Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Maïsadour : le rebond

Malgré un contexte économique et géopolitique inédit, l’exercice 2021-2022 marque le retour à l’équilibre du groupe coopératif agricole qui affiche un chiffre d’affaires de 1,415 milliard d’euros, en progression de 11 %.

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© Maïsadour

Les aléas n’ont pas manqué au cours de l’exercice 2021-2022, pour le groupe coopératif Maïsadour.

Comme l’ensemble du secteur agricole et agroalimentaire, il a dû à la fois faire face à l’instabilité des marchés post-Covid, au retour de l’inflation, au déclenchement de la guerre en Ukraine et à un quatrième épisode d’influenza aviaire. « À périmètre constant, l’inflation nous a impactés à hauteur de 106 millions d’euros, a détaillé le président Michel Prugue, lors de l’assemblée générale du 6 décembre à Haut-Mauco. Quant à l’influenza aviaire, elle nous a une nouvelle fois coûté 20 millions d’euros… »

Déjà fragilisée par la crise sanitaire, les trois premiers épisodes d’influenza aviaire et une récolte 2020 catastrophique, la coopérative aurait pu ployer sous ces nouveaux événements conjoncturels inédits. Mais c’était sans compter la résilience dont elle a su faire preuve.

« Après quelques années difficiles, nous retrouvons une entreprise bénéficiaire », se réjouit Michel Prugue. Le chiffre d’affaires de l’exercice atteint 1,415 milliard d’euros, en progression de 11 % par rapport au précédent.

EFFORTS EN INTERNE

« Les résultats à la hausse sont majoritairement dus à notre capacité à absorber la quasi-totalité des coûts de l’inflation, précise le président. D’une part, grâce au travail des équipes sur le terrain qui ont réussi à obtenir des hausses de prix chez nos clients. D’autre part, par l’amélioration de nos process qui nous ont permis de réaliser des économies. »

La mise en place du plan « Boost », en interne, visait à trouver 10 millions d’euros de gains ou d’économies au sein des activités du groupe. « Finalement, grâce à la mobilisation des équipes, ce sont 11,5 millions d’euros qui ont été trouvés, générant 60 % d’économies et 40 % de création de valeur. »

En complément, la diversification réussie portée par le pôle semences, les excellentes récoltes 2021, les 10 millions d’euros apportés par l’État pour indemniser l’influenza aviaire et les bons résultats de la filière poisson, ont également contribué au retour à l’équilibre.

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De gauche à droite : Pierre Flye Sainte-Marie, directeur du pôle semences, Jean-Louis Zwick, directeur du pôle agricole, Michel Prugue, président de Maïsadour, Paul Le Bars, directeur du pôle volailles et Éric Humblot, directeur du pôle gastronomie © C. A.

FEUILLE DE ROUTE RÉACTUALISÉE

Face aux « événements qui l’ont percutée », la coopérative a décidé de réactualiser sa stratégie. « Notre feuille de route « Maïsadour 2026 » est maintenue, mais nous avons souhaité l’adapter au contexte. »

Les quatre piliers de ce plan stratégique dévoilé en 2017 visent de nouvelles ambitions. Les priorités initialement tournées vers la mise des adhérents au cœur de la stratégie, la réponse aux nouvelles attentes des consommateurs, les relais de croissance à l’international et l’adaptation de la culture et de l’organisation du groupe, ont été réorientées.

Désormais c’est une ambition agroécologique, des filières à valeur ajoutée, un employeur responsable et performant et un groupe acteur de son territoire que Maïsadour souhaite incarner. « Grâce à ce nouveau cap, nous entendons, aux côtés de nos adhérents et salariés, construire l’agriculture de demain et mettre en harmonie trois principes fondamentaux : l’environnement, la qualité et l’économie durable. »

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Daniel Peyraube, nouveau président de Maisadour © Maïsadour

DANIEL PEYRAUBE NOUVEAU PRÉSIDENT DE MAÏSADOUR

Réuni le 9 décembre, le conseil d’administration de Maïsadour a élu un nouveau président. Après 21 ans à la tête du groupe coopératif, Michel Prugue n’a en effet pas souhaité renouveler son mandat. C’est Daniel Peyraube, 51 ans, agriculteur à Castaignos-Souslens qui prend sa suite. Depuis son installation en 1996, il s’est toujours engagé au service des filières du département, d’abord dans le syndicalisme agricole, puis au sein de divers organismes. Il est notamment président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), secrétaire du Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) et vice-président d’Arvalis (Institut du végétal).

