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[ Interview ] Emploi : « Ouvrir le champ des possibles », Pascale Requenna, présidente de la communauté de communes Chalosse-Tursan, maire d’Hagetmau

Accompagnement économique, emploi, aménagements, mobilité… Pascale Requenna, maire d'Hagetmau, présidente de la communauté de communes Chalosse-Tursan et conseillère régionale, détaille les enjeux pour ce territoire.

Pascale Requenna

Pascale Requenna, Maire d’Hagetmau et présidente de la communauté de communes Chalosse-Tursan ©Jpeg studios

Les Annonces Landaises : Quel est le poids économique de la communauté de communes Chalosse-Tursan ?

Pascale REQUENNA : Sur ce territoire de 50 communes et 26 000 habitants, nous avons 2 500 entreprises, surtout dans l’agriculture, l’industrie, le transport et le commerce de gros. Cela représente 4 800 salariés au total, soit 6 % des entreprises et emplois du département. Il y a plutôt des petites structures, mais de grosses sociétés sont aussi présentes comme Maïsadour, les Fermiers landais, la Maison Lafitte ou encore Pyrenex. Sur la communauté de communes, il existe huit zones d’activité qui connaissent des développements très différents, d’où des modifications probables dans le cadre du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) qui va nous contraindre à repenser nos zones d’habitation et de développement économique. Cette année, un gros projet concerne la zone d’activité du Péré à Saint-Sever où nous souhaitons créer un deuxième accès pour la développer et créer une attractivité nouvelle. De quoi offrir du clé en main aux entreprises.

La communauté de communes est par ailleurs partie prenante à hauteur de 30 % dans Agrolandes [le technopôle et agrocampus départemental situé à Haut-Mauco, ndlr].

Nous avons également une politique d’accompagnement des petites structures, pour les aider à la transformation, la modernisation. Les commerçants et artisans situés dans les centres-bourgs et centres-villes peuvent ainsi obtenir jusqu’à 30 % de financement de leur projet avec un maximum de 10 000 euros.

Ceux qui sont implantés au-delà des centres peuvent bénéficier de 20 % de financement des travaux à hauteur de 10 000 euros maximum également. Enfin, trois communes, Geaune, Saint-Sever et Hagetmau bénéficient du programme national Petites villes de demain et nous accompagnerons des travaux réalisés dans ce cadre.

LAL : Comment se présente le plan Petites villes de demain pour Hagetmau dont vous êtes maire ?

P.R. : Nous avons fait un premier diagnostic en décembre 2021. Des réunions de concertation sont lancées avec la population. Nous voulons essayer de faire des parcours marchands mieux identifiés, tout en réfléchissant à la problématique de commerces qui marchent bien mais dont les gérants sont proches de la retraite. À Hagetmau, la voiture est très présente. Dans mon idée de la ville de demain, j’aimerais relier tous les quartiers vers le centre-ville avec des voies cyclables, inverser la logique. Il faut trouver un équilibre sans obérer la présence des consommateurs, et avec de la pédagogie.

Avec la Cité verte par ailleurs, nous cochons toutes les cases côté équipements sportifs -nous sommes d’ailleurs Terre de Jeux 2024-, mais là où le bât blesse, c’est l’hébergement, je souhaite qu’on travaille là-dessus aussi.

LAL : La grippe aviaire est de retour dans les élevages chalossais…

P.R. : La situation est souvent dramatique pour nos agriculteurs, des hommes et des femmes qui ne peuvent pas aller bien aujourd’hui. On se sent totalement solidaire et un peu impuissant car il n’y a pas de solution claire qui se dessine. Les difficultés des filières agricoles ont mécaniquement des conséquences sur le reste de l’activité économique du territoire, c’est une vraie inquiétude pour la présidente de communauté de communes que je suis.

LAL : Comment s’est réglée la question de l’abattoir bovins-porcins    d’Hagetmau, le dernier des Landes ?

