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Brasserie Naturelle des Landes : faire plus grand et plus local

À Lit-et-Mixe, Alexis-Idesbald Linossier a prévu d’agrandir l’an prochain sa Brasserie Naturelle des Landes (BNL) pour multiplier par quatre sa production et créer un « vrai beau pub » en circuit-court.

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© BNL

Ses poules viennent d’être embarquées par les renards dans sa maison à Uza, mais d’ordinaire elles étaient nourries aux drêches, ces résidus du brassage des céréales, étape essentielle de création des bières. Des cochons de la ferme pédagogique de la route de Contis ou les vaches des glaces et yaourts bio Lait 2 Castets bénéficient aussi de ces restes riches en énergie, protéines et minéraux, un peu comme du porridge à base d’orge bio.

AVEC DU HOUBLON LANDAIS

Car depuis le départ, l’idée d’Alexis-Idesbald Linossier, président de la Brasserie Naturelle des Landes (BNL), est de « travailler le plus localement possible », en incluant évidemment du houblon bio cultivé par Gilles Trébaol à Liposthey. Aujourd’hui, cette production locale représente 15 % de ses approvisionnements, encore loin de son rêve d’un 100 % bio landais.

« Mais cette année, on devrait être sur du 100 % français, déjà ! Et je suis en contact avec d’autres agriculteurs qui aimeraient se lancer aussi par ici », souligne ce Basco-Landais voyageur, ingénieur télécom et militaire, qui n’aimait pourtant pas le goût de la bière à 20 ans… Installé dans les Landes il y a une petite décennie, celui qui a aussi travaillé dans le tourisme se lance alors dans son projet avec quatre amis après avoir vu un reportage télé sur le renouveau des brasseries artisanales. « On a fait du love money auprès des proches, familles ou amis, sans que personne ne pense rentabilité à court terme. » Résultat, ils sont 67 à donner, de 100 euros à 30 000 euros. Et l’aventure démarre. Ils sont aujourd’hui sept salariés pour 500 000 euros de chiffre d’affaires (plus que doublé en trois ans) avec leurs huit recettes de bières ni filtrées ni pasteurisées (plus du cola et de la limonade) qui reposent alternativement dans les fermenteurs de la brasserie de la rue du Moulin à Lit-et-Mixe, avant d’être embouteillées avec leurs graphismes sympas, de la frimousse féline chapeautée fumant la pipe (Sherlock du nom de son chat) au sanglier aviateur ou au mouton soldat casqué, par un copain artiste de Biscarrosse. Des bouteilles qu’on retrouve dans les restaurants, caves et épiceries fines.

Huit recettes remodelées aussi pour la grande distribution se retrouvent dans d’autres bouteilles aux imageries créées par d’autres artistes landaises.

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ALEXIS-IDESBALD LINOSSIE © Patxi Beltzaiz

DES FÛTS POUR MUSICALARUE

Pas étonnant pour un tel produit local, la clientèle est très majoritairement landaise à 70 % (15 % sur le Bordelais et 15 % entre Toulouse et le Béarn). Et elle se tourne de plus en plus vers la formule en fûts qui a considérablement augmenté ces derniers temps, chez les particuliers pour des fêtes et aussi dans des festivals comme Musicalarue qui se fournit pour la première fois chez eux cet été avec une cinquantaine de fûts. « Il faut qu’on soit capable d’apporter des volumes », fait valoir Alexis-Idesbald Linossier.

Aussi, dans sa stratégie de développement, BNL a acheté un terrain de 3 000 m2 avec un permis de construire pour un bâtiment de 1 700 m2 qu’il espère monter l’an prochain. « On a pris beaucoup de retard. Entre le Covid, la guerre en Ukraine et l’augmentation du coût de l’énergie et des matières premières, le budget est passé de 1,5 million d’euros à 2,7 millions… Comme nous, les banques n’ont pas trouvé ça raisonnable. On a donc reporté d’un an notre projet » qui devrait être érigé dans la nouvelle zone d’activités de Lit- et-Mixe. Là, la production pourra être multipliée par quatre et une partie réception est prévue avec bar, grande scène de 400 m2, et du verre partout pour dévoiler le côté usine et production. « L’idée est de faire un vrai beau pub, directement du producteur au consommateur. »