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Maïsadour : transformer les défis en opportunités

Face à l’urgence climatique, Maïsadour dégaine une nouvelle feuille de route. Avec « Ambition 2030 », la coopérative veut réinventer et déployer une agriculture régénératrice à forte valeur ajoutée.

Maïsadour

© Maïsadour

Devenir une référence du développement durable, telle est l’ambition de Maïsadour. « Ambition 2030 », c’est d’ailleurs le nom qui a été choisi pour la nouvelle feuille de route du groupe coopératif pour ces prochaines années.

« Nourrir les populations tout en préservant la planète n’est plus une option. L’agriculture fait partie de la solution. Nous devons faire preuve de créativité et de courage pour proposer des solutions pour le monde de demain », assure le président Daniel Peyraube. « Chez Maïsadour, nous faisons le choix de considérer ces défis comme des opportunités », renchérit le directeur général, Christophe Bonno. Jeudi 7 décembre, les deux hommes ont présenté les grandes lignes du nouveau plan aux adhérents de la coopérative, réunis à Saint-Pierre-du-Mont pour l’assemblée générale annuelle.

RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT

La démarche n’est pas nouvelle. En février 2022, la coopérative a obtenu le label Engagé RSE au niveau « confirmé » en récompense de son action et de son organisation en matière de développement durable. Elle ambitionne de décrocher le niveau « exemplaire » dès 2025. Pour y parvenir, quatre axes de travail ont été définis. Il s’agira tout d’abord de déployer une agriculture régénératrice et responsable.

Cela passera par une diminution de l’utilisation des énergies fossiles. Après avoir économisé 18 % sur ses consommations, le groupe souhaite que 50 % de l’énergie qu’il utilise soit renouvelable d’ici 2025. Le déploiement de panneaux photovoltaïques sur ses sites industriels et sur tous les nouveaux projets de bâtiments d’élevage est déjà lancé.

Également en 2025, 100 000 hectares seront en agriculture régénératrice, c’est-à-dire que les pratiques agricoles renforceront naturellement la qualité et la fertilité des sols. Baisse de 30 % de l’utilisation des engrais azotés, préservation de la ressource en eau et actions en faveur de la biodiversité sont inscrites sur la feuille de route. 100 % des parcours d’élevage seront notamment arborés d’ici 2026.

Enfin, une stratégie de réduction des émissions de CO2 est lancée pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2045.

RENTABILITÉ

Pour que le modèle soit viable, encore faut-il que la production soit rentable. Afin d’assurer une durabilité économique tant au groupe qu’aux agriculteurs, Maïsadour souhaite plus que jamais s’appuyer sur des filières à haute valeur ajoutée.

Le déploiement de productions 100 % françaises et locales permet de garder la valeur ajoutée sur le territoire, tout en répondant aux attentes sociétales. Nés, élevés et préparés régionalement, les poulets des marques Poulet d’Ici et St Sever bénéficient même d’une alimentation locale. Outre le maïs, le soja est cultivé et trituré dans le Sud-Ouest, grâce à la nouvelle unité installée à Saint-Sever l’an dernier.

Par ailleurs, pour aller chercher des économies et des gains de productivité, des plans de performance sont déployés dans l’ensemble des activités : le plan « Boost 2 » au niveau du groupe, « Turbo » pour la filière saumon, « Canard 360 » en palmipède et « Ginger 2 » pour la volaille.

Maïsadour

© Maïsadour

ATTRACTIVITÉ

Pour accompagner ses 5 000 agriculteurs adhérents, Maïsadour doit s’appuyer sur des équipes performantes. Premier employeur privé des Landes avec 2 100 salariés dans le département (sur les 4 300 que compte le groupe), la coopérative a besoin de « retenir et attirer les talents », insiste Daniel Peyraube.

Pour « les soutenir dans le développement de leurs compétences et de leur bien-être », « Ambition 2030 » comporte plusieurs actions. Lancée en septembre dernier, la « Delpeyrat Académie » propose des parcours de formation et d’évolution aux équipes commerciales de la marque. En 2024, une plateforme d’e-learning sera accessible à tous les salariés du groupe avec une formation carbone notamment. Le premier baromètre social sera lancé la même année. Enfin, pour développer l’attractivité des métiers agricoles, la coopérative travaille avec les écoles et les acteurs de l’emploi.

ENGAGÉE DANS LES TERRITOIRES

Ce chemin vers la transition agroécologique, Maïsadour sait qu’elle ne peut s’y engager seule. « Pour réussir, nous avons besoin de fédérer autour de notre projet, martèle le président. Nous devons mener cette action de manière collective. »

Aux côtés de toutes les composantes de la société (habitants, collectivités, acteurs économiques, institutions…), elle souhaite être actrice du développement des territoires sur lesquels elle est présente. Pour maintenir la vie sociale en milieu rural, elle a nommé deux experts pour travailler sur la transmission des exploitations. « Le renouvellement des générations et la pérennité des exploitations performantes sont des enjeux clés dans cette démarche, car combiner l’économie à la transformation est le meilleur levier pour fédérer autour de notre projet. »

L’EXERCICE 2022-2023 EN CHIFFRES

Malgré un contexte difficile (sécheresse estivale ayant entraîné une perte de 25 % des rendements en céréales, poursuite du conflit russo-ukrainien, inflation persistante et nouvel épisode d’influenza aviaire), Maïsadour enregistre « une croissance de son chiffre d’affaires (1,475 milliard d’euros) et un résultat en hausse de 35 % par rapport à l’année précédente », se réjouit le président Daniel Peyraube.

Les bons résultats sont dus, selon lui, aux choix du groupe coopératif : reprise à 100 % des actifs de Fermiers du Sud-Ouest, création de l’usine de trituration de soja Graines d’Alliance à Saint-Sever ou encore reconquête commerciale de la marque Delpeyrat. Cette dernière est redevenue deuxième sur le marché du foie gras en grande surface, lors de la saison festive 2022 (et même première sur le marché du canard gras et maigre depuis septembre dernier).

L’exercice 2023-2024, pour sa part, s’annonce sous de bons augures avec une bonne récolte « qui vient apaiser toute la filière ». Avec 515 000 tonnes, Maïsadour s’impose comme le premier collecteur de maïs du grand Sud-Ouest et le premier exportateur depuis les ports de Bayonne et Bordeaux.