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Claire Abdelkader : taillée chic

Depuis 2015, Claire Abdelkader, ex-petite main de Christian Lacroix ou de l'Opéra de Paris, crée des robes et costumes sur mesure dans son atelier haute couture de la rue Neuve, à Dax. Des clients parisiens et d’ailleurs y viennent faire leurs essayages, et sa clientèle locale s’est aussi bien développée.

Claire Abdelkader

Claire Abdelkader © J. D.

Barack Obama n’est – à notre connaissance – jamais venu à Dax, mais il a déjà porté une cravate de Claire Abdelkader, c’était à l’occasion d’un de ses discours sur l ’état de l’Union comme président des États-Unis. Ce modèle unique en satin duchesse bleu ciel fut le résultat d’un heureux concours de circonstances autour du tailleur de la Maison blanche, George de Paris. Et si la couturière n’a jamais rencontré l’ex-président, la photo officielle de remerciement signée d’Obama est toujours encadrée dans son atelier dacquois aujourd’hui. À côté de celles d’Arielle Dombasle, Josiane Balasko, Olivier Martinez, ou Cédric Villani qui lui fait notamment faire ses lavallières… tous clients de cette diplômée de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, toujours discrète sur les personnalités qui lui font confiance.

LACROIX, BALENCIAGA ET DIOR

Après la fameuse école de la rue Blanche, Claire Abdelkader entre chez Christian Lacroix, puis Balenciaga et Dior pour des missions haute couture où l’exigence

en points à la main confère à la perfection. Au côté des meilleurs tailleurs à l’ancienne du pays, de vieux messieurs comme André Guilson, prêts à mourir une aiguille à la main plutôt que de prendre leur retraite, elle devient maître-tailleur. « Un savoir-faire très complet et technique qui se perd car l’apprentissage est long », explique l’ex-faiseuse de costumes pour des solistes internationaux de l’Opéra Bastille ou de queues de pie pour l’Opéra de Monte-Carlo, qui a fini par s’installer en 2015 dans la cité thermale où elle a suivi son mari.

Dans son appartement – atelier de la rue Neuve qui n’a rien à envier aux immeubles de la capitale – parquet, moulures et hauts plafonds -, elle perpétue la tradition du sur-mesure, à des tarifs bien plus abordables que sur la place parisienne. Des pièces uniques sans mauvaise surprise puisque trois essayages sont réalisés au cours de la confection qui s’étale en moyenne sur deux mois, du premier coup de crayon au rendu final. Et ses clients continuent à venir de très loin. « Avec le TGV, c’est parfait. Mes clientes de Paris, Bordeaux, et même Nantes ou Toulouse aiment venir passer deux jours à Dax, tout est sur place, tout est facile. Elles vont dans de belles boutiques et chez des artisans de bouche que je leur conseille autour de l’atelier, associant ainsi l’utile à l’agréable. Et cela participe à l ’économie locale », souligne la professionnelle.

PARTENARIATS LOCAUX

Les partenariats locaux, Claire Abdelkader aime aussi à les développer. Comme avec le bijoutier dacquois Jean Lassalle, avec le Linge d’Emma, Barbara ou Finette, ses voisines, pour des retouches complexes à leurs clientes, ou avec la brodeuse d’art de Poyanne, Léa Coutureau, avec qui elle a commencé à travailler sur un gilet XVIIIe siècle à restaurer pour un client parisien et qui lui fait aujourd’hui des pièces spéciales sur des robes de mariée. « Du travail gagnant-gagnant ! »

Peu à peu, le bouche-à-oreille aidant, sa clientèle landaise s’est d’ailleurs bien développée, de la future mariée à la grand-mère, du businessman à l’étudiant qui passe un concours et veut « un costume comme Macron ». « On passe toujours des moments de qualité privilégiés ».

Bien sûr, elle a aussi créé les tenues de la chorale de femmes, Cantate Domino, qu’elle a cofondée à Dax et qui se produit régulièrement par ici avec un répertoire de Monteverdi à Britten et des passionnées d’art lyrique comme elle. « Mon atelier et l’opéra sont comme mes deux jambes », dit celle qui voit son chiffre d’affaires

« en progression constante mais douce » car elle n’a « pas l’objectif de grossir, juste de continuer de développer la créativité et la qualité ». Et c’est bien ce qui l’habite depuis le début : « Que mon travail ait du sens, dit-elle. Dans chaque création, rien n’est anodin, tout doit correspondre à la personne pour réveiller au mieux sa beauté. »

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