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[Dossier : La maestria des métiers d’art] Artisans d’art : le rebond

Professions passion en phase avec les nouvelles tendances de consommation, les métiers d’art ont le vent en poupe. Si les créations d’entreprise se multiplient dans les Landes, ces structures, parfois fragiles, demandent néanmoins à être accompagnées.

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© D. R.

Héritages de gestes ancestraux, les métiers d’art qui recouvrent une vaste gamme de savoir-faire alliant désormais procédés traditionnels et nouvelles technologies, croisent les nouvelles attentes de consommation. « À une époque où l’on ne peut plus se permettre de consommer et jeter à outrance, nos métiers permettent de développer la réparation ou d’investir dans des objets que l’on garde toute sa vie », confirme Sophie Free, maroquinière à Azur et co-organisatrice du Festival des métiers d’art, les 3 et 4 septembre prochains, à Seignosse.

LE COUP DE BOOST DES CONFINEMENTS

Un véritable potentiel de développement pour ces métiers qui suscitent toujours davantage de vocations. Sur les 24 770 entreprises artisanales créées en Nouvelle-Aquitaine en 2021 – soit une hausse de 20 % par rapport à 2019 (+ 19 % dans les Landes avec 1 840 créations) – les métiers d’art connaissent un attrait grandissant avec une progression de 34 %, selon le dernier baromètre de l’artisanat publié cet été par l’Institut supérieur des métiers et la Maaf. Une tendance observée depuis 2018 par la chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) des Landes qui s’est encore amplifiée avec la crise sanitaire et les confinements successifs. « Ils ont conduit de nombreux Français à se questionner sur leur carrière professionnelle et à faire le choix de se réorienter vers des métiers de passion comme le sont les métiers d’art. La majorité des créations sont néanmoins des micro-entreprises dont la viabilité économique et les marchés seront à confirmer », souligne pour sa part Catherine Élie, directrice des études de l’Institut supérieur des métiers.

350 ARTISANS D’ART DANS LES LANDES

Sur les 350 entreprises immatriculées à la CMA des Landes en tant que métiers d’art – à 80 % en micro-entreprises – tous les créateurs ne parviennent pas aujourd’hui à retirer un salaire de leur activité. « Des aides financières existent », souligne Virginie Gatel, chargée de développement économique à chambre consulaire, qui rappelle par ailleurs que l’on ne s’improvise pas artisan d’art : « Des formations techniques ou structurelles peuvent être utiles. Et pour transformer ces passions en de véritables entreprises viables économiquement, plusieurs accompagnements sont proposés afin d’anticiper les difficultés qu’un porteur de projet peut rencontrer en termes de financement, de communication et de stratégie commerciale. »

 

JULIE HOUDOUIN ATELIER JH SELLERIE, LE CUIR DANS TOUT SON ÉCLAT

Ne parlez plus à Julie Houdouin de pneumatiques industriels ! Jusque-là responsable d’un garage automobile spécialisé dans ce secteur, cette cavalière a plongé, il y a six ans, dans une formation en sellerie harnachement et créé l’Atelier JH Sellerie à Angresse, en 2019. Depuis, elle donne ou redonne vie à tous les objets en cuir, aux selles, harnachements ou fermetures Éclair de bottes de cavalier comme aux sacs à main et aux ceintures… Et dans un métier où les vocations se multiplient, pour se démarquer, elle diversifie désormais son activité dans les univers de la moto, du nautisme, du médical et de l’ameublement.

@ajhsellerie

SOPHIE FREE MANOUK CRÉATIONS, LA MAROQUINERIE TENDANCE VÉLO

C’est en pédalant quotidiennement vers ses missions de conseillère en séjour à l’office de tourisme intercommunal Landes Atlantique Sud que Sophie Free a pris le temps de mûrir sa réflexion sur la manière de relooker les sacoches de son vélo. Après une formation en maroquinerie et des semaines de stages chez différents artisans selliers et maroquiniers, elle crée sa première collection en cuir et matériaux recyclés. Elle lance Manouk Créations, en février 2021, au sein de l’atelier de couture des Bobineuses à Bénesse-Maremne, avant de s’installer à Azur. Auprès des surf shops locales, elle récupère la matière pour fabriquer des sacoches tout-terrain, à retrouver prochainement dans les magasins de vélo et sur son site internet.

@sophiefree64

CHARLINE VAILLANT « L’AVANT-APRÈS » INVENTIF DE MADAME FAUTEUIL

Avec Madame Fauteuil, lancée en 2020, à Saint-Vincent-de-Tyrosse, Charline Vaillant n’a pas l’intention de faire tapisserie. Depuis toujours la création est son credo. Couturière, artisan fleuriste pendant huit ans avant de devenir responsable décoration chez un grossiste pour fleuristes, elle renoue avec ses premières amours en complétant son CAP de tapissier-décorateur par une formation de neuf mois à la chambre de métiers et de l’artisanat des Landes. Avec une gamme de tissus à faire pâlir d’envie les créateurs de haute couture, elle restaure et remet au goût du jour fauteuils, chaises et canapés d’intérieur comme d’extérieur, aussi bien pour les particuliers que les professionnels. Tout un art pour un « avant-après » personnalisé.

@madamefauteuil

 

LA RECONNAISSANCE PROFESSIONNELLE

D’ardoisier à vannier… pas moins de 198 professions s’égrènent au fil de l’arrêté du 24 décembre 2015 établissant la liste des métiers d’art répartis dans 16 domaines d’activité. Pour se prévaloir de cette reconnaissance professionnelle, l’artisan d’art doit en outre être titulaire d’un CAP, d’un BEP ou d’un titre équivalent, ou bien justifier d’une expérience professionnelle d’au moins trois ans dans ce métier sur le territoire d’un État membre de l’Union européenne.