Dorénavant, pour dépister l’endométriose, maladie responsable d’intenses douleurs chroniques, souvent récidivante, qui touche une femme sur 10 en âge de procréer, une goutte de salive suffit. Le prélèvement est réalisé par la patiente elle-même, en présence d’un professionnel de santé qui l’envoie à Tercis-les-Bains par voie postale. L’Endotest, aujourd’hui disponible dans une quinzaine de pays, coûte 1 000 euros, mais la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a indiqué que « le gouvernement attendait les résultats des dernières études en juin, avant de décider du remboursement qui pourrait intervenir à la fin de l’année ».
12,5 MILLIONS D’EUROS D’INVESTISSEMENT
Comme c’est souvent le cas pour l’avènement de grands projets, l’idée d’implanter dans l’ancienne station thermale landaise, Ziwig Lab, laboratoire de biologie médicale moléculaire spécialisé dans l’analyse et le séquençage de l’ARN salivaire, est née à Paris lors d’un dîner dans un restaurant libanais entre Yahya El Mir, président fondateur de la biotech lyonnaise Ziwig et concepteur du test, et Hikmat Chahine, médecin biologiste, propriétaire d’une dizaine de laboratoires d’analyse médicale du groupe Unilabs AquiBio et maire de Tercis-les-Bains. Et le fait que l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine soit la cheffe de file du déploiement des filières régionales sur l’endométriose dans la stratégie nationale annoncée en janvier 2022 par le président de la République, Emmanuel Macron, a bien facilité les choses. Son directeur, Benoît Elleboode, présent à l’inauguration le 4 avril à Tercis-les-Bains, n’a pas fait mystère du soutien des autorités de santé et confirmé le remboursement à venir du test.
D’AUTRES PATHOLOGIES
Le nouveau laboratoire jouxte la maison de santé pluridisciplinaire installée dans la station thermale fermée en 2001 par arrêté préfectoral pour raison sanitaire. Le bâtiment et les robots d’analyse médicale ont été mis en place en moins d’un an. L’investissement de 12,5 millions d’euros a été porté par Hikmat Chahine.
Aujourd’hui, Ziwig Lab a une capacité de 4 500 à 9 000 tests par semaine. Et Ziwig, avec 15 ingénieurs, techniciens, qualiticiens, issus du monde de la physique, de la chimie, de la santé et de l’intelligence artificielle, poursuit ses investigations avec une plateforme de recherche et développement intégrée travaillant sur plusieurs pathologies, notamment les kystes ovariens et les cancers de l’utérus et du col de l’utérus, mais également en neurologie sur la maladie de Charcot. « Cette technologie d’analyse de l’expression de l’ARN salivaire a de multiples potentiels. Dans les 10 ans à venir, cette approche sera incontournable. La France se doit de ne pas laisser passer cette occasion. L’avenir se joue aujourd’hui », a expliqué le chercheur et concepteur de l’Endotest, Yahya El Mir.
COMMENT ÇA MARCHE ?
Dans un premier temps, les données biologiques sont recueillies avec extraction des micro-ARN salivaires (acides ribonucléiques, des molécules porteuses d’information génétique). La préparation est ensuite traitée par des séquenceurs à haut débit qui, grâce à l’intelligence artificielle, transforment ces micro-ARN en données numériques qui permettent le diagnostic.
La preuve de la signature diagnostique salivaire de l’endométriose a été apportée pour la première fois en 2022 par Ziwig, start-up lyonnaise créée en 2019 et spécialisée en analyse de l’ARN salivaire et en intelligence artificielle. Dès 2023, une étude a confirmé la performance et la reproductibilité du test avec une sensibilité supérieure à 95 %. En janvier dernier, en France, la Haute Autorité de santé a reconnu « son caractère innovant et ses performances diagnostiques. »