Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Riddim Production : en rythme documentaire

SOORTS-HOSSEGOR - Créée en 2008 par l’ex-surfeur professionnel Ugo Benghozi, Riddim Production a fait sa place dans le milieu du documentaire sportif et de société, jusqu’aux Dom-Tom. Avec l’envie de passer aujourd’hui un nouveau cap.

Ugo Benghozi Riddim

Ugo Benghozi © J. D.

Tout a commencé au cours des années 2000 par des films de surf avec des copains, distribués dans Trip Surf, un des magazines phare de l’époque où Ugo Benghozi était surfeur professionnel. « J’ai commencé à faire des films de surf dès 2004, je surfais, je réalisais, je produisais… Un vrai couteau suisse ! » L’idée de sa série est alors de le suivre sur de belles vagues dans le monde en visitant des pays : Caribbean Riddim (pour la phonétique jamaïcaine de rhythm en anglais) puis Riddim Costa Rica, Riddim Timor, etc. Au total, 25 épisodes avec un modèle économique essentiellement basé sur des sponsors qui payaient pour envoyer surfer leurs riders et se retrouver dans le magazine. Petit à petit, il professionnalise l’affaire avec une équipe réduite, cameraman aquatique, preneur de son, ou un monteur à Paris.

SURTOUT PAS À PARIS

Son but est alors de passer en mode TV, au moment où ses envies se déplacent vers « un besoin de plus en plus de découvertes et de moins en moins de surf ». La chaîne Escale achète les films et préachète les suivants : « Ça a permis de rentrer dans le système de financement classique audiovisuel, avec des aides du Centre national du cinéma (CNC). » Rareté dans le Sud-Ouest, Ugo Benghozi finit même par obtenir un compte automatique au CNC comme il produit un certain volume, un compte passé de 50 000 euros à ses débuts à 300 000 euros aujourd’hui : de quoi « piocher dedans à partir du moment où il y a un engagement financier d’un diffuseur » sur un documentaire. Car « sans chaîne TV, pas de financement possible », explique celui qui n’a jamais cédé aux sirènes parisiennes. « La boîte aurait peut-être pu décoller plus vite si j’étais allé à Paris, mais je viens de Guadeloupe et je me suis installé ici pour le surf. C’était hors de question de vivre là-haut même si les premières années, j’ai fait de nombreux allers-retours. »

De deux films annuels à ses débuts, Riddim Production qui a déménagé il y a deux ans d’Angresse à la zone Pédebert à Soorts-Hossegor, produit aujourd’hui huit documentaires chaque année en moyenne, d’un budget de 60 000 à 100 000 euros chacun, et son chiffre d’affaires grossit en parallèle. Un temps spécialisée dans les documentaires de 52 minutes dédiés au sport (Freeride aux Kouriles avec des snowboarders pros, Un souffle pour l’Arctique sur une championne du monde d’apnée, etc.), la société s’est recentrée sur le documentaire de société. « On faisait des films sports avec la chaîne Trek, mais ils n’investissent plus dans la production, on s’est alors penché vers d’autres diffuseurs, comme les France TV Outremer et régions pour des cases de films société locale et décryptage destinés aux habitants. » Exemple : une aventure humanitaire, A Boat Love, autour d’une équipe en campagne de vaccination dans des villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée (avec Nouvelle-Calédonie Première), des films sur l’obésité (L’Insoutenable Quête de légèreté, avec Canal + Outremer), sur les LBGT d’Aquitaine (Genres de vie avec France Télévisions) ou sur Félix Arnaudin, le photographe, poète et ethnographe landais (Félix via Marie, avec Òctélé).

Riddim Production

© Riddim Production

UNE NOUVELLE PRODUCTRICE EMBAUCHÉE

Pour accompagner ce développement, Ugo Benghozi vient d’embaucher, cet automne, une nouvelle productrice, qui navigue entre Hossegor et Anglet. Emmanuelle Martin a longtemps travaillé dans la production de documentaires à Marseille, elle est aussi script doctor (consultante en scénario). Bref, « elle a un super profil », se félicite le patron dont l’entreprise qui ne fonctionne qu’à deux personnes, fait ensuite travailler une dizaine de professionnels sur chaque film. Désormais, envisage-t-il, l’idée est de « continuer à faire ce qu’on sait faire, c’est-à-dire pas mal de documentaires en région, en métropole et en Outremer, et avec elle, essayer de développer des projets plus ambitieux avec des chaînes historiques, voire des projets internationaux avec des chaînes étrangères ».