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Théâtre de Gascogne : Christophe Pomez, avec cœur et panache

SAINT-PIERRE-DU-MONT. Après cinq ans à la tête des affaires culturelles de la Martinique, Christophe Pomez est le nouveau directeur du Théâtre de Gascogne, depuis le 1er mars. Il entend poursuivre une programmation exigeante tout en construisant, avec les artistes et les acteurs économiques et culturels, une aventure « audacieuse et créative » qu’il veut ancrer dans son époque et dans l’identité landaise. Rencontre avec un directeur enthousiaste et inspiré.

© Frédéric Ferranti

Les Annonces Landaises : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

Christophe Pomez : L’envie de retrouver un lieu à taille humaine en lien avec un territoire, les habitants et les créateurs. Et puis ma compagne avait mis sa carrière entre parenthèses en me suivant, nous souhaitions revenir dans l’Hexagone.

LAL : Connaissiez-vous les Landes ?

C. P. : Pas du tout. Mais je viens de pays (Maroc, Roumanie) où l’hospitalité a du sens et j’ai retrouvé ici ce sens de l’accueil, de la fête, du partage, de la gastronomie. Je compte m’appuyer sur ces traditions, leur connecter les arts de la rue et qu’elles s’inscrivent dans le patrimoine de demain. J’aimerais ainsi proposer aux artistes et spectateurs une autre façon de vivre ce territoire.

LAL :​​​​​​​ Avez-vous déjà dirigé un théâtre ?

C. P. : Oui dans les instituts français à l’étranger, j’ai dirigé des salles de cinéma, de spectacles, des galeries, des résidences, des médiathèques et des théâtres de plein air.

LAL :​​​​​​​ Quelle est la nature de votre mission ?

C. P. : Je m’inscris dans la continuité du travail réalisé. Comme je l’ai dit au jury, pendant 10 ans, vous avez construit les fondations du Théâtre de Gascogne, je pense que vous cherchez un directeur qui poursuive le travail pour les 10 ans à venir.

LAL :​​​​​​​ Qu’évoque pour vous le Théâtre de Gascogne ?

C. P. : Un territoire et surtout un imaginaire. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai intitulé mon projet « Théâtre de Gascogne, l’audace culturelle ! », en imaginant les grandes figures, Cyrano, d’Artagnan qui m’évoquent la fougue, le courage, le panache… Je m’inscris dans la continuité de ce courage de rassembler trois scènes. La force de cet équipement est d’avoir trois salles à taille humaine et même quatre avec l’espace public.

LAL : Allez-vous proposer des spectacles hors les murs ?

C. P. : Oui nous allons d’abord rayonner sur l’agglomération et puis travailler hors les murs et hors de l’agglo. J’aimerais faire appel à des compagnies comme Opéra Pagaï en Aquitaine pour qu’elle invente un récit de territoire en impliquant les habitants, les pratiques en amateurs. C’est une continuité avec le thème de la scène conventionnée d’Intérêt national qui porte la mention « Art en territoire » et dont nous allons renouveler la demande d’appellation pour 2025-2028.

LAL : Quelle est la situation budgétaire du théâtre ?

C. P. : Le budget est stable. J’ai des projets d’associer d’autres partenaires, de développer un fonds de dotation pour financer la création avec des entrepreneurs qui ont compris que la culture est un vecteur de développement de l’entreprise. J’espère mobiliser du mécénat financier, en nature ou du mécénat de compétence. Pour des enjeux économiques et écologiques, il faut aussi penser à mutualiser des spectacles ou des compétences avec d’autres structures.

LAL : Comment comptez-vous contribuer à la transformation écologique du spectacle vivant ?

C. P. : En travaillant avec des artistes qui recyclent des décors, des costumes, en faisant du réemploi, en pensant aux circuits courts, en transformant le plan des éclairages lumière avec un plan leds…

LAL :​​​​​​​ Allez-vous accompagner des artistes ?

C. P. : Le théâtre doit être un lieu ressource, de formation et d’accompagnement, une pépinière culturelle. Je vais bien sûr respecter les engagements pris avec certains d’entre eux et nous accompagnerons des coups de cœur comme la compagnie Mmm de Mont-de-Marsan ou le chorégraphe franco-marocain Taoufiq Izeddiou dans l’objectif de renforcer la dimension locale et une ouverture à l’international.

LAL : Quelle sera la tonalité de la saison 2024-2025 ?

C. P. : Je ne sais pas encore. L’équipe du théâtre a commencé à y travailler avant mon arrivée. Ce sera une saison partagée. Je veillerai à l’équilibre de classiques du répertoire pour associer les scolaires, à compléter l’offre en fonction des nouvelles temporalités et des besoins, à décloisonner le théâtre pour lutter contre la monoculture et la standardisation ou à développer des résidences d’artistes en crèche…

LAL : Le festival Yeraz sur la culture arménienne sera-t-il reconduit ?

C. P. : Oui en 2025. Je ne sais pas encore la forme qu’il prendra.

LAL :​​​​​​​ Quel serait votre souhait aujourd’hui ?

C. P. : Ce qui me plairait c’est d’accompagner une génération de jeunes Landais dans la construction de leur identité culturelle.

© Frédéric Ferranti

© Frédéric Ferranti

BIO EXPRESS

À 51 ans, Christophe Pomez a travaillé 20 ans en Outre-mer et à l’étranger. Diplômé d’un master européen de gestion d’entreprises culturelles, il a été directeur délégué de l’Institut français de Marrakech, et en Roumanie, de Bucarest et de ClujNopa. Passé par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Auvergne, il a dirigé les affaires culturelles-Océan Indien à La Réunion avant de prendre la direction des affaires culturelles de la Martinique. Nommé pour trois ans, il est détaché du ministère de la Culture.