Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Courant sauvage : de l’ombre à la lumière

Les parasols à franges vintage siglés Courant sauvage, lancés en 2020, déferlent sur la France et l’Europe, fleurissant les terrasses des grands hôtels et restaurants. Une véritable success story pour les deux jeunes créateurs dacquois de la marque, Tiphanie Hayet-Saunois et Loïc Gauthier.

courant sauvage

Les deux amis remettent au goût du jour ces parasols à franges rétro, découverts lors d’un voyage en Australie © Gaelle Le Boulicaut

Dans un décor de French Riviera, les parasols écrus au style vintage ont sublimé la célèbre Terrasse by Albane, institution des soirées du 7e art durant le dernier festival de Cannes. Une consécration pour la petite marque landaise Courant sauvage. Mais pas de quoi impressionner les jeunes entrepreneurs dacquois, Tiphanie Hayet-Saunois, 29 ans, et Loïc Gauthier, 30 ans, qui se disent simplement très fiers du chemin parcouru en seulement trois ans. « Parfois on se pose, on s’assoit et on se dit : c’est abusé le chemin qu’on a fait ! », commente Loïc Gauthier. « Albane [Clairet] a repéré nos produits sur les réseaux sociaux et elle nous a contactés », explique Tiphanie Hayet-Saunois. Le binôme n’a pas le temps de s’appesantir car une nouvelle livraison arrive. À quatre mains, ils assemblent les parasols dans leur atelier d’Orthevielle : « Nous sommes à la fois artisans, designers, commerciaux, logisticiens. De véritables couteaux suisses ! », s’amuse-t-elle. « Bien sûr, nous espérons bientôt pouvoir recruter », ajoute Loïc Gauthier.

Courant Sauvage Loïc Gauthier et Tiphanie Hayet-Saunois

Loïc Gauthier et Tiphanie Hayet-Saunois © Courant Sauvage

UNE PETITE MARQUE QUI VOIT GRAND

Depuis sa création en 2020, l’entreprise a quadruplé son chiffre d’affaires qui dépasse désormais les 500 000 euros annuels. Alors que les premières commandes frôlaient à peine les 300 exemplaires au départ, aujourd’hui 1 200 parasols par an sortent des ateliers et les demandes ne font qu’augmenter.

La marque landaise rencontre un engouement que ses deux créateurs expliquent par la qualité des produits et leur design rétro. « 98 % des petits parasols (hors produits techniques) sont fabriqués en Asie, alors nous avons misé sur une production 100 % française conçue par des artisans. Un marché de niche qui nous a permis de nous démarquer », développe Tiphanie Hayet-Saunois. Bien qu’autodidactes, les deux entrepreneurs ont sélectionné 10 artisans (couturier, ébéniste, passementier, fondeur…), dédiés chacun à créer sur mesure une pièce du parasol. « Le bois vient des Landes, l’accastillage et la toile du Nord… », énumère-t-elle. Le produit fini contribue à mettre en avant les savoir-faire français. C’est ainsi que leur parasol, initialement de plage, est devenu un objet de luxe. La première collection « Nomade » symbolise les plages du monde : le rose pour Waikiki (Hawaï), le moutarde pour Bondi (Australie) et les collections « Été Azur » sont inspirées par la Côte d’Azur au centre de leur communication.

Après avoir séduit les Landes, du restaurant le Surfing à Seignosse aux Planches éphémères à Capbreton et au Sunset Bowl à Hossegor, la marque a su conquérir le cœur de l’hôtellerie de luxe. Les parasols habillent les terrasses des Hautes Mers à l’Île-d’Yeu, du château de Brindos à Anglet, du Régina à Biarritz, de l’hôtel Vermelho de Christian Louboutin à Melides au Portugal ou de l’hôtel Monte-Carlo à Monaco. « Nous avons des revendeurs en Allemagne, en Norvège, en Espagne et même en Corée du Sud et bien sûr un peu partout en France, à Hossegor, Bordeaux, Marseille… Nous travaillons avec le monde entier et continuons sans cesse à chercher des prospects. Le salon Maison et Objet auquel nous participons nous permet de compléter notre carnet d’adresses français et nous a ouvert des portes à l’étranger. »

« UN CONCEPT ATYPIQUE QUI NOUS RESSEMBLE »

Réunis à Dax lors de la crise Covid, les deux amis d’enfance ont eu l’idée à l’issue d’une session de surf de remettre au goût du jour ces parasols à franges rétro, découverts lors d’un voyage en Australie. « Nous avions ce souhait d’entreprendre pour être indépendants, créer ce qu’on veut et donner vie à un concept atypique qui nous ressemble », raconte-t-elle.

Loïc Gauthier, diplômé d’une école de commerce vient alors de quitter son travail à Bordeaux et Tiphanie Hayet-Saunois, diplômée d’une école de design parisienne, rentre de plusieurs années de voyage entre l’Australie, les États-Unis et l’Équateur. Ils sont complémentaires, passionnés et croient en leur projet. Alors, il se lancent seuls avec leurs économies, soutenus par leurs parents. « On partait de rien et on n’était pas toujours pris au sérieux quand on parlait de parasol. Malgré les refus, nous avons continué à chercher jusqu’à obtenir ce qu’on voulait », explique Loïc Gauthier.

Grâce à une cagnotte participative sur la plateforme Ulule, ils récoltent 11 000 euros et vendent leur premier parasol, tout en se faisant connaître : « Des restaurateurs et des propriétaires de maisons d’hôtes nous ont passé commande sur prototype et nous avons eu la chance de trouver des professionnels qualifiés qui nous ont fait confiance. On a bénéficié aussi du bouche-à-oreille. »

Aujourd’hui, le duo vient de décrocher un nouveau contrat avec une marque de luxe. « On espère continuer à inspirer les architectes, les hôteliers, renouveler notre carnet d’adresses et être présents en Europe et à l ’export pour gagner de nouveaux marchés », concluent-ils d’une même voix, animés d’une créativité débordante qui les poussent déjà à explorer de nouvelles opportunités.

Courant Sauvage

Courant sauvage opte pour une production 100 % française conçue par des artisans © Gaelle Le Boulicaut

«L’ART DE LA RÉSILIENCE»

LES QUALITÉS NÉCESSAIRES POUR CRÉER SON ENTREPRISE

« La résilience, la motivation et la passion. »

LES CLEFS DU SUCCÈS

« Être deux pour se soutenir quand on nous ferme des portes et qu’on a envie d’arrêter. »

LA COMMUNICATION

« Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux. On aime l’échange et notre proximité avec nos clients nous permet d’établir un réel lien de confiance. »

LE +

« Nous avons une gamme complémentaire de chaises longues. On veut entrer dans un univers de marque et valoriser des savoir-faire pour, à terme, développer d’autres projets sans se limiter à un domaine. »