Routine : nom commun qui ne fait pas partie du vocabulaire de Jeanne Aguesse. Le lundi, elle travaille dans une menuiserie, le mardi dans une agence web, le jeudi chez un producteur de vin… Jeanne Aguesse n’est pas slasheuse, terme anglo-saxon qui désigne les personnes qui exercent plusieurs métiers en même temps. Elle est directrice générale externalisée à temps partagé. Elle intervient quelques jours par mois au sein d’entreprises qui ont besoin de son expertise, sans pour autant nécessiter une personne à temps complet.
Ce mode d’organisation, elle ne l’a découvert que récemment. Il y a encore deux ans et demi, elle vivait en Australie. « Pendant 13 ans, j’ai aidé des entreprises d’informatique américaines à se développer dans l’Asie-Pacifique. » Monter des filiales, leur faire passer des paliers de croissance, déterminer la stratégie, assurer les recrutements et la formation des managers… Grâce à sa vision à 360 degrés, elle développait des structures solides, avant d’en confier la gestion aux équipes qu’elle avait mises en place.
Missions 100 % opérationnelles
À son retour en France, son profil lui vaut d’être immédiatement embauchée dans une « boîte de conseil en approche systémique ». Mais elle ne s’y plaît pas. « J’avais essentiellement des clients à Paris, ce qui ne correspond pas à mon projet de vie. Et surtout : je ne me retrouvais pas dans le conseil. J’étais frustrée de ne pas voir le résultat de mon travail ! »
Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est l’opérationnel. « Pouvoir constater rapidement l’impact des stratégies que je mets en place. » Mais pas facile de trouver localement un poste à la hauteur de ses attentes. La solution lui apparaît lorsqu’elle rencontre la franchise Bras droit des dirigeants.
Fondée à Toulouse en 2008, elle propose aux TPE, PME, start-up et ETI sans encadrement de bénéficier de l’expertise d’un cadre externe, intervenant de manière flexible pour des missions 100 % opérationnelles. Séduite par le concept, Jeanne Aguesse devient franchisée du réseau en mars 2024. Depuis un an, elle exerce ainsi en tant que directrice générale à temps partagé dans les Landes et le Pays basque.
Grand écart
« Ce que j’aime particulièrement dans ce mode d’organisation, c’est la diversité des entreprises avec lesquelles je travaille. Je fais le grand écart entre les problématiques. Je me nourris de la richesse des expériences. Et par ricochet, ça nourrit les entrepreneurs que j’accompagne. »
Elle le constate au quotidien : « les chefs d’entreprise ont un vrai besoin d’aide, d’accompagnement et surtout de retrouver du temps ». Et contrairement à d’autres solutions, son approche est résolument opérationnelle. « Quand ils font appel à un cabinet de conseil, ils obtiennent une réponse à leur problématique, mais ils repartent avec une liste de choses à faire en plus. Quand ils ont recours au coaching, ils travaillent sur leur posture… Mais leur to do list ne diminue pas. Moi, je suis une paire de bras supplémentaire et je leur enlève des tâches sur la liste. Je fais tout ce que les patrons n’ont pas le temps, les moyens ou l’envie de faire ! »
Ses interventions sont aussi diverses que les besoins des entrepreneurs. Elle gère les trois directeurs d’agence d’un chef d’entreprise qui n’aime pas manager ses équipes afin d’atteindre les objectifs fixés. Pour une entrepreneure qui s’interroge sur l’opportunité de se développer en Espagne, elle consacre deux jours par mois à étudier le projet. La cliente aura tous les éléments en main d’ici six mois pour prendre sa décision.
La DG externalisée travaille également avec un producteur de vin et d’armagnac qui veut se diversifier sans cannibaliser ses produits ou encore avec le créateur d’une agence web qui a besoin de mettre en place des indicateurs de performance pour mieux piloter son entreprise.
« En réalité, je travaille avec tous les chefs d’entreprise qui ont accepté qu’ils n’étaient pas des super-héros ! Ils connaissent leur valeur ajoutée, savent que c’est là-dessus qu’ils doivent se concentrer et sont prêts à déléguer le reste. » Une démarche qui requiert, selon elle, humilité et ouverture d’esprit : « C’est comme pour les psys : certaines personnes n’osent pas dire qu’elles ont vu quelqu’un. Pour faire appel à moi, il faut admettre qu’on a besoin d’un coup de main. »
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