DES ACTIVITÉS ENGAGÉES VERS LA TRANSFORMATION

PÔLE AGRICOLE 742 MILLIONS DE CHIFFRE D’AFFAIRES, EN HAUSSE DE 31 %

À lui seul, le pôle agricole, qui regroupe les productions végétales et animales, représente 50 % du chiffre d’affaires du groupe. L’exercice a été marqué par une très bonne récolte 2021 : 598 000 tonnes de céréales ont été collectées, soit 150 000 tonnes de plus que l’année précédente. Les fortes hausses de coût des matières premières, en particulier des intrants, ainsi que le conflit russo-ukrainien, ont pesé sur l’activité. Mais le choix de la coopérative de s’orienter depuis plusieurs années vers des cultures à haute valeur ajoutée, comme les maïs spéciaux destinés à l’amidonnerie, s’est révélé payant. Côté productions animales, l’influenza aviaire a provoqué la perte de 5,5 millions d’animaux (abattus ou non produits).

PÔLE VOLAILLES 200 MILLIONS DE CHIFFRE D’AFFAIRES, EN BAISSE DE 10 %

L’inflation et le quatrième épisode d’influenza aviaire (qui a mis la moitié des salariés en activité partielle) ont pénalisé Fermiers du Sud-Ouest. Pour autant, la filiale désormais à 100 % de Maïsadour après le rachat des parts de Terrena, n’a perdu aucun client. Tournée vers l’avenir, elle a engagé un plan de transformation à l’horizon 2026 impliquant des investissements dans ses outils de transformation (1 million d’euros à Saramon et 15 millions d’euros à Condom, dans le Gers), le maintien de ses positions sur les segments boucher, charcutier, traiteur, rôtisserie, export et grande distribution, la conquête de nouveaux marchés (restauration, vente directe, industrie) et le développement d’une politique RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).

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PÔLE GASTRONOMIE 268 MILLIONS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES

Pour la deuxième année de son plan stratégique baptisé « Rebond », la filière canard gras et produits festifs retrouve l’équilibre, avec un chiffre d’affaires équivalent à l’exercice précédent à périmètre constant. La loi Egalim 2 lui a permis de faire passer les hausses nécessaires à ses clients pour ne pas être pénalisée par l’inflation. Des investissements ont été réalisés sur les unités de production, en particulier à Saint-Pierre-du-Mont. Et la reconquête commerciale, retardée par la Covid et l’influenza aviaire a été faite. La marque Delpeyrat revient d’ailleurs sur les écrans de télé pour ces fêtes de fin d’année. Le redressement se poursuivra sur l’année 2023 en vue d’atteindre « une profitabilité normale », indique Éric Humblot, le directeur du pôle gastronomie.

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PÔLE SEMENCES 198 MILLIONS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES, EN HAUSSE DE 16 %

L’activité semences a été fortement impactée par le conflit ukrainien. Cependant, la mobilisation et la réactivité des équipes ont permis de maintenir 70 % de l’activité sur place. Parallèlement, le pôle semences a fait évoluer son portefeuille d’espèces, avec des nouveautés (colza, soja, luzerne), mais aussi vers des cultures agroécologiques (variétés de maïs hybrides adaptées au stress hydrique, couverts végétaux). En Afrique de l’Ouest, la gamme de maïs tropical poursuit sa croissance, confirmant la pertinence de cette zone de développement.