Lancés sur les traces de Paul Dielenschneider, nous le retrouvons à Brest en alternance chez Thalès, leader mondial des hautes technologies. Il est l’un des quatre étudiants de l’école des métiers du digital du groupe AEN de Dax à avoir porté le projet d’une application à destination des curistes. Depuis 2018, il a créé son entreprise, CykaDev, et développe pour Aqui O Thermes, l’association des acteurs du thermalisme de Nouvelle-Aquitaine, cette solution numérique qu’il a nommée Thermassist. L’objectif de cette plateforme multifonctions pour curistes sur smartphone : faciliter leur séjour en leur permettant d’être connectés à leur établissement et d’obtenir des informations pratiques et personnalisées. Au menu : planning de soins, plan de l’établissement, trombinoscope du personnel, click and collect pour la boutique des thermes, répertoire d’activités et numéros utiles. Et en préparation : un système sécurisé de transfert d’ordonnances et la possibilité d’accéder à des conseils santé.
Aujourd’hui, après avoir été testée et éprouvée par un groupe pilote de quatre établissements thermaux de Nouvelle-Aquitaine, la première version est en phase de déploiement sur l’ensemble des établissements thermaux régionaux. « Le cluster a orchestré la phase test, ce qui a permis de collecter les retours et remonter les ajustements nécessaires », précise-t-il.
SUR TOUS LES FRONTS
C’est donc désormais au chef d’entreprise/développeur que s’adresse Thomas Ellin, responsable cluster chez Aqui O Thermes pour les évolutions de Thermassist. « Il fallait donner de la crédibilité au projet en lui associant une entreprise et pouvoir aussi facturer le cluster », rembobine le jeune entrepreneur avant d’ajouter : « Pulseo, le centre d’innovation technologique du Grand Dax, m’a notamment aidé à comprendre la structuration d’une entreprise et à chiffrer les prestations. »
À 22 ans, le jeune Orléanais qui termine sa cinquième année et obtiendra son diplôme d’expert en ingénierie informatique en août, espère bien continuer à vivre de sa passion et faire grandir sa société. « J’aimerais à terme avoir des locaux, des salariés. J’essaie de constituer une base de clients, un portfolio pour montrer mes compétences. »
Pour l’heure, Paul est sur tous les fronts, entre ses cours en visio, son alternance et sa société. Alors, il programme la nuit. Une situation dont il s’accommode sans difficulté, semble-t-il : « Après ma journée de travail, je checke mes mails et les tâches à faire. Je travaille généralement jusqu’à 1 h ou 3 h du matin. » Même s’il avoue ressentir « un peu » de fatigue parfois, « c’est le prix à payer pour atteindre mon objectif. Il faut beaucoup travailler et gérer pas mal d’administratif. J’ai appris grâce à une formation à la chambre de commerce et d’industrie de Dax comment cela fonctionne et toutes les cotisations et taxes que l’on doit régler. Ça fait un peu peur quand on n’a pas encore eu à payer d’impôt de sa vie ! »
Paul Dielenschneider © CykaDev
BIENTÔT LA VERSION 2
Avec une bonne dose d’opiniâtreté, Paul Dielenschneider avance et sera bientôt prêt à déployer la version 2 de l’application, plus ergonomique et rapide, en application web et mobile. Coût de la migration : 40 000 euros. S’il n’aura pas à sa charge la commercialisation de Thermassist, il compte poursuivre sa mission et se projette sur trois à cinq ans, compte tenu des prochaines fonctionnalités à mettre en place.
PSEUDO CYKADEV
Paul Dielenschneider s’est fait connaître dans l’univers des gamers grâce à ses créations qui lui ont valu « près d’un million de téléchargements ». Le joueur, qui code depuis l’âge de 10 ou 11 ans, fédère sur son site une communauté de 1 000 membres. Il a repris son pseudo CykaDev comme nom d’entreprise.
Ce dernier exprime une interjection slave (plutôt vulgaire) « Cyka » en référence à celles fréquemment entendues dans le monde des jeux et adoucie par le diminutif « Dev » de développeur.
« UNE QUESTION DE PERSÉVÉRANCE»
LES QUALITÉS NÉCESSAIRES POUR CRÉER SON ENTREPRISE
« La persévérance. On doit donner beaucoup de son temps personnel. Parfois, cela peut être décourageant de voir des entreprises plus grosses y arriver mieux. Il faut aimer ce que l’on fait, quitte à accepter parfois la défaite. Le plus important c’est de se renseigner auprès des gens qui connaissent et ne pas se lancer à l’aveugle. Aujourd’hui, j’essaie d’étendre mon portefeuille client.
En plus de Thermassist, j’ai par exemple créé un site vitrine pour une association humanitaire du Burkina Faso : SOS Paspanga. »
LA COMMUNICATION
« Elle est très importante pour élargir sa clientèle. Je travaille sur mon image de marque. J’ai d’ailleurs refait entièrement l’identité de mon site et je communique en ligne sur les réseaux, mon blog et l’application Discord pour animer ma communauté. »
LE +
« Je vais développer une nouvelle application de budgétisation tournée vers le particulier. »
En 2020, Paul Dielenschneider et Julien Aeberli ont remporté pour la deuxième fois le concours de l’innovation thermale du cluster thermal néo-aquitain Aqui 0 Thermes © Aqui O Thermes
THERMASSIST, DOUBLE LAURÉATE D’AQUI O THERMES
« Dans le cadre de notre première année de l’école des métiers du digital AEN, on nous a confié le projet de deux étudiants en kinésithérapie et nous l’avons appelé « Times Thermes ». Leur idée consistait à proposer une plateforme en ligne comportant les emplois du temps des curistes pour leur éviter leur traditionnelle feuille de papier amollie par l’humidité des thermes », retrace Paul Dielenschneider.
Après quatre ou cinq mois de travail, Paul et trois autres étudiants en informatique en présentent la première version. Elle leur vaut de remporter le concours 2019 de l’innovation thermale organisé par le cluster Aqui O Thermes.
Le projet est salué par le jury, mais taxé « d’un peu banal », se souvient-il. Une remarque qui incite les étudiants à voir plus loin. L’année suivante, Paul Dielenschneider et Julien Aeberli décident de se lancer en freelance pour améliorer le système. « C’était la seule manière de poursuivre le travail car en deuxième année, on étudie d’autres dossiers. » Ils imaginent un format plus ouvert, axé sur le tourisme avec un répertoire d’activités proposées par l’office du tourisme. « Nous avons trouvé les idées en tentant de répondre à la question : qu’est-ce qui peut rendre l’application unique et rassembler tout ce à quoi peuvent s’intéresser les curistes ? » Et leur travail paye. Ils remportent une nouvelle fois le concours doté d’une enveloppe de 1 000 euros et la possibilité de développer l’application qu’ils renomment Thermassist, accompagnés par le cluster thermal. Julien décide de quitter l’aventure trop chronophage pour ses études et Paul de la poursuivre.
