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Armagnac : vers du « spiritourisme multifacettes », Germain Laborde, directeur du Domaine d’Ognoas

ARTHEZ-D’ARMAGNAC - Après des années dans le Jurançon, Germain Laborde, le nouveau directeur du Domaine départemental d’Ognoas, arrivé en septembre dernier en pleines vendanges, raconte les défis de l’œnotourisme dans l’Armagnac landais. Rencontre.

Germain Laborde Directeur du Domaine d'Ognoas armagnac

Germain Laborde, Directeur du Domaine d'Ognoas © Thibault Toulemonde

Les Annonces Landaises : Vous avez longtemps été responsable viticole dans le Jurançon, pourquoi arriver dans l’Armagnac ?

Germain Laborde : Je suis Landais de Saint-Martin-de-Seignanx où ma grand-mère avait un bar-restaurant. Je suis arrivé dans la filière viticole par le produit, intéressé par la dégustation sous toutes ses formes. J’ai bourlingué dans toute la viticulture du Sud-Ouest. Jeune sur Bordeaux, en stage de fin d’études dans une distillerie charentaise dans le Cognac, puis dans le Bergerac, le Gers – j’ai distillé deux saisons au Domaine de Pujo à Larée -, et enfin le Jurançon où je suis resté 14 ans. J’étais en quelque sorte arrivé au bout de ma mission au Domaine du Cinquau et j’avais besoin d’un nouveau challenge à 43 ans. J’ai donc répondu à l’annonce du Domaine d’Ognoas avec l’envie de m’inscrire dans la durée, à l’âge où on se lance un nouveau défi, tout en cherchant une certaine stabilité.

LAL : Comment se sont passées vos premières vendanges ici ?

G.L. : Je suis arrivé alors que les vendanges avaient déjà débuté en septembre. Le Domaine d’Ognoas renoue avec une récolte significative. Nous avons commencé à distiller un volume conséquent cette année pour la première fois depuis 2020. Nous sommes satisfaits notamment avec le cépage-roi, le baco, qui a une très bonne production après deux années compliquées par le gel et la grêle. En 2023, la sécheresse et la pression du mildiou se sont fait sentir sur le colombard et l’ugni blanc, mais les volumes sont largement satisfaisants.

Nous allons distiller 2 200 hectolitres, ça reste de petits domaines mais dans ces chiffres-là par ici, ça commence à faire causer ! On est sur quelque chose de très aromatique, mais on n’est là que sur le « bébé armagnac », il y a derrière tout le travail et le savoir-faire d’élevage et d’assemblage, à l’écoute du produit, sans s’enfermer dans des certitudes.

Domaine d'Ognoas armagnac

© Thibault Toulemonde

LAL : Quels sont les nouveaux projets que vous allez suivre ?

G.L. : Nous avons de gros chantiers en cours de réfection de métairies. De nouveaux gîtes sont restaurés au fur et à mesure pour arriver, fin 2025, à une capacité de 66 couchages, contre une douzaine jusqu’ici, sur notre domaine de 600 hectares dont 150 de cultures et 50 de vignes.

À notre petit niveau, le développement de l’œnotourisme ou du « spiritourisme » [contraction de spiritueux et tourisme, NDLR], c’est quelque chose dont on parle beaucoup, mais ce n’est pas toujours une réalité du quotidien, même si les choses se développent. On n’est pas sur de l’œnotourisme comme à Saint-Émilion (Gironde) par exemple où on gère des bus entiers de touristes. Ici, on est plus sur un « spiritourisme » de l’offre que de la demande.

LAL : Quelles idées pour développer les activités autour de l’armagnac ?

G.L. : Il est évident qu’avec le nombre de gîtes qu’il y aura ici, il faudra proposer de l’activité dans le domaine, ça va être le travail des mois qui arrivent. À nous de mieux caractériser notre offre dégustation thématique, de développer des activités et des partenariats avec des acteurs locaux de la filière viticole ou autre. Pour- quoi pas des packages avec la cave coopérative du Tursan ? Ce sont des pistes concrètes à explorer.

Nous avons ici un tourisme multifacettes avec des loisirs nature. Le Domaine d’Ognoas a sa carte à jouer en la matière avec notamment l’étang de la Gaube géré par le service environnement du conseil départemental. On peut imaginer de l’animation, des dégustations autour de l’étang et animer les sentiers de randonnée déjà existants, avec toujours à l’idée que l’offre globale reste en cohérence pour attirer des publics plus larges.

De nouveaux gîtes vont être restaurés pour arriver, fin 2o25, à une capacité de 66 couchages (une douzaine aujourd’hui)

Domaine d'Ognoas armagnac

Une partie des lauréats devant le plus vieil alambic de Gascogne encore en fonctionnement (1804) © Thibault Toulemonde

LAL : Depuis quelques années, le Domaine d’Ognoas mise aussi sur les cocktails à base d’armagnac pour dépoussiérer l’image de l’eau-de-vie de grand-père…

G. L. : Nous avons un jeune technico-commercial, Bastien, qui se fait l’ambassadeur du domaine, notamment en région toulousaine, pour porter la bonne parole en termes d’armagnacs cocktails même si c’est impossible de concurrencer les rhums, vodkas ou whiskys avec leurs grosses filières. C’est une part faible de notre commercialisation bien sûr, mais c’est une manière de faire connaître le monde de l’armagnac. Les cafetiers et restaurateurs landais ont aussi leur rôle à jouer en se saisissant de cette production locale !

26E CONCOURS DES ARMAGNACS LANDAIS : LE PALMARÈS

L’édition 2023 qui s’est tenue le 13 novembre au Domaine d’Ognoas [cf. LAL n° 4086 du 28 octobre 2023], a sacré en VSOP : le Domaine de Luquet (2014, médaille d’or) et le Château Garreau (Cuvée royale, médaille d’argent).

En assemblage 10 ans : le Domaine de Paguy (or) et la Ferme de Bacoge (argent) Millésime 2002 à 2007 : l’or pour les Domaines de Castagnet (2004) et de Paguy (2002) et l’argent pour le Chai de Muret (2002) Armagnacs 20 ans : le Domaine de Paguy 1995 (or) et les Domaines du Castagnet 1989, du Berdet 1997 et Ferme de Bacoge 2000 (argent) Blanche armagnac : le Château Garreau 2020 (or) Folle Blanche : le Domaine de Paguy 2014 (or) et le Domaine de Laubesse 2014 (argent)