Au sud-est de Mont-de-Marsan, le projet s’étend sur deux communautés de communes et six villages : Castandet, Hontanx, Le Vignau, Maurrin, Pujo-le-Plan et Saint-Gein. « Quand on nous a annoncé, en 2018, que nos activités agricoles impactaient la qualité des eaux du coin avec des traces de pesticides supérieures aux limites règlementaires, on était 35 agriculteurs concernés, on a vite vu qu’il ne fallait pas lutter, tout le monde était remonté, il fallait assumer », se rappelle Jean-Michel Lamothe, agriculteur à Hontanx depuis 1993. Rapidement, « on s’est dit : comment faire face à cette problématique, et trouver une solution qui devienne une opportunité ? », souligne celui qui est aussi viticulteur, et déjà connu pour avoir fondé Votremachine.com, le « Airbnb du matériel agricole » dédié à la location de machines-outils entre agriculteurs près de chez soi.
DES PRATIQUES RAISONNÉES
L’heure de l’innovation sonne alors : l’association Pujo Arbouts territoire agrivoltaïque (Patav) créée, « on s’est rapproché d’opérateurs qui marient agriculture et production solaire. Green Lighthouse Développement (GLHD) était une toute petite start-up à l’époque », fait valoir Jean-Michel Lamothe. GLHD est un spécialiste de l’aménagement photovoltaïque implanté à Martillac (Gironde) et désormais à Agrolandes. Dans le technopôle agroalimentaire départemental situé à Haut-Mauco, l’entreprise a d’ailleurs prévu de construire un « démonstrateur » afin de tester de nouvelles technologies d’irrigation ou de digitalisation avec des « énergiculteurs solidaires » pour l’agriculture de demain.
Avec Terr’Arbouts, l’objectif est de « pérenniser l’activité agricole par des revenus complémentaires pour les agriculteurs via le photovoltaïque, tout en évoluant vers des pratiques agricoles plus vertueuses notamment pour la qualité de l’eau », explique le fondateur de GLHD, Jean-Marc Fabius.
Sur les 1 400 hectares de terres agricoles qui impactent deux captages d’eau sur zone (Bordes et Arbouts), il est prévu que 50 % soient couverts de panneaux solaires, avec toujours des productions agricoles dessous. « Les revenus issus du solaire, mutualisés entre tous les agriculteurs (ils sont désormais 38), vont notamment nous permettre de poursuivre dans la polyculture et continuer les activités d’élevage alors qu’aujourd’hui, bien des éleveurs ne gagnent pas leur vie », résume Jean-Michel Lamothe qui va, lui, délaisser son maïs.
RACCORDEMENTS ATTENDUS EN 2025
Partout, de nouvelles cultures, en bio ou zéro phyto, sont prévues, en rotation. Plusieurs pistes sont évoquées : des plantes riches en oméga 3, type chia, caméline, lin, qui répondent à l’enjeu de l’eau avec de faibles intrants, des végétaux type sorgho qui pourraient servir à la start-up Protifly pour ses insectes dédiés à l’alimentation animale dans une économie circulaire, ou encore, des tournesols et colza pour alimenter Oléandes et ses huiles locales à Mugron. « Avec la biodiversité qu’on va créer avec ces nouvelles cultures, on a même prévu d’installer des apiculteurs », se félicite l’agriculteur qui salue aussi « le soutien d’élus de tous bords ».
Pour ce projet agrivoltaïque en concertation qui représente 130 millions d’euros d’investissement (via des financements privés) pour 300 MW de puissance électrique, le permis de construire vient d’être déposé, avant une enquête publique sur les prochains mois. Si tout se passe comme prévu, les premiers panneaux solaires devraient être raccordés en 2025.
AGRIVOLTAÏSME UNE NOUVELLE FÉDÉRATION NATIONALE
À Mont-de-Marsan, 22 associations de producteurs agrivoltaïques représentant près de 200 agriculteurs de Nouvelle- Aquitaine, Centre-Val-de-Loire, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, se sont réunies le 3 décembre dernier pour signer les statuts de la Fédération française de producteurs agrivoltaïques (FFPA). Objectif : fédérer les « cultivateurs d’énergie » en prenant en compte les retours d’expérience afin de réfléchir collectivement à l’agrivoltaïque dans l’aménagement du territoire.