Couverture du journal du 23/03/2024 Le nouveau magazine

Les lycées agricoles dans l’innovation

Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a voté cet hiver un plan d’investissement pour accompagner la modernisation des fermes des lycées agricoles. Certains qui ont participé au Trophée international de l’enseignement agricole (TIEA) au Salon international de l’agriculture de Paris, sont déjà très tournés vers l’innovation et l’agroécologie.

Lycées agricoles

Les étudiants de Oeyreluy ont présenté leur exploitation à Paris avec un casque de réalité virtuelle © J. D.

C’est avec un casque de réalité virtuelle que les huit élèves du lycée agricole landais de Oeyreluy se sont présentés au Trophée international de l’enseignement agricole (TIEA) pour montrer leur exploitation en 360°, des pâturages à la distribution du bol mélangeur. « On utilise la nouvelle technologie pour faire découvrir l’autonomie alimentaire vers laquelle on tend », expliquent Gabriel Bédère, Malia Notario, Sylvain Caresmel et Noé Bergès qui, ce matin-là, tiennent le stand du lycée au Salon international de l’agriculture (SIA). Devant Raclette, leur blonde d’Aquitaine dont le premier veau, Tartiflette, est né le 24 décembre dernier, ils insistent sur « l’innovation dans un lycée précurseur ».

GPS, TRAITES TOURNANTES ET HAUTE VALEUR ENVIRONNEMENTALE

Ici, la cinquantaine de vaches de race blonde d’Aquitaine et bazadaise, bénéficient de brosses automatiques qui les grattent pour leur bien-être, de cage de contention pour être manipulées en toute sécurité, de collier de chaleur pour mieux maîtriser l’insémination, de détecteur de vêlage qui envoie une alarme sur le téléphone avant la mise à bas. Et le tracteur est équipé d’un GPS pour tracer des lignes droites et ne jamais repasser au même endroit, en optimisant l’engrais déposé. « Ça permet d’être très précis, de ne pas perdre d’argent qu’on peut alors réinvestir dans d’autres innovations. Tout cela facilite grandement la vie de l’agriculteur et diminue sa charge de travail. Notre exploitation est très tournée vers ces tests d’innovation avec les aides financières de la région », note Gabriel Bédère, élève de première, qui était entré au lycée surtout pour sa section basket, avant de se plaire dans l’enseignement agricole par ce côté innovant.

Au lycée de Pau-Montardon (Pyrénées-Atlantiques) où l’élevage comprend 30 mères blondes d’Aquitaine et 45 prim’holstein, le hall technologique où on transforme le lait, dispose d’un système de traite tournante avec 20 vaches à la fois pour, là encore, faciliter le travail.

« On va aussi passer en haute valeur environnementale (HVE), avec notamment un travail de mise en place de haies pour favoriser la biodiversité sur l’exploitation. On développe l’homéopathie pour baisser l’utilisation de médicaments de synthèse. On essaie de suivre les tendances actuelles que souhaite le consommateur : on ne peut plus être éleveur sans penser développement durable et écologie », fait valoir Mathis Biès-Péré, lui-aussi concurrent du TIEA.

Lycées agricoles

« On ne peut plus être éleveur sans penser développement durable et écologie », selon les jeunes du lycée de Pau-Montardon © J. D.

ÊTRE À LA HAUTEUR DES ENJEUX DE DEMAIN

Pour pousser les 37 lycées agricoles publics néo-aquitains (9 000 élèves) à prendre le virage de l’agroécologie, 36 millions d’euros ont été alloués lors du vote du programme prévisionnel d’investissement de Nouvelle-Aquitaine pour les établissements publics locaux d’enseignement 2022-2028. « Il faut faire un travail sur la jeunesse et la formation. Cette enveloppe doit permettre d’accompagner la modernisation des fermes des lycées en investissant dans les bâtiments, en mettant aux normes les exploitations, pour servir de modèles aux futurs agriculteurs », a souligné au SIA, Jean-Pierre Raynaud, vice-président du conseil régional Nouvelle-Aquitaine, chargé de l’agriculture et de la transition agro-écologique : « Nous avons aujourd’hui certaines exploitations encore loin d’être exemplaires. C’est dramatique d’avoir des jeunes en formation avec des exemples pas à la hauteur des enjeux de demain. C’est le challenge que nous avons à relever. » De quoi faire des lycées agricoles des lieux d’innovation pour les apprenants, des lieux d’expérimentation et de démonstration pour la profession agricole, et d’information du grand public sur l’agriculture de demain.