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Okina : moteur de la mobilité

Okina, fondée par Éric Gaignet en 2012, est devenue une référence sur les solutions numériques permettant aux collectivités de mieux définir leur offre de transport. La pépite landaise se prépare désormais à relever de nouveaux défis dans le secteur de l’information au voyageur.

Okina

© JPEG Studios

En un peu plus de 10 ans, Okina s’est installée dans le paysage de la data jusqu’à devenir un acteur clef dans la gestion et la distribution de données de mobilité pour les collectivités. Avec un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros en 2023, l’entreprise continue de grandir et d’intégrer de nouvelles dimensions à son offre. Rachetée en 2022 par Lumiplan, le leader français et européen des solutions d’information voyageurs qui souhaite faire de la start-up son centre de données pour les activités de mobilité, tourisme et ville, Okina explore désormais des opportunités à l’international, avec deux nouveaux marchés dans la gestion de l’information-ville à Abu Dhabi.

Ce rachat fait figure de tournant dans l’histoire de la petite structure dacquoise qui en gagnant de gros marchés publics avait jusque-là progressé à vitesse grand V, manquant parfois de personnel pour être opérationnelle rapidement. « J’arrivais à une limite pour développer la société et j’en étais conscient. Je voulais aussi assurer sa pérennité. Lumiplan nous a apporté une structuration, une organisation. Nous sommes 280 personnes et désormais 24 à Okina. On a tous les avantages d’un groupe, tout en restant à Dax », confie le fondateur de la start-up, Éric Gaignet, désormais co-dirigeant avec Laurence Toyou.

Plateforme de services de mobilité

Si Okina tire son nom du masque de la sagesse dans le théâtre japonais traditionnel, c’est bien là la seule image un brin littéraire qui colle à la start-up landaise. Car dans les 200 m2de bureaux installés depuis quelques semaines dans l’annexe du technopôle Pulseo au sein des locaux de la Caisse d’Épargne à Dax, on est plutôt au royaume de la donnée numérique.

Le concept peut paraître abstrait. Pourtant le principe est simple et a un impact direct sur la vie quotidienne. La start-up agit comme un centre logistique, collectant, qualifiant et distribuant des données de transport pour les collectivités. « C’est comme une bibliothèque : on récupère et on trie de l’information que l’on met dans les bonnes cases pour qu’elle puisse être utilisée par tous », explique Éric Gaignet. En somme, une plateforme de services de mobilité qui permet de mieux définir l’offre de transport : horaires, circuits, calculs d’itinéraires, analyse statistique pour éviter les zones blanches, etc.

Le tournant de l’open data

Ce marché de niche était encore sous-exploité en 2012 avant que l’entrepreneur ne s’en empare. Après 10 ans comme responsable informatique au sein de la société publique de transport landaise, Trans-Landes, Éric Gaignet décide de quitter son emploi pour réaliser son rêve entrepreneurial à 50 ans. Partant du constat que le manque de normalisation dans les données du transport entravait le développement de nouvelles idées, il imagine « des solutions plus robustes, innovantes et évolutives au niveau de plateformes numériques ».

À l’époque, contrairement au secteur de la banque ou de la santé, les données du transport sont pour la plupart enfouies dans de gros logiciels industriels empêchant les collectivités de les maîtriser sans système trop coûteux. Mais, en 2019, avec la loi d’orientation des mobilités (LOM) rendant obligatoire la publication des données de mobilité en open data, Okina trouve un terrain propice à sa croissance. Les collectivités locales peuvent enfin partager leurs données, et Okina se charge de les organiser pour les rendre exploitables.

La démarche avancée de cette plateforme qui n’existe pas encore en France va très vite retenir l’attention des collectivités. Éric Gaignet décroche ses premiers appels d’offres en 2018 avec les régions Nouvelle-Aquitaine et Bretagne, le début d’une série de succès avec par la suite, les régions Auvergne-Rhône-Alpes en 2019, Centre-Val-de-Loire et Pays-de-la-Loire en 2020 et 2022 et Nantes Métropole en 2023. « Les collectivités ont tout de suite vu l’intérêt de cette solution. Elles voulaient la gouvernance de leurs données qui représentent leur savoir-faire, leur connaissance et qui sont un réel capital. Nous avons donc débloqué beaucoup de verrous. »

School-iti pour le transport scolaire

En parallèle, l’entreprise développe School-iti, une application qui permet à une collectivité de gérer tout le transport scolaire sur son territoire, de l’inscription des élèves jusqu’aux horaires, en passant par le paiement. « On travaille avec Niort, Dax, Mont-de-Marsan, Maremne Adour Côte Sud, la région Nouvelle-Aquitaine et depuis cette année Montégut et Pornic… », énumère l’entrepreneur.

Et alors que l’Intelligence artificielle et la data sont au cœur de l’actualité, Okina s’apprête aussi à relever de nouveaux défis. Ses projets futurs incluent l’exploitation de l’IA pour analyser et simuler des données, ouvrant ainsi la voie à des perspectives innovantes dans le domaine de la mobilité connectée.