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Pertes d’emploi des chefs d’entreprise en hausse

Dans les Landes, 233 chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle en 2022, soit une augmentation de 77,9 % par rapport à 2021. Une tendance qui laisse présager un retour au niveau d’avant-crise sanitaire, dès 2023.

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« Après trois années de crise où la solidarité nationale a épargné l’emploi et les entreprises, en France, la hausse de 34 % des pertes d’emploi chez les chefs d’entreprise en 2022 par rapport à 2021 correspond à un retour à la réalité logique », souligne d’emblée Anthony Streicher, président de l’association patronale GSC (Garantie sociale du chef d’entreprise) qui vient de publier l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs avec l’institut Altares (*). Et les Landes ne sont pas épargnées. Même si les pertes d’emploi de 2022 (233) restent inférieures à 2019 (271), le département affiche une augmentation de 77,9 % par rapport à 2021. Si tous les secteurs sont touchés, ce sont les activités en lien direct avec les consommateurs qui payent le prix fort. Le bâtiment second œuvre arrive ainsi en tête avec 29 pertes d’activité d’entrepreneurs en 2022. Suivent la restauration (26 entrepreneurs touchés), le bâtiment gros œuvre (13), le commerce de détail alimentaire (10) et la vente hors magasin (10).

Anthony Streicher, Président de l’association GSC emploi

Anthony Streicher, Président de l’association GSC © D. R.

UN CUMUL DE FACTEURS

« Cette flambée est le reflet d’une accumulation des fragilités socio-économiques qui se multiplient et s’alimentent, pointe-t-il. Il n’y a pas une seule et unique cause qui l’emporterait sur les autres : chaque chef d’entreprise doit faire face à des problématiques qui lui sont propres. Mais une chose est certaine : l’impact est d’autant plus fort que ces difficultés se cumulent. De nombreux patrons doivent ainsi faire face à la hausse des prix, au remboursement des dettes contractées pendant la crise Covid, aux difficultés de recrutement… Ce cumul crée une grande fragilité. »

LES ENTREPRISES MATURES CONCERNÉES

Et aucun entrepreneur, aussi expérimenté soit-il, n’est à l’abri. Alors que l’âge moyen des chefs d’entreprise concernés est de 48,1 ans dans les Landes, pour une moyenne régionale à 47 ans, ce sont les entreprises les plus « matures » qui ont été le plus impactées en 2022 avec une moyenne d’âge de 12 ans. Cette moyenne est redescendue à 10 ans au premier trimestre 2023, mais reste particulièrement élevée.

Une situation préoccupante à deux niveaux, selon Anthony Streicher : « D’une part, parce que ces chiffres laissent présager un retour au niveau d’avant-crise dès 2023. D’autre part, parce que la grande majorité des chefs d’entreprise qui perdent leur emploi n’ont pas anticipé un tel scénario. » D’autant qu’ils sont peu nombreux à bénéficier du chômage dans la mesure où ils sont rarement couverts par Pôle emploi. « Depuis 2019, certains travailleurs non-salariés peuvent bénéficier de l’Allocation des travailleurs indépendants (ATI), mais ce dispositif reste encore peu sollicité et n’assure qu’un revenu de complément. Il est donc nécessaire que chacun puisse opter pour une solution d’anticipation, comme une assurance perte d’emploi, afin d’assurer sa trajectoire personnelle, dès la création de l’entreprise. »

DES CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES ET SOCIALES

Au-delà des coûts financiers parfois insurmontables pour les entrepreneurs et leur famille, l’échec entrepreneurial reste une épreuve personnelle et intime :

« Les conséquences psychologiques et sociales sont dramatiques. » Le rebond sera alors le résultat d’un long processus de réparation, d’acceptation de ses fragilités et de prise de confiance dans lequel les entrepreneurs peuvent être accompagnés pour réussir leur transition. « Au-delà, il est également nécessaire de réfléchir collectivement à l’ensemble des solutions que nous pouvons proposer à ces chefs d’entreprise seniors qui rencontrent le plus de difficultés à rebondir, martèle le président de GSC. C’est une question de société dont il faut s’emparer pour accompagner au mieux ces hommes et ces femmes qui créent de la valeur au quotidien et qui constituent la capacité de reprise de la France. »

*Les données de ce baromètre sont issues de l’analyse des entreprises, hors sociétés civiles et associations, placées directement, par conversion ou par résolution du plan en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce ou judiciaire. Ne sont pas intégrées les procédures de fermeture ou dissolution à l’amiable de même que les révocations des mandataires sociaux.

LES TPE PARTICULIÈREMENT TOUCHÉES

Plus de 80 % des entrepreneurs impactés par la perte d’activité en Nouvelle-Aquitaine se trouvaient à la tête d’une entreprise de moins de trois salariés. « D’une part, parce que les charges salariales sont parfois plus difficiles à soutenir pour les TPE que pour des grandes entreprises. D’autre part, car les TPE sont les entreprises les plus répandues en France. Elles sont, de fait, les plus touchées », commente Anthony Streicher, président de l’association patronale GSC. Au premier trimestre 2022, les patrons qui ont perdu leur emploi étaient à la tête d’entreprises de deux salariés en moyenne. C’est 1,8 salarié en moyenne pour le premier trimestre 2023.