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Apprendre autrement avec Aponi Project

À Gamarde-les-Bains, Marjolaine Fuentes a créé Aponi Project pour rendre le savoir accessible à toutes et à tous. Cette plateforme de partage de connaissances propose des cours intergénérationnels et gratuits.

Marjolaine Fuentes, fondatrice d'Aponi Project

Marjolaine Fuentes, fondatrice d'Aponi Project © D.R.

Prendre des cours, de quelque discipline que ce soit, peut rapidement coûter cher. « En 2018, lorsque j’ai voulu inscrire mon fils à des activités éducatives et sportives, je me suis rendu compte qu’il fallait que je dépense énormément d’argent pour qu’il fasse tout ce dont il avait envie», témoigne Marjolaine Fuentes.

Cette prise de conscience l’amène à explorer la question de l’inégalité vis-à-vis de l’apprentissage. Elle découvre que le pouvoir d’achat est un facteur déterminant dans l’accès au savoir et le développement d’un enfant. Alors en 2019, juste après la naissance de son deuxième fils, elle se lance dans la création d’un site internet basé sur le principe du partage de connaissances. L’objectif est de mettre en relation les personnes qui souhaitent s’instruire.

Aponi Project voit ainsi le jour en mars 2020. « Les plateformes d’apprentissage en ligne se multiplient, reconnaît la créatrice, installée à Gamarde- les-Bains. Le problème, c’est que les cours et ateliers sont souvent coûteux. Avec Aponi Project, je souhaite rendre gratuit l’accès aux connaissances. » La plateforme fonctionne sur le système du troc. Chacun peut devenir « mentor » et enseigner le sujet de son choix. En contrepartie, il obtient des « Aponis », la monnaie du site, qui lui permettent de s’inscrire aux cours délivrés par d’autres personnes.

Ne cherchez pas les vidéos préenregistrées sur la plateforme : il n’y en a pas. Les mentors interviennent uniquement en direct. « C’est un choix assumé. Les neurosciences ont prouvé que l’intervention d’un être humain dans une explication est plus efficace qu’une simple vidéo. Même si c’est par écrans interposés, l’interaction laisse une empreinte bénéfique dans le processus d’apprentissage. » Avec Aponi Project, les utilisateurs ne sont pas consommateurs de vidéos à la chaîne. Ils deviennent acteurs de leur apprentissage.

TRANSMISSION

Pour la première année de lancement, près d’une dizaine de mentors ont partagé leurs connaissances sur la plateforme. Les thématiques sont très variées (archéologie, éducation positive et bienveillante, histoire de l’art, relaxation enfant, littérature anglaise…) et s’adressent à un public intergénérationnel. « Parfois, les mentors savent ce qu’ils veulent enseigner. Mais la plupart du temps, les gens se sous-estiment en pensant ne pas être assez qualifiés pour transmettre leur savoir. Il n’y a pourtant pas besoin d’être un expert dans un domaine pour en parler. Il suffit d’en savoir un peu plus que quelqu’un d’autre. » Il est d’ailleurs possible de donner des cours dès l’âge de 10 ans. Marjolaine Fuentes est à l’écoute de toutes les propositions de cours et d’ateliers. Elle propose des entretiens personnalisés aux personnes qui ne savent pas ce qu’elles pourraient enseigner.

Aponi Project

Aponi Project © D.R.

La créatrice aimerait faire d’Aponi Project une grande communauté mondiale de partage de connaissances. Pour atteindre cet objectif, le premier impératif est d’attirer plus de mentors. « Je communique sur Facebook, Instagram et YouTube pour faire connaître le projet. Mais évidemment, comme il n’est pas directement lucratif, je n’ai pas les moyens de me consacrer uniquement à ça. » Marjolaine Fuentes développe en effet Aponi Project en parallèle de son activité de community manager. Pour soutenir son action, elle vient donc de lancer une cagnotte participative (www.okpal.com/aponi-democratisation-de-l-apprentissage).

Et à moyen terme, elle espère pouvoir tirer quelques revenus de la plateforme. S’il fonctionne sur le principe de la gratuité, le projet a en effet vocation à devenir rentable. « L’échange de connaissances restera gratuit. J’y tiens. Mais en parallèle, je souhaiterais développer une e-boutique où il serait possible de commander des livres ou des e-books, pour approfondir les cours dispensés en ligne ou s’inscrire à des conférences. » www.aponiproject.com

« TOUS LES JOURS, J’APPRENDS » LE CHOIX DU NOM

« Aponi signifie « papillon » dans une langue amérindienne. Je l’ai choisi pour deux raisons. Tout d’abord, les internautes viennent sur Aponi Project telles des chenilles qui souhaitent apprendre et s’épanouir pour devenir papillon. Ensuite, j’ai été inspirée par leurs battements d’ailes, dont on dit qu’ils peuvent avoir des répercussions sur le monde entier. Rendre l’éducation accessible à tous, c’est une sacrée répercussion ! »

LE STATUT JURIDIQUE

« Je suis auto-entrepreneure pour mon activité de community manager et je développe Aponi Project en parallèle. Tant que tout est entièrement gratuit, j’aurais pu choisir le statut associatif pour ce projet, mais c’était plus lourd administrativement. »

LES DIFFICULTÉS

« Croire en son idée et garder le cap est compliqué quand son entourage n’y croit pas… Le coronavirus n’a pas non plus aidé. Je souhaitais qu’une partie de l’activité se fasse en présentiel et ça n’a pas été possible. Par ailleurs, le manque d’argent ralentit le développement de la plateforme. Et la dernière chose que je n’avais pas imaginée, c’est la méfiance des gens vis-à-vis de ce qui est gratuit. En France en tout cas. Sur la dernière session de cours de 2020, 100 % des inscrits étaient des anglophones ! »

LE PLAISIR

« Le premier plaisir, ce sont les interactions avec les mentors et les apprenants sur la plateforme. Savoir ce qui les motive, les aider à trouver des idées de cours… Et en dehors du côté humain, il y a le plaisir entrepreneurial. C’est un challenge personnel de trouver des solutions pour faire avancer ce projet qui me tient tant à cœur. Tous les jours, j’apprends. Et c’est bien là le rôle d’Aponi Project ! »