Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Aqui O Thermes investit dans la recherche

Déploiement de sa plateforme Thermassist, étude sur les bienfaits d’un programme thermal sur des actifs, analyse de l’eau en temps réel avec un consortium européen… le cluster thermal néo-aquitain s’active pour valoriser les atouts de la filière.

Aqui O Thermes

© Aqui O Thermes

Après une hausse de 34 % de la fréquentation des 28 établissements thermaux néo-aquitains en 2022 par rapport à 2021, 2023 semble poursuivre la dynamique de rattrapage des années Covid, avec + 20 % de curistes dès avant la fin de saison. Encore loin des 150 000 curistes d’avant 2020 certes, mais bien au-dessus des 114 000 accueillis l’an passé. « La reprise se confirme d’année en année. La reconquête reste plus aisée pour les petites stations de moins de 3 000 curistes qui ont souvent une clientèle de proximité plus facile à capter », a souligné Arnaud Laborde des Thermes de Saubusse, président du cluster régional Aqui O Thermes, lors d’un point presse à l’hôtel de région.

DES PARTS DE MARCHÉ EN PLUS

Et même si le retour à l’avant-Covid n’est pas encore atteint, « la région Nouvelle-Aquitaine est celle qui gagne le plus de parts de marché » (26,08 % en 2022 contre 24,8 % en 2018), a abondé Julien Bazus, maire de Saint-Paul-lès-Dax et conseiller régional délégué au thermalisme.

Dans un secteur où menace la pénurie de médecins et d’agents thermaux, le cluster réfléchit à la possibilité d’adjoindre des aides aux kinésithérapeutes, avec des formations dédiées en deux ans pour de nouveaux personnels aptes à masser, sous la responsabilité des kinés. Dans ce contexte global et pour rester leader dans l’innovation, le cluster régional fait de la recherche et développement son premier axe stratégique, avec 127 000 euros en R&D sur 2022-2023. Sa plateforme internet lancée l’an passé, Thermassist [LAL n°4057 du 8 avril 2023], permet – nouveauté 2023 – de générer et télétransmettre directement des ordonnances de médecins thermaux à l’établissement de cure et aux patients. L’outil actuellement installé dans un tiers des stations de la région, le sera dans trois quarts d’entre elles en 2024.

Aqui O Thermes

© Aqui O Thermes

LES THERMES CONTRE L’ABSENTÉISME AU TRAVAIL ?

Côté recherche de nouveaux soins, le cluster, en partenariat avec l’université de Bordeaux, le laboratoire Bordeaux PharmacoEpi platform (BPE) et l’Inserm, travaille également avec l’hôpital de Dax à « un programme thermal dédié aux actifs qui pourrait permettre d’améliorer leur bien-être au travail et par conséquent, diminuer l’absentéisme des salariés », selon Laurence Delpy, directrice du cluster. Le protocole est actuellement à l’étude pour déboucher sur des essais cliniques dans divers hôpitaux néo-aquitains.

Pour toujours mieux économiser les ressources en eau, un outil permettant l’analyse en temps réel des eaux avec l’intelligence artificielle (IA) est, par ailleurs, travaillé avec le consortium européen Aquapred. « Ceci pourrait permettre de gérer mieux les risques bactériens sans attendre des analyses pendant 24 ou 48 heures en cas de problèmes physico-chimiques, et donc d’être plus agile dans la gestion de la ressource », relève Laurence Delpy. Intelligence artificielle encore avec le programme Prévichute, cofinancé par la Fondation Maïf, pour tenter de prévenir les risques de chute.

Rappelant le plan thermal 2023-2028 voté en mars dernier au conseil régional et tout ce travail sur le long terme, Julien Bazus a conclu « en espérant que demain, notre savoir-faire innovant soit reconnu et mis au service d’autres acteurs français, voire internationaux ».

La délégation chinoise Aqui O Thermes

La délégation chinoise © J. D.

DE DAX À TENGCHONG

Depuis 2022, la société franco-chinoise Shenzhen Qianhai Sino Europe Spa Academy qui accompagne actuellement deux grands groupes d’investisseurs chinois dans le développement de thermes en Chine, collabore avec l’Institut du thermalisme de Dax pour son savoir-faire et son expertise scientifique, médicale, pédagogique et technique.

Dans l’établissement thermal de 130 chambres ouvert l’an passé à Tengchong (Yunan) avant un nouveau en 2024 dans le Sichuan, « sont mêlées pour la première fois médecine traditionnelle chinoise et pratiques thermales à la française », a expliqué George Yé de la délégation chinoise, lors d’une visite à Dax mi-octobre. 12 hydrothérapeutes chinois ont notamment été formés en visio – à cause des restrictions Covid – par l’institut dacquois rattaché à l’université de Bordeaux. La collaboration (dont les contours financiers aux « tarifs raisonnables » n’ont pas été dévoilés) s’effectue aussi sur leurs sources d’eaux (interprétation médicale, protocoles d’analyses physico-chimiques…) qu’ils mélangent à des argiles françaises souvent importées de Dordogne, pour produire leurs boues thermales.