Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Les agriculteurs en quête d’optimisation

Activité la plus consommatrice d’eau, l’agriculture est aussi celle qui a engagé des démarches de sobriété depuis le plus longtemps.

Grâce aux pluviomètres et tensiomètres installés dans ses parcelles de référence, la chambre d’agriculture émet des préconisations qui permettent aux agriculteurs de déclencher l’irrigation uniquement quand les plantes en ont besoin agriculteurs

Grâce aux pluviomètres et tensiomètres installés dans ses parcelles de référence, la chambre d’agriculture émet des préconisations qui permettent aux agriculteurs de déclencher l’irrigation uniquement quand les plantes en ont besoin © Chambre d’agriculture des Landes

L’agriculture est intimement liée à l’eau. Sur le bassin Adour-Garonne, les prélèvements agricoles s ’élèvent en moyenne à 900 millions de m3 par an, soit 42 % de la consommation totale (source : Agence de l’eau). L’activité est la première impactée par les restrictions mises en place en période de tension sur la ressource. Alors, en ce début de printemps, la profession n’est pas sereine. « Certains lacs ne sont pas pleins. Cela crée des inquiétudes, indique Bernard Grihon, responsable du service gestion de l’eau à la chambre d’agriculture des Landes. Pour autant, rien n’est joué. En 2002, la situation était hyper tendue à la fin de l’hiver. Et finalement, les gens ont très peu arrosé, car il a plu tout l’été ! En revanche, si le scénario de 2022 se répète, cela sera très compliqué. » Souvent pointée du doigt en période de sécheresse, l ’agriculture est pourtant l’une des activités qui s’est emparée de la question des économies d’eau depuis le plus longtemps. Tous les semenciers travaillent ainsi à l’obtention de variétés plus résistantes au stress hydrique. « Et depuis une trentaine d’années, la chambre d’agriculture a mis en place un réseau de parcelles de référence dans le département. Elles sont équipées de tensiomètres qui mesurent l’humidité du sol. Grâce à ces données, couplées aux températures passées et prévisionnelles, à l’évapotranspiration potentielle et au stade de développement des plantes, nous éditons chaque semaine un message-conseil auprès de tous les irrigants du département. Cet outil de pilotage et d’optimisation des seuils de déclenchement de l’irrigation permet de réaliser 20 à 30 % d’économie selon les endroits. »

Les appareils de mesure sont installés sur tous les types de cultures, comme ici sur des haricots verts agriculteurs

Les appareils de mesure sont installés sur tous les types de cultures, comme ici sur des haricots verts © Chambre d’agriculture des

GOUTTE-À-GOUTTE ENTERRÉ

Pour aller plus loin, la chambre travaille également depuis six ans sur une expérimentation d’irrigation en goutte-à-goutte enterré à Mont-de-Marsan et Villeneuve-de-Marsan. « Développée en Israël, cette technologie est encore nouvelle en France. Mais elle est prometteuse. » Apportée directement au niveau des racines, l ’eau ne s’évapore pas et est donc plus efficiente. Les apports peuvent être réduits de 15 à 20 %, tandis que la facture énergétique diminue de 20 à 40 %.

Jusqu’à maintenant, c’est le coût de l’installation qui a freiné son développement. « À 4 000 euros par hectare, c’est un investissement impossible à amortir sans aide incitative, reprend Bernard Grihon. Mais il semblerait que la technologie évolue et que son coût baisse significativement. Nous espérons démarrer une action collective sur le bassin versant du Midou pour inciter les agriculteurs à adopter ce système dont la mise en place réduirait instantanément le débit des prélèvements en cours d’eau. » En attendant, c’est par des stra- tégies d’évitement que les exploitants tentent de préserver leurs cultures. « Lorsque c’est possible, le service agronomique encourage les semis précoces pour éviter que la floraison des cultures n’intervienne lors des périodes les plus tendues en eau. »