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Maïsadour : Le retour du poulet landais

L’épisode d’influenza aviaire qui a touché le département en début d’année, a fait disparaître le poulet jaune des Landes des rayons pendant plusieurs mois. Mais il est désormais de retour avec la ferme intention de reprendre les parts de marché qu’il a momentanément abandonnées.

poulet en liberté Maïsadour

© Maïsadour

« Libérés, délivrés »… c’est ce qu’auraient pu chanter les poulets jaunes des Landes, le 10 juin dernier. Alors qu’ils étaient confinés depuis près de six mois, un arrêté préfectoral les a autorisés, ce jour-là, à avoir accès à l’extérieur à nouveau. Un soulagement pour toute la filière. « Le plein air, c’est notre ADN », insiste Bernard Tauzia, président des producteurs de volailles de chair du groupe Maïsadour.

Le poulet jaune des Landes aime sa liberté. C’est même ce mode d’élevage traditionnel qui lui a valu de décrocher le premier Label Rouge de l’histoire, en 1965. Ici, pas de barrière. Les volailles sont élevées en totale liberté. Elles gambadent où bon leur semble, au gré de leurs envies, et regagnent spontanément leurs cabanes d’élevage, appelées marensines, pour s’alimenter ou passer la nuit. Une vie de rêve… sauf en période de pandémie.

8 millions d’animaux perdus chez Maïsadour

Les gallinacés ne craignent pas la Covid-19. En revanche, ils sont très sensibles à l’influenza aviaire. Après deux épisodes successifs en 2015-2016 et 2016-2017, qui avaient fait perdre 36,5 millions d’animaux à la filière dans le Sud-Ouest (poulets et canards confondus, abattus ou non mis en élevage), un nouvel épisode a démarré en décembre 2020. Si elle a touché plusieurs départements, la maladie s’est propagée dans les Landes, malgré toutes les mesures prises pour la stopper, comme l’interdiction de laisser sortir les animaux. Chez Maïsadour, coopérative emblématique du département, les pertes ont été sévères. Alors qu’elle avait perdu 3 millions d’animaux en 2015-2016 puis 9 millions en 2016-2017, elle estime en avoir perdu 8 millions supplémentaires sur l’exercice 2020-2021. « En plus des canards, ce nouvel épisode a durement touché les volailles », souligne le président de la coopérative, Michel Prugue.

Dès le mois de janvier, les mises en place ont été arrêtées. Et jusqu’au 19 mars, plus aucun poussin n’est entré en élevage. Une fois autorisé, le redémarrage s’est fait progressivement pour relancer un cycle de production régulier. Après 12 semaines d’élevage, les premiers poulets jaunes des Landes ont été mis à disposition des consommateurs à la mi-juin. « Mais nous ne sommes à pleine charge que depuis le début du mois de juillet, précise Paul Le Bars, directeur de Fermiers du Sud-Ouest (FSO), groupe volailler filiale de Maïsadour. Ça tombe à pic pour la consommation estivale qui est soutenue. Et avec les remises en place actuelles, nous serons aussi au rendez-vous pour les volailles festives en fin d’année! »

De gauche à droite : Michel Prugue, président de Maïsadour, Thibaud et Bernard Tauzia, éleveurs de poulets jaunes des Landes, Jean-Louis Zwick, directeur du pôle agricole de Maïsadour, Paul Le Bars, directeur de FSO et Patrick Faget, directeur des productions animales chez Maïsadour

De gauche à droite : Michel Prugue, président de Maïsadour, Thibaud et Bernard Tauzia, éleveurs de poulets jaunes des Landes, Jean-Louis Zwick, directeur du pôle agricole de Maïsadour, Paul Le Bars, directeur de FSO et Patrick Faget, directeur des productions animales chez Maïsadour © Maïsadour

Des clients confiants

Reprendre des parts de marché après une si longue absence n’est cependant pas chose aisée. On se souvient qu’après la crise de 2016-2017, FSO avait eu du mal à retrouver sa place dans les linéaires. La nature ayant horreur du vide, d’autres bassins de production avaient profité de son absence pour occuper l’espace vacant. Et, il lui avait fallu batailler ferme pour retrouver ses positions. « Nous venions tout juste d’effacer les séquelles de la précédente crise quand la nouvelle s’est déclarée en décembre», avoue Michel Prugue.

Pourtant, à l’heure de réinvestir le marché, c’est l’optimisme qui prédomine au sein de la coopérative. Cette fois, elle est sûre qu’elle remontera la pente beaucoup plus facilement. « On apprend de ce genre d’expérience, résume Paul Le Bars. Et cette fois, nous avons mis un axe fort sur la communication durant la période de crise. Nous avons informé nos clients en temps réel de tout ce qui se passait.» La démarche a été particulièrement appréciée. À tel point que certains exportateur et bouchers ont décidé de ne plus vendre de volailles en attendant le retour du poulet jaune des Landes. « Nous n’avons jamais perdu la confiance de nos clients, c’est ce qui nous permet d’être optimistes. »

Maïsadour volailles

Les volailles élevées en liberté à l’ombre des pins © Maïsadour

Des conséquences sur l’aval

Malgré l’optimisme qui prédomine dans la relance des ventes, le dernier épisode d’influenza aviaire a eu un impact fort sur l’activité de Fermiers du Sud-Ouest. Pour l’entreprise, il s’est concrètement traduit par 500000 volailles dépeuplées et 2 millions d’autres non mises en place. « Au plus fort de la crise, le bassin Landes a enregistré jusqu’à 50 % de baisse d’activité », précise Paul Le Bars, son directeur. Cela a bien évidemment eu des conséquences sur l’activité des abattoirs. « Nous avons privilégié la prise de congés, mais nous avons également eu recours à de l’activité partielle pour la moitié de nos 800 salariés. Tout cela s’est toutefois déroulé dans un climat social constructif, car nous avons pris soin de beaucoup communiquer en interne. » Au final, sur l’exercice 2020-2021, le chiffre d’affaires de FSO devrait afficher une baisse de 20 %.

Au-delà de cette communication accrue, FSO a été capable de continuer à approvisionner ses distributeurs grâce à ses autres bassins de production. « Nous sommes également présents dans le Gers et le Périgord, avec des productions de qualité. Même si nous avons réduit les volumes, nous avons toujours eu la capacité d’apporter de la matière aux clients qui en avaient besoin. »

Reste à convaincre les consommateurs de choisir le poulet jaune des Landes dans les rayons. Mais là non plus, la coopérative n’a pas d’inquiétude. « Nous allons organiser des animations en magasin avec des éleveurs, car ce sont eux qui parlent le mieux de leur production, reprend Michel Prugue. Et après les dégustations, nous savons que les consommateurs ne pourront pas résister, car nous sommes absolument convaincus de la qualité de nos produits d’exception. »