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Covid-19 : les entreprises face à la 5ème vague

Face à la nouvelle flambée de l’épidémie de Covid-19, les chefs d’entreprise s’interrogent sur les mesures à prendre pour éviter de nouvelles restrictions de leur activité. Réponses à l’occasion d’un débat organisé par le Medef 40, à Dax, le 25 novembre dernier.

covid-19 entreprises

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« Il faut être prudent avec ce virus qui nous surprend toujours. Face à cet ennemi invisible et inconnu, il faut en permanence adapter la stratégie et modifier notre façon de nous défendre au fur et à mesure des connaissances acquises », observe Anne-Claude Crémieux. La professeure en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui répondait aux chefs d’entreprise à l’occasion de la rencontre proposée par le Medef des Landes, le 25 novembre dernier, à la veille de l’apparition du variant Omicron, s’est néanmoins voulue rassurante. « L’association du renforcement de la couverture vaccinale avec le rappel, et des mesures barrières, notamment le port du masque dont l’Organisation mondiale de la Santé a rappelé qu’il diminuait de 50 % l’incidence du virus, devrait nous permettre de diminuer la circulation du virus », estime-t-elle.

Anne-Claude Cremieux, professeure en maladies infectueuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris

Anne-Claude Cremieux, professeure en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris © Gisèle Laffond-Faye

En fil rouge des préoccupations des dirigeants face à ce regain de l’épidémie, l’obligation de l’entreprise à assurer la sécurité et à protéger la santé des salariés, après les annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran, sur les mesures destinées à endiguer la cinquième vague de Covid-19. « Dans les entreprises où les protocoles sanitaires ont très tôt été mis en place, où les open spaces sont peu à peu remplacés par des bureaux individuels fermés, selon Christian Laffont, président de l’organisation patronale dans les Landes, il n’est pas toujours aisé de gérer la cohabitation entre salariés vaccinés et non vaccinés quand le vaccin relève d’une démarche individuelle sur laquelle l’entrepreneur ne dispose pas aujourd’hui de sanction particulière. » « Comment l’État peut-il aujourd’hui aider les entreprises à inciter à la vaccination ? », interroge un dirigeant. « Le vaccin étant notre meilleure arme pour lutter contre le virus, l’aide la plus efficace est probablement le passe sanitaire. Face à cet enjeu de santé publique, c’est effectivement aux pouvoirs publics de prendre la responsabilité des moyens de protection, sur le même principe que l’obligation du port de la ceinture de sécurité en voiture ou l’interdiction de fumer dans les lieux publics », rappelle l’épidémiologiste.

Christian Laffont, président du Medf 40

Christian Laffont, président du Medef 40 © Gisèle Laffond-Faye

Le vaccin, notre meilleure arme pour lutter contre le virus rappelle l’épidémiologiste.

RETOUR AU TÉLÉTRAVAIL ?

Alors que la reprise est au rendez-vous avec une croissance prévisionnelle de 6,5 % sur l’année, en dépit de la flambée des prix des matières premières, d’une tendance inflationniste à 2 % qui s’installe et des difficultés de recrutement, les entrepreneurs souhaitent désormais éviter de nouvelles mesures obligatoires de restriction de l’activité. « Face à la progression du virus, faut-il envisager de revenir au télétravail ? », questionne une dirigeante d’entreprise. « En la matière, les entreprises comme les organisations salariales restent partagées sur le sujet, observe Christian Laffont. Si les grosses structures déjà organisées sur les missions de chacun avec des effectifs administratifs importants peuvent y avoir recours, il peut faire perdre de la réactivité dans les TPE ou les PME qui fonctionnent dans un échange permanent. Le télétravail doit donc continuer à être examiné au cas par cas. » « On estime aujourd’hui à 20 % la part des postes télétravaillables, poursuit Jean-Luc Montiel, vice-président du Medef France, avant de rappeler le sentiment d’incompréhension de ceux qui ne peuvent pas travailler à distance. « L’État fait confiance aux entreprises. À nous d’aménager au mieux ce dispositif tout en veillant à conserver le lien avec les collaborateurs ».

Jean-Luc MONTIEL, Vice-président du Medef France

Jean-Luc MONTIEL, Vice-président du Medef France © Gisèle Laffond-Faye

NOUVEAU PROTOCOLE SANITAIRE DU MINISTÈRE DU TRAVAIL

Le protocole sanitaire en vigueur dans les entreprises a été mis à jour le 29 novembre dernier par le ministère du Travail pour prendre en compte la reprise épidémique. Les principales évolutions portent sur le renforcement des mesures d’hygiène, du respect des gestes barrières et du port du masque dans les lieux collectifs clos. Ces mesures sont associées au retour à la règle d’au moins un mètre entre les personnes et de deux mètres dans les espaces de restauration collective où le masque n’est pas porté ou bien à l’occasion de moments de convivialité qui ne sont néanmoins « pas recommandés ». Le protocole rappelle également l’importance de l’aération et de la ventilation des locaux, au minimum 5 minutes toutes les heures, et préconise l’utilisation de capteurs de CO2. En revanche, aucune modification n’est prévue en matière de télétravail. Le ministère indique en effet que les employeurs continuent à fixer « dans le cadre du dialogue social de proximité, les modalités de recours à ce mode d’organisation du travail en veillant au maintien des liens au sein du collectif de travail et à la prévention des risques liés à l’isolement des salariés en télétravail ».

https://travail-emploi.gouv.fr