Histoires du temps

LABOUHEYRE. Avec l’exposition Voyage temporel en lisière de forêt, la Maison de la photographie des Landes met en regard jusqu’au 13 avril l’œuvre de Félix Arnaudin, grand témoin de la Grande-Lande il y a un siècle, avec celle de Maurice Lebrun qui invite l’intelligence artificielle dans ses créations.

Félix Arnaudin arpentait la Haute-Lande à la fin du XIX^e siècle et au début du XX^e pour consigner, archiver, photographier un monde agropastoral en train de disparaître au fil de l’ensemencement de la forêt landaise. Depuis sept ans, Maurice Lebrun capte dans l’objectif l’atmosphère de cette forêt qui se vide peu à peu de ses travailleurs… Pour cette exposition, « autour de thématiques liées à la forêt et son exploitation, 10 tirages en grand format de Félix Arnaudin confiés par le musée d’Aquitaine voisinent avec 12 clichés de Maurice Lebrun. Ce Bordelais, originaire de Mimizan, artiste protéiforme entre photographie, vidéo et création musicale, convoque une troisième invitée : l’intelligence artificielle (IA). Avec elle, il projette les visions fantasmées du futur de la forêt : la sienne, flamboyante inspirée par le Douanier Rousseau, l’autre plus aride pour Félix Arnaudin (8 tirages) », développe Matthieu Sartre, qui succède à Lydie Palaric à la direction artistique de la Maison de la photographie, et a choisi pour la programmation 2024 « d’interroger notre rapport au temps dans cette Grande-Lande ».

DIALOGUE AVEC FÉLIX ARNAUDIN

Dans l’une des pièces de cette maison dans laquelle vécut Félix Arnaudin, l’IA invite également les visiteurs à dialoguer avec ce grand témoin de ce territoire d’un autre temps. « Si la plupart des visiteurs seront impressionnés par l’effet produit, quelqu’un qui connaît bien la vie de l’ethnologue identifiera aisément les limites des réponses, et les observateurs attentifs repéreront rapidement le défaut sur les photos générées par l’IA », poursuit le directeur artistique. C’est aussi le message de Maurice Lebrun qui explore depuis trois ans la création via l’intelligence artificielle : « Nous interroger sur cet étonnant outil qui évolue très vite, mais finalement, n’a d’existence qui si l’homme alimente sa base de données. »