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Les propriétaires dans la tourmente

Aujourd’hui, dans un contexte où seulement 58 % des Français sont propriétaires de leur résidence principale, l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi) dénonce « un climat délétère à l’égard de la propriété privée ». Entretien avec Claudine Labadie-Poudenx, présidente de la chambre départementale.

UNPI

Claudine Labadie-Poudenx, présidente de la chambre départementale © H.R.

Les Annonces Landaises : Quelles sont pour vous les conséquences de la crise du logement ?

Claudine Labadie-Poudenx : La crise du logement a des conséquences significatives pour les propriétaires, notamment des tensions locatives et des risques d’impayés. L’Unpi préconise des solutions inclusives impliquant tous les acteurs du logement, encourageant la construction de logements abordables et soutenant les propriétaires dans la gestion des risques locatifs. 2024, s’annonce comme une année de défis. Logement et transition écologique, il ne faudra pas tout précipiter à force de vouloir tout accélérer.

LAL : Comment les propriétaires occupants et bailleurs perçoivent-ils la loi Climat et résilience ?

C. L.-P. : Les propriétaires immobiliers sont convaincus de la nécessité d’améliorer la performance énergétique de leur logement, mais les délais instaurés ne sont pas tenables. Le volume d’appartements à rénover, une pénurie de matières premières et d’artisans, autant de facteurs qui rendent le calendrier imposé intenable. Malgré les différents dispositifs d’aide à la rénovation énergétique, certains propriétaires rechignent toujours contre un reste à charge rédhibitoire. Ils sont inquiets sur l’avenir de leurs biens et sur la possibilité de continuer à les louer. Les propriétaires de logements énergivores sont au pied du mur. Dans un contexte économique et social compliqué, il faut que l’État assume sa part de responsabilité et prenne conscience de ces difficultés qui nécessitent des prises de décision importantes et urgentes.

LAL : Qu’en est-il des aides visant à rénover les logements ?

C. L.-P. : La loi Pinel [réduction d’impôt sur le revenu à l’occasion d’un investissement locatif, NDLR] est arrêtée. Rien pour la remplacer. La complexité des aides juridiques et fiscales et la fiscalisation de ces dernières diminuent largement leur intérêt. Le prêt à taux zéro est prolongé jusqu’à mai 2027, mais son champ d’application est drastiquement resserré. On peut se féliciter de la création du nouveau dispositif MonAccompagnateurRéno, du renforcement du dispositif MaPrimeRenov’ avec 1 300 guichets FranceRénov’ contre 450 actuellement et de la prolongation jusqu’à 2024 du dispositif Denormandie, une aide fiscale à la rénovation et à la location pour les logements anciens. Enfin, les aides à l’installation de pompes à chaleur, air/eau et géothermiques seront augmentés de 1 000 à 2 000 euros pour les ménages aux revenus modestes.

LAL : Quelles sont les réformes prévues par la loi de finances pour 2024 ?

C. L.-P. : Tout change et rien ne change. C’est effrayant et déroutant. Notons pour l’année qui débute l’indexation du barème de l’impôt sur les revenus sur l’inflation, la prorogation des dispositifs Malraux (dans l’ancien dégradé) jusqu’au 31 décembre 2024 pour les immeubles situés dans les quartiers prioritaires, Denormandie ancien jusqu’au 31 décembre 2026 et la poursuite du dispositif Pinel jusqu’au 31 décembre 2024. En revanche, la loi de finances 2024 met fin, en les limitant dans le temps, aux dispositifs d’amortissement Périssol, Besson neuf et Robien recentré. Pour la rénovation des logements, le budget de MaPrimeRénov’ est porté à 5 milliards d’euros, soit une hausse annuelle de 1,6 milliard d’euros et les conditions de financement des travaux de rénovation énergétique des copropriétés sont améliorées. Signalons également la majoration des valeurs locatives en 2024 applicables aux taxes foncière et d’habitation (sur les résidences secondaires et autres locaux meublés non affectés à l’habitation principale). La hausse sera d’au moins 3,9 % , après une envolée de 7,1 % en 2023, sans compter les augmentations de taux qui pourront être votées par les communes.

LAL : Que préconisez-vous ?

C. L.-P. : Empêcher la vente de biens sans avoir réalisé d’importants travaux pour les mettre aux normes environnementales, c’est diminuer significativement le droit du propriétaire. Il est impératif d’engager un dialogue approfondi et équilibré, afin de parvenir à des solutions réglementaires qui respectent les intérêts des parties concernées. L’Unpi avance une proposition audacieuse : la défiscalisation totale des frais de rénovation pour les occupants et les bailleurs. Et pour sensibiliser l’opinion publique et encourager le soutien à cette mesure, elle lance une pétition visant à assurer un équilibre entre les droits des propriétaires et les impératifs environnementaux.

 

L’Union nationale des propriétaires immobiliers

L’Unpi, est la première instance représentative des propriétaires de France. Créée en 1893, elle s’attache à promouvoir un environnement juridique et fiscal favorable à la propriété, tout en veillant à garantir les droits et les responsabilités des propriétaires. Elle informe, conseille, défend ses 250 000 adhérents et les représente auprès des instances départementales, régionales et nationales.