Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Ciné Landes, de la suite dans les images

Avec huit tournages de longs et courts métrages par an, le département des Landes est devenu en quelques années une terre d’accueil pour l’industrie du cinéma. L’élan se confirme avec la création d’un Pôle image, prévu en 2023, pour ancrer la filière sur le territoire.

Ciné Landes

© BAT40

Les Landes rêvaient de cinéma, elles ont désormais leur nom au générique ! Plus de 35 films les ont mises à l’affiche durant ces quatre dernières années, dont certains primés à Cannes et à la Mostra de Venise. Ce succès, le département le doit à son patrimoine, ses décors naturels, et à une politique en faveur du cinéma et de l’audiovisuel qui met en avant la proximité et le savoir-faire local.

DÉVELOPPER L’ENSEIGNEMENT ET L’INITIATION

Face à une demande grandissante de tournages et dans la perspective de développer l’enseignement et l’initiation, le Département crée un Pôle image, à proximité de la gare de Dax. Opérationnel en 2023, il réunira sur 200 m2 le Bureau d’accueil de tournages 40 (BAT 40), l’association Du cinéma plein mon cartable, dédiée à l’éducation à l’image, et proposera des salles de travail pour accueillir des formations initiales et professionnelles. « Le programme reste à construire, précise Rachel Durquety, vice-présidente du conseil départemental, déléguée à la culture. Nous sommes en lien avec nos partenaires Pôle emploi et la Mission locale pour les 15-25 ans. Nous ciblons des publics spécifiques pour favoriser leur insertion professionnelle et sociale. Peut-être pourrons-nous aussi rouvrir l’option « métiers de l’audiovisuel » au lycée. Pour les scolaires, des visites de tournages sont déjà régulièrement programmées pour faire découvrir cet univers artistique et artisanal. Le cinéma est un vecteur de rêve et d’ouverture. Il peut être à l’origine de choix de carrière ou contribuer à de meilleures conditions d’emplois qualifiés. »

Un succès dû au patrimoine et aux décors naturels des Landes et à une politique en faveur du cinéma et de l’audiovisuel

EN CHIFFRES

1, 5 million d’euros : estimatif des retombées économiques sur le territoire entre 2018 et 2019 197 contrats de techniciens + de 4 000 figurants et silhouettes

L’enveloppe annuelle du Département s’élève à 710 000 euros dont

  • 400 000 euros pour l’aide à la production de sept à huit projets par an, les résidences et le BAT 40
  • 150 000 euros pour la diffusion culturelle, l’éducation artistique et le développement des publics
  • 160 000 euros pour l’exploitation cinématographique

CONSOLIDER LE TISSU PROFESSIONNEL DANS LES LANDES

Ce nouveau projet doit permettre à l’industrie du cinéma déjà bien implantée sur le territoire avec de multiples professionnels (régisseurs, décorateurs, comédiens, maquilleuses, casteurs, metteurs en scène, auteurs, etc.) de continuer à tisser sa toile. L’un des leviers du succès ?

Pour 1 euro investi par le Département, on estime de 5 à 6 euros, voire 8 euros (pour une série de quatre mois) les retombées économiques générées par les tournages

Faciliter l’accueil de tournages en offrant aux producteurs un service gratuit d’appui logistique (repérage de décors, castings de figurants, réseau de prestataires locaux). « C’est un bon moyen de valoriser le territoire et de faire en sorte que les productions nous choisissent en leur suggérant des décors différents des sites connus, poursuit Rachel Durquety. L’objectif est aussi de favoriser l’émergence et l’accompagnement de nouveaux talents, de développer et de consolider le tissu professionnel de la production dans les Landes. »

À L’AFFICHE

Quelques films soutenus et tournés dans les Landes

« Prométhée » (série) de Christophe Campos (2022)

« Cet été-là » (long métrage) d’Éric Lartigau (2021)

« Vestiaire 11 » (série) de Fabrice Chanut, Franck Lebon et Vincent Burgevin (2021)

« Tom Médina » (long métrage) de Tony Gatlif (2020)

« Girlsquad » (série) de Zoé Cauwet (2020)

« Madre » (long métrage) de Rodrigo Sorogoyen – Récompensé à la Mostra de Venise (2019) – Prix d’interprétation féminine pour Marta Nieto

« De l’or pour les chiens » (long métrage) d’Anna Cazenave-Cambet (2019)

« Papi Sitter » (long métrage) de Philippe Guillard (2018)

« Judith hôtel » (court métrage) de Charlotte Lebon – Sélectionné à Cannes (2018)

« Ava » (court métrage) de Léa Mysius – Prix SACD au Festival de Cannes en 2017

L’IMPACT SUR LE TERRITOIRE

Ouvert en 2018, après deux ans d’expérimentation, le Bureau d’accueil de tournage du département des Landes (BAT 40), dont la gestion est confiée à la société Kyoz films pilotée par Franck Delpech, développe les actions de soutien engagées depuis 10 ans. « On sentait une dynamique régionale. Les sollicitations étaient nombreuses, mais sans cette structure professionnelle nous n’avions pas la capacité d’accueillir des tournages qui demandent un gros travail de préparation », observe Karine Dumas, référente cinéma au Département, à l’initiative du projet. Lorsqu’une équipe choisit un village, une place ou une maison, elle débarque avec ses techniciens, ses acteurs, réalisateurs et figurants.

Selon les productions, 20 à 100 personnes peuvent débarquer dans un village

Une « tribu » de 20 à 100 personnes selon la taille de la production, avec du matériel et des véhicules lourds, s’installe pour un jour ou plusieurs semaines. Fermer une rue, trouver une loge maquillage, une salle de casting, une place de stationnement ou un branchement en électricité font partie des demandes les plus courantes. Le rôle du BAT 40 ? Anticiper les besoins et accompagner la production avec les collectivités d’accueil, dans ses recherches de décors, la logistique et les démarches administratives pour faciliter son travail et accroître l’activité sur le territoire. Les équipes font, en effet, appel aux acteurs locaux pour l’hébergement ou le recrutement de régisseurs, de techniciens, de figurants et autres prestations. Ainsi pour 1 euro investi par le Département, on estime de 5 à 6 euros, voire 8 euros (pour une série de quatre mois) les retombées économiques générées par les tournages, soit en moyenne 1,5 million d’euros par an dans les Landes.

LA MAISON BLEUE

Cette résidence d’écriture à Contis-Plage ouvre régulièrement ses volets bleus à des auteurs-réalisateurs, porteurs d’un projet d’écriture pour un premier ou deuxième long métrage ou pour l’écriture de séries.

Des professionnels les accompagnent durant un mois selon le domaine choisi et chaque auteur bénéficie d’une bourse d’aide de 4 000 euros. Elle est subventionnée à hauteur de 16 000 euros par le Département, 5 000 euros par la Région Nouvelle-Aquitaine et 6 000 euros par le Centre national du cinéma.

Cinq films ont été accompagnés par la Maison bleue

« La vraie famille » de Fabien Gorgeart (2022)

« Chair tendre » de Yael Langmann et Jérémy Mainguy (2022)

« Gagarine » de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh – Sélectionné aux Césars (2022)

« Samaritain » de Julien Menanteau Gloria Films (2018)

« Après la guerre » d’Annarita Zambrano – Palme d’or du court-métrage (2016)

« Toril » de Laurent Teyssier (2013)