Après l’or au XIXe et le pétrole au XXe, l’eau est la ressource naturelle la plus convoitée du XXIe siècle. Mais, si on peut se passer d’or et de pétrole pour vivre, on ne peut pas se passer d’eau qui, sauf erreur de ma part, est l’un des rares biens, avec l’air et la lumière, sans substitut. La conjugaison du réchauffement climatique et de l’augmentation de la population mondiale explique la ruée vers l’eau. Certes, en 2010, l’Assemblée des Nations unies a déclaré « que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l’homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie ». Mais, les statistiques de l’ONU illustrent dramatiquement le caractère inéquitable de l’accès à l’eau. Nous sommes 7,7 milliards sur la planète et 2,2 milliards d’entre nous n’ont pas un accès régulier à l’eau potable. 4,2 milliards d’humains ne bénéficient pas de services d’assainissement. Près de 300 000 enfants de moins de 5 ans meurent tous les ans du fait de la qualité de l’eau consommée.
80 % des eaux usées se déversent dans l’environnement sans traitement
80 % des eaux usées se déversent dans l’environnement sans traitement. Et 90 % des catastrophes naturelles s’expliquent par le manque ou le trop-plein d’eau : sécheresses, grêle, inondations, tempêtes et cyclones… Rappelons-nous qu’il y a à peine 6 mois, la tempête Alex a ravagé les vallées de la Vésubie et de la Roya dans les Alpes-Maritimes occasionnant, outre des dégâts matériels considérables, un drame humain. Sur la côte Atlantique, de Xinthia en 2010 à Justine en 2021, les tempêtes s’enchaînent et se déchaînent provoquant, en particulier, le recul du trait de côte. La montée des eaux induit une réflexion en urgence sur le plan d’occupation des sols. L’enrochement ne sera qu’un cautère sur une jambe en bois. De Soulac, avec l’emblématique Signal, jusqu’à la pointe du Cap-Ferret, les pouvoirs publics n’auront d’autre choix que de transférer, loin de la côte, les habitations, les attractions et les commerces.

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De façon concomitante, les coûts provoqués par l’absence ou l’abondance d’eau sont de plus en plus élevés. Les statistiques de la Fédération française de l ’assurance indiquent que les sinistres climatiques ont coûté aux Compagnies 3,2 milliards d’euros par an entre 2015 et 2018 contre, à peine, 1,2 milliard dans les années 1990. À ce rythme, s’assurer contre les dégâts provoqués par l’eau va devenir un luxe.
Au travers de ces quelques chiffres, on comprend vite l’urgence de la situation et le caractère stratégique de l’eau. Des conflits pour l’eau ont déjà eu lieu au Moyen-Orient et en Afrique. L’eau attise aujourd’hui les tensions diplomatiques entre les pays riverains du Nil, l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan au sujet du barrage de la Renaissance. Le manque d’eau est un facteur de migration des populations du Sud vers le Nord, en particulier au Yémen qui est considéré comme le premier pays au monde en stress hydrique. Et l’OPA de Veolia sur Suez a pour objectif de constituer un géant industriel de taille mondiale de la gestion de l’eau. Bref, l’eau est au cœur des préoccupations. Le secteur de l’eau est d’ailleurs un secteur prisé des investisseurs dont le rendement es…