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Logement : « La situation est catastrophique »

Lionel Causse, député de la deuxième circonscription des Landes préside le Conseil national de l'habitat. Ses analyses et préconisations pour résoudre « la plus grande crise du logement depuis la Seconde Guerre mondiale ».

Lionel Causse, Député des Landes et président du Conseil national de l'habitat SITUATION

Lionel Causse, Député des Landes et président du Conseil national de l'habitat © D.R.

Les Annonces Landaises : Quelle est votre analyse de la situation au niveau national ?

Lionel Causse : La situation est catastrophique. C’est la crise la plus forte que nous connaissons depuis la Seconde Guerre mondiale. La demande explose tandis que la production s’effondre. En parallèle, la situation économique entraîne une augmentation des taux de crédits bancaires et de moins en moins de Français ont accès à des solutions de financement. Le secteur est grippé : les locataires ne peuvent plus accéder à la propriété. La fin du dispositif d’investissement locatif Pinel et le recentrage du PTZ (prêt à taux zéro) ne sont pas de nature à faciliter l’accession. Cette situation fragilise de nombreux ménages, mais aussi notre modèle social. Aujourd’hui, on a 4 millions de mal logés et plusieurs centaines de milliers de personnes qui ne sont pas logées. A minima il manque 600 000 logements sociaux. Donc la situation est vraiment très, très critique. Nous devons répondre aux besoins des Français au risque de voir une bombe sociale exploser.

LAL : Et plus particulièrement dans les Landes ?

L. C. : L’artificialisation trop rapide des Landes au cours du XIXe siècle est à l’origine de la crise que connaissent de nombreux Landaises et Landais. De plus, au cours du XXe siècle, le développement économique de notre territoire, conséquence du développement du tourisme balnéaire, a complètement bouleversé les prix de l’immobilier. Ce développement, qui contraint de nombreux habitants à quitter le littoral pour réinvestir les terres, peut nous conduire à un point de rupture.

LAL : Quelles solutions préconisez-vous ?

L. C. : Il nous faut une politique nationale du logement avec peut-être une programmation pluriannuelle qui dise clairement ce que l’on veut. Aujourd’hui, ça n’existe pas. Les acteurs ne savent pas où ils vont. Il faut leur redonner confiance. Je propose la création d’un Institut national de l’hébergement indépendant, qui aura la capacité de centraliser toutes les données et de simuler des scénarios dans les territoires en déclinant la politique nationale de l’habitat avec les collectivités territoriales. Au-delà du grand chantier que je porte pour une territorialisation des politiques de l’habitat, d’autres mesures doivent être engagées : l’élargissement du prêt à taux zéro, l’utilisation des baux emphytéotiques ou encore, la préemption des terrains par les communes. J’en appelle au gouvernement pour que tout le foncier disponible des collectivités locales soit mobilisé. Les baux emphytéotiques, qui éviteraient l’acquisition du terrain qui représente entre 30 et 50 % minimum du coût total de l’opération, permettraient de mettre immédiatement des terrains à la main de bailleurs sociaux ou des promoteurs pour sortir des opérations rapidement. Pour relancer l’accession à la propriété, notamment des plus jeunes, nous devons accompagner le gouvernement pour aller plus loin et plus vite.

LAL : Que pensez-vous de la loi Climat et résilience avec ses diagnostics de performance énergétique (DPE) obligatoires ?

L. C. : On voit des propriétaires qui pourraient être contraints de vendre leur appartement parce qu’ils sont dans l’incapacité de rénover. Il faut savoir que les passoires thermiques sont souvent des logements insalubres. Ça fait longtemps que les logements insalubres ne devraient plus exister dans notre pays. En 2024, on va mettre 5 milliards d’euros pour la rénovation énergétique. Il y a là une politique nationale. Je pense qu’il faut soutenir la démarche, quitte à l’adapter. On y travaille avec le Conseil national de l’habitat.