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Influenza aviaire : Nouveau coup dur pour les éleveurs

Face à la virulence du virus H5N8 qui frappe les élevages de volailles et palmipèdes, l’interprofession réclame plus de moyens techniques et logistiques.

Influenza aviaire H5N8

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Trois saisons de répit. C’est tout ce que les filières volailles et palmipèdes landaises auront eu. Après les épisodes d’influenza aviaire de 2015-2016 et 2016-2017, elles avaient mis en place des protocoles de biosécurité stricts pour ne plus revivre le traumatisme de l’abattage massif de leurs animaux. Mais la variante 2020 du virus H5N8 a balayé leurs lignes de défense. Quand le premier cas a été détecté, le 5 décembre dernier, dans un élevage de canards de Bénesse-Maremne, les discours étaient certes à la prudence, mais relativement confiants. Tout était mis en œuvre pour endiguer la propagation de la maladie. C’était sans compter la virulence de la souche en présence qui a pris tout le monde de court. Et l’étincelle du départ s’est rapidement transformée en incendie incontrôlable. La semaine dernière, plus de 220 foyers étaient comptabilisés dans les Landes et une trentaine dans les Pyrénées-Atlantiques, le Gers et les Hautes-Pyrénées.

Pour tenter de stopper le virus, la stratégie de lutte a été durcie. Au moment d’écrire ces lignes, l’heure n’est pas au dépeuplement total, mais les abattages préventifs ont été élargis autour des foyers passant de 3 à 5 kilomètres. Cette mesure concerne tous les oiseaux d’élevage et de basse-cour dans le premier kilomètre, les palmipèdes et l’ensemble des volailles non claustrées dans les 4 kilomètres suivants. La zone de surveillance est, pour sa part, passée de 10 à 20 kilomètres.

PLUS D’UN MILLION D’ANIMAUX ABATTUS

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Cinq abattoirs (Gibret et Montaut dans les Landes, Came dans les Pyrénées-Atlantiques, Maubourguet dans les Hautes-Pyrénées et Castelnau-d’Auzan dans le Gers) sont réquisitionnés pour procéder aux abattages préventifs. Plus d’un million d’animaux ont déjà été abattus dans les Landes, mais le Cifog, l’interprofession de la filière palmipède, réclame plus de moyens techniques et logistiques.

La rapidité de mise en œuvre de ces dépeuplements est la condition indispensable pour aller plus vite que le virus

« La rapidité de mise en œuvre de ces dépeuplements et de traitement des foyers est la condition indispensable pour aller plus vite que le virus. L’enjeu est d’éviter une propagation à d’autres régions », alerte-t-il dans un communiqué. Les conséquences économiques de cette nouvelle crise seront lourdes. Dans les Landes, 800 exploitations possèdent un atelier de palmipèdes à foie gras. La filière représente 7 300 emplois directs et 16 000 emplois indirects et totalise un chiffre d’affaires de 438 millions d’euros. « Elle est le deuxième pôle économique du département », rappelle le président du conseil départemental, Xavier Fortinon. Un dispositif d’acompte pour compenser la valeur des animaux abattus a été mis en place par le ministère de l’Agriculture pour indemniser les producteurs. Et s’ils ne s’expriment pas encore, les transformateurs risquent eux aussi de beaucoup souffrir. Rien qu’à l’export, la Chine a suspendu ses importations de volailles françaises depuis le 6 janvier.