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Beer Up fait monter la pression

Depuis Saint-Vincent-de-Paul, Olivier Jammes a imaginé une nouvelle façon de servir la bière, grâce à un système breveté de remplissage par le fond du verre. Après avoir conquis le marché professionnel et le grand public, ce sont bientôt les brasseurs artisanaux qui vont pouvoir en bénéficier.

Beer Up

© D. R.

La bière est une boisson sournoise. Parfaite à une température comprise entre 3 °C et 5 °C, elle se met à mousser et devient difficile à servir au-delà. Alors, en ce 15 août 2014, dans la chaleur étouffante des ferias de Dax, Olivier Jammes désespère face à un serveur de la rue de la Soif, ne sortant que de la mousse de sa machine.

Pour rire, un de ses amis lance : « Pour bien faire, il faudrait remplir les gobelets par le cul ! » La blague de fêtard fait tilt dans sa tête. Et s’il était vraiment possible de remplir les verres par leur fond ? Les problèmes de mousse ne seraient plus qu’un lointain souvenir et on arrêterait de gaspiller de la bière.

Ingénieur mécanicien de formation, et après 12 ans en tant que responsable du matériel au sein de l ’entreprise Bernadet Construction à Grenade-sur-l’Adour, Olivier Jammes décide de se pencher sur la question. Suite à quelques essais dans son garage, il se rapproche de Pulseo pour développer son projet. Txomin Ansotegui, directeur du technopôle dacquois, se souvient très bien de ce premier rendez-vous.

« Olivier est arrivé avec un gobelet en plastique au fond duquel il avait fait un trou. Dessus, il avait collé le filtre qu’on trouve sur les bouteilles de ketchup, pour créer une sorte de vanne. Et il nous a expliqué son concept de tireuse à bière avec remplissage par le fond du verre. »

Beer up

Olivier Jammes, fondateur de Beer Up © Bernard Dugros

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT

À l’écoute du projet, l’équipe de Pulseo est pour le moins circonspecte. « Au début, on l’a pris pour un inventeur un peu fou… » Mais cette première impression est vite balayée. Car Olivier Jammes a de la suite dans les idées. « J’ai tout de suite compris le potentiel de développer les verres lavables, personnalisables et réutilisables. Car il est très intéressant de créer des machines qui font acheter du consommable ! »

Grâce aux aides du département, de la région et de BPI France, il se lance dans deux ans de recherche et développement. Il se rapproche de la société Caulonque, à Soustons, pour créer les moules de ses verres percés, mais étanches, et utilise le fablab de Pulseo pour mettre au point le système d’arrêt automatique du remplissage des gobelets.

UNE ENTREPRISE EN DÉVELOPPEMENT

Installée à Saint-Vincent-de-Paul, Beer Up a vu passer son effectif de 0 à 8 salariés depuis 2019. La progression devrait se poursuivre dans les années à venir. La société qui réalise actuellement 2 millions d’euros de chiffre d’affaires par an vise les 5 millions d’euros à trois ans.

80 000 EXEMPLAIRES VENDUS EN 3 ANS

En 2016, il commercialise ainsi sa première tireuse révolutionnaire : l’imposante « Beer Up System ». Destiné aux professionnels, le concept séduit les bars, les brasseries et les grands événements festifs et sportifs dans les stades et les salles de concerts.

Fort de ce succès, Olivier Jammes décide de décliner le produit pour le grand public. En mai 2019, le « Beer Up » voit le jour. Cette tireuse portative, qui fonctionne sans électricité, permet de tirer la bière fraîche partout où l’on souhaite avec les fûts de 5 litres de la gamme Beertender.

Le succès est immédiat. « On avait fabriqué 2 500 pièces. Elles ont été écoulées en 10 jours ! Il a fallu refabriquer de nouveaux modèles très rapidement. On n’a pu recommencer à distribuer qu’à partir du mois d’août. »

D’abord commercialisée sur son site internet, puis en grande distribution, la machine s’écoule à plus de 80 000 exemplaires en trois ans. Elle séduit aussi les entreprises qui y voient un excellent vecteur de communication. Beer Up propose en effet de personnaliser les verres et les tireuses à leur image. Des sociétés régionales comme Coco Picoty (négoce, stockage et distribution de produits pétroliers à Geaune), ou nationales comme Legrand (spécialiste mondial des composants électriques) ou Stanley (marque d’outillage américaine) ont adopté la formule.

LE MARCHÉ PRO TOUJOURS EN POINTE

Si Beer Up se concentre désormais sur la fabrication de machines pour le grand public, elle s’est associée à Reuz (anciennement Ecocup) pour la commercialisation des tireuses à bière destinées au marché professionnel. Et le succès ne se dément pas de ce côté-là non plus. Le Parc des Princes, le Zénith de Lille, l’U Arena de Paris et le stade de Twickenham en Angleterre pourraient bientôt être équipés.

BIENTÔT POUR LES BRASSEURS ARTISANAUX

Olivier Jammes décide toutefois d’aller encore plus loin. « Il y a plus de 1 000 brasseries artisanales en France. On va leur concevoir un fût en inox qu’elles vont pouvoir remplir pour vendre leur bière au travers de nos tireuses. »

Après trois ans de conception, d’optimisation et de prototypage, Beer Up mettra sur le marché en 2024 un nouveau kit de tirage pour fûts standards de 5 litres. Tous les brasseurs pourront ainsi commercialiser leur production avec ce système. Ce nouveau concept est très attendu. Présenté en avant-première en novembre dernier, il a reçu le Prix de l’innovation du Salon du brasseur de Nancy 2022. Du nouveau aussi pour les particuliers : au mois de mai, Beer Up va lancer une nouvelle machine grand public aux options surprenantes. L’une d’elles permettra en particulier de remplir un fût vide avec la boisson de son choix, gazeuse ou non, avec ou sans alcool.

Beer up

Pour les brasseurs artisanaux, Beer Up mettra sur le marché en 2024 un nouveau kit de tirage pour fûts standards de 5 litres de bière… à consommer avec modération © Bernard Dugros

ACTIONNAIRE DE PULSEO

À ses débuts, Beer Up s’est appuyée sur les ressources du technopôle Pulseo pour se développer. Aujourd’hui, elle en est devenue actionnaire. « C’est au tour d’Olivier Jammes de nous accompagner maintenant, sourit Txomin Ansotegui, directeur du technopôle dacquois. Il amène son expérience et ses conseils. C’est une manière de renvoyer l’ascenseur. »