraine qui a longtemps occupé le château de Poyanne avant de s…