P.R. : Pour la filière agricole, c’est un outil indispensable. Quand en 2019, le principal abatteur a quitté le navire, ça a été une perte très importante. Il a fallu retrouver un équilibre économique. Quand je me suis retrouvée avec la double casquette (maire et présidente de Chalosse-Tursan), je me suis posé la question de la dilution du risque. Pourquoi une communauté de communes seule porterait l’outil et des investissements lourds à faire ? Il fallait une responsabilité plus collégiale. Le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) qui regroupe six communautés de communes avec son président Laurent Civel, a pu racheter l’abattoir, une décision prise à l’unanimité. Il va bénéficier de subventions de l’État pour le rachat et les travaux avec France Relance, et le PETR va  contracter un emprunt. Une première tranche de travaux de 600 000 euros est prévue, l’outil est en très bon état, mais il faut adapter les choses notamment au regard du bien-être animal. L’abattoir va être loué à une société d’exploitation, la SAS Abattoirs des Landes dont le président est un boucher usager Michel Labarthe. Le sous-seing a été signé le 19 novembre dernier. C’est une bonne nouvelle pour le département.

Dans mon idée de la ville de demain, j’aimerais relier tous les quartiers vers le centre-ville avec des voies cyclables

balade vélo

© Shutterstock

LAL : Quels sont les autres projets pour les mois et années à venir ?

P.R. : La communauté de communes porte de grands projets. Elle a ouvert un espace France Services situé à Hagetmau dans un bâtiment intercommunal. Il y a aussi la réhabilitation de l’office de tourisme actuel à Saint-Sever en office de tourisme intercommunal. Nous avons également voté l’acquisition d’un terrain pour une médiathèque intercommunale en entrée de ville, en privilégiant l’accès depuis les quartiers existants et à venir, le centre-ville et les communes de l’ex-Cap de Gascogne. Tous deux devraient ouvrir d’ici deux ans et demi.

Le quotidien de la voirie nous tient particulièrement à cœur pour le confort des citoyens, avec une augmentation de 20 % des travaux l’an passé, j’espère maintenir ce niveau cette année. Je compte aussi renouveler le fonds de concours mis en place l’an dernier, afin d’aider financièrement des maires sur des projets (logements, isolation de bâtiments communaux, travaux sur des églises, etc.)

L'espace France Services Chalosse Tursan à Hagetmau, Pascale Requenna

L’espace France Services Chalosse Tursan à Hagetmau © CDC Chalosse-Tursan

LAL : Comment faire pour garder les jeunes sur le territoire ?

P.R. : La volonté de développer des zones d’activité dont je parlais précédemment pour faire venir des entreprises, ouvre aussi le champ des possibles pour nos jeunes, cela crée une attractivité du territoire. La question c’est : est-ce que ce champ des possibles correspond à leurs études, à leurs attentes ?

Autre élément important, notre territoire sera fibré d’ici la fin de l’année. C’est un atout majeur surtout quand on voit le télétravail qui était très peu usité par ici, devenir un mode de fonctionnement pour de plus en plus de gens. Les jeunes doivent aussi savoir qu’il y a des offres d’emplois non pourvues dans plusieurs secteurs par ici.

Il y a des emplois non pourvus sur le territoire, notamment dans l’aide à domicile

LAL : Quels types de métiers recrutent ?

P.R. : L’agroalimentaire notamment recherche toujours du monde. Nous avons organisé le premier Carrefour de l’emploi en Chalosse-Tursan le 1er octobre dernier en partenariat avec Pôle emploi. Notre volonté est de mettre en relation concrètement et physiquement des gens qui ne trouvent pas de travail avec des entreprises qui n’arrivent pas à recruter. La communauté de communes est une échelle pertinente pour cela. Plus de 420 per- sonnes sont venues à la rencontre des entreprises.

La communauté de communes est une échelle pertinente pour l’emploi

Les métiers de l’aide à domicile sont également très demandeurs. C’est une vraie difficulté en tant que présidente du Centre communal d’action sociale (CCAS) et du Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) : il y a des besoins énormes et on ne parvient pas à recruter. Ce sont des métiers qu’il faut mieux valoriser et qui nécessitent de véritables compétences, il faut réussir collectivement à faire changer le regard et travailler les orientations dès le plus jeune âge, ce à quoi je travaille aussi en tant qu’élue à la Région Nouvelle-Aquitaine.

LAL : Un mot sur le retour du projet de LGV Bordeaux-Dax via Mont-de-Marsan ?

P.R. : C’est un sujet que je défends à la Région depuis longtemps, un projet qu’il ne faut surtout pas louper. En matière de développement durable, je trouve hallucinante la position des Verts, alors que cela va permettre de sortir des camions de la route. C’est une chance pour nos territoires, nos citoyens, nos enfants et les générations futures. Avoir Mont-de-Marsan à 40 minutes de Bordeaux, cela va changer la vie.

Avoir Mont-de-Marsan à 40 minutes de Bordeaux, cela va changer la vie