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Recruter des apprentis, même en période de crise

Le recrutement : un investissement parfois difficile et pourtant impératif pour se réadapter à la situation actuelle et à son marché. Dans quelle mesure l’apprentissage peut-il devenir une alternative financière et organisationnelle en matière de recrutement ?

apprentis

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La saison des prises de contact dans le cadre de l’apprentissage a sonné. Nombreux sont les jeunes qui perdent espoir en leur avenir après avoir démarché des centaines d’entreprises en vue de continuer leurs études en apprentissage. Celui-ci constitue pourtant un cycle important dans le développement de l’économie et de ses compétences. Il s’agit là pour les dirigeants de contribuer à l’acquisition de compétences et aux valeurs naissantes d’une génération émergente, ou parfois même de nos enfants qui arrivent sur le marché, la tête pleine de rêves, et qui ont besoin de mettre en pratique tous leurs apports théoriques pour acquérir de véritables compétences.

Or, pour maintenir leur avantage concurrentiel, la plupart des entreprises visent des candidats avec expérience(s), voire dotés d’une excellence opérationnelle, et hésitent encore à s’engager dans cette démarche. Parfois pour plusieurs raisons étroitement liées.

L’apprentissage constitue un cycle important dans le développement de l’économie et de ses compétences

Les freins à l’embauche d’un apprenti

La première est très souvent inhérente au circuit décisionnel. Selon la taille de l’entreprise, ce processus peut relever du parcours du combattant, quand, indépendamment du budget, il convient en premier lieu d’obtenir l’accord d’embauche d’un ou plusieurs apprentis de la part du siège.

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La seconde est liée à la charge de travail actuelle de l’entreprise et de ses managers qui, selon le service, est devenue beaucoup plus importante et connexe à une réorganisation technique et à une révision de ses projets dans un mouvement d’instabilité du marché. Les managers, concentrés sur la stabilisation de la situation, ne souhaitent pas forcément « se donner plus de travail qu’ils n’en ont déjà ».

L’aide à l’embauche pour un contrat d’apprentissage est prolongée jusqu’au 31 décembre 2021

L’ultime raison est, sans surprise, liée aux « restrictions financières », gage de responsabilité et de pérennité en période d’instabilité et d’incertitude. Effectivement, certaines économies sont indispensables, cependant si celles-ci se font au détriment d’une organisation efficace, alors elles seront vouées à l’échec.

Prolongation des aides aux contrats d’apprentissage

Vésilé KOMOROWSKI Consultante en ressources humaines, OrienTalent by VK Consulting RH, à Capbreton www.vkconsultingrh.fr © Patrick Valleau

Pour faire face à l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi, des dispositifs d’aide à l’embauche ont été mis en place depuis le 1er juillet 2020. Notamment l’aide à l’embauche pour un contrat d’apprentissage. Cette aide exceptionnelle entre 5 000 euros et 8 000 euros, accordée pour la première année des contrats signés depuis juillet 2020 et jusqu’au mois de mai 2021, a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2021 par Jean Castex à l’occasion de la troisième conférence du dialogue social qui s’est tenue le 15 mars 2021. Cette mesure a été défi- nie selon des conditions d’âge et d’effectif (moins de 250 ou plus de 250 salariés).

Une aide non négligeable quand on sait qu’un apprenti coûte entre 27 % et 67 % du Smic.

Prenons l’exemple d’une petite entreprise de moins de 250 salariés qui signe un contrat d’apprentissage avec son futur apprenti en première année de master et ayant 18 ans tout juste. Son salaire sera alors indexé à 43 % du Smic soit 668,47 euros mensuel. Le coût annuel hors charges s’élèvera à 8 021,64 euros (hors charges), soit une prise en charge potentielle de 8 000 euros et un reste à charge de 21,64 euros sur son salaire. Si l’aide s’élève à 8 000 euros, alors l’entreprise reçoit chaque mois pendant un an : 8 000 euros /12 = 666,67 euros.

Comment bénéficier de l’aide exceptionnelle ?

L’aide est accordée à l’employeur après la transmission du contrat d’apprentissage signé à son Opérateur de compétences (OPCO) et versée automatiquement chaque mois au cours de la première année du contrat. L’employeur mentionne ensuite les informations concernant cette nouvelle embauche par le biais de sa déclaration sociale nominative (DSN).

Pour les années suivantes du contrat, « l’aide exceptionnelle à l’embauche » laissera sa place à « l’aide unique à l’embauche ». Une opportunité, quelle que soit la taille de l’entreprise.

Un dispositif très intéressant permettant de combiner la maîtrise financière de sa trésorerie et l’apport de main d’œuvre organisationnelle, tout en maintenant une politique responsable en matière de développement en attendant des jours meilleurs.