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Ferias : quel coût économique ?

Alors que Bayonne vient d’augmenter son pass de 10 à 12 euros pour profiter de ses fêtes fin juillet, Dax a décidé de faire payer les gobelets réutilisables pour sa feria de la mi-août. D’autres villes comme Mont-de-Marsan et Saint-Vincent-de-Tyrosse espèrent conserver longtemps encore la gratuité.

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À Saint-Vincent-de-Tyrosse, les dépenses dédiées à la sécurité sont égales à celles des animations © Ville de Saint-Vincent-de-Tyrosse

Depuis une douzaine d’années, tout le monde s’est acclimaté à l’achat de verres consignés 1 euro pièce, remboursés au moment de leur restitution, évitant ainsi des tonnes de déchets plastiques dans les rues des ferias du Sud-Ouest. Du 11 au 15 août prochains, les 800 000 festayres attendus comme chaque année à Dax devront prendre de nouvelles habitudes. La cité thermale a en effet choisi une nouvelle formule, celle du verre (simple, à pied ou pichet) payé 2 euros à rapporter chez soi, en se le faisant échanger gratuitement contre un propre autant de fois que nécessaire, mais sans plus retrouver sa pièce à la fin. « C’est une façon de soutenir la feria qui coûte de plus en plus cher, en faisant participer financièrement tous les festayres », explique Pascal Dagès, adjoint au maire chargé des fêtes.

DES CORRIDAS QUI RAPPORTENT

Un million de gobelets officiels logotés à l’emblème des arènes, réutilisables trois ans, ont été achetés au prestataire Écocup par Dax pour être revendus aux cafetiers, restaurateurs, peñas et associations qui feront une marge de quelques dizaines de centimes par verre, avec toujours le même système généralisé de nettoyage et de logistique.

Grâce à ces gobelets, « on espère réussir à payer la subvention d’équilibre que la ville verse chaque année pour boucler le budget des fêtes et qui atteint, selon les années, 270 000 à 400 000 euros », détaille l’élu qui conseille de faire des pots communs entre amis à ceux qui s’inquiètent d’un coût final plus élevé qu’un pass à la bayonnaise au fil des jours et des verres de tournées. À Dax, « les fêtes coûteraient beaucoup plus cher au contribuable s’il n’y avait pas de corridas » dont le chiffre d’affaires représente « plusieurs millions d’euros » en régie municipale, rappelait, cet hiver, le maire Julien Dubois, au moment des débats sur la proposition de loi d’interdiction du député Aymeric Caron.

Des corridas qui permettent aussi à Mont-de-Marsan d’alléger le coût de ses fêtes de la Madeleine qui vont encore drainer entre 500 000 et 600 000 personnes du 19 au 23 juillet, et qui ne pourraient pas avoir lieu sans l’aide de centaines de bénévoles. « Les recettes de la tauromachie favorisent et aident à construire le budget de la régie des fêtes », souligne Pascale Haurie, adjointe au maire déléguée aux fêtes, qui incite d’ailleurs à réserver à l’avance ses places aux arènes du Plumaçon, alors qu’un afflux d’aficionados se remarque dans beaucoup de plazas du Sud-Ouest depuis les débats anti-taurins, en réaction de défense des identités locales.

Les coûts dédiés à la sécurité ont explosé ces dernières années avec des exigences supplémentaires de l’État

OPTIMISER TOUTES LES PRESTATIONS

Pour l’instant, pas question de rendre les fêtes payantes ici, ni par un pass ni par des gobelets (le verre reste consigné à 1 euro). « Ce n’est pas d’actualité. Maintenant, le coût de la sécurité explosant chaque année, on ne sait pas jusqu’à quand on pourra tenir », fait valoir l’élue, alors que la ville embauche notamment 110 agents de sécurité privés, en plus des caméras, PC de surveillance et autres postes de secours, pour compléter le dispositif habituel des forces de l’ordre.

Saint-Vincent-de-Tyrosse, troisième feria du département par sa taille et la foule qui s’y presse (15 000 personnes en moyenne le samedi soir, 10 000 environ les autres jours, mais bien en-deçà de Dax ou Mont-de-Marsan) milite toujours pour la gratuité de ses fêtes (13-16 juillet). « Nous souhaitons vraiment que cela reste des fêtes populaires, familiales, à destination du plus grand nombre, et que chacun puisse profiter des animations gratuites sur le domaine public. Des fêtes gratuites, c’est un budget qu’on essaie de contenir », souligne Régis Gelez, le maire, qui comprend les difficultés de grandes villes comme Bayonne ou Dax qui n’ont pas les mêmes dépenses. Ici, le budget alloué (hors corridas en délégation de service public) est de 120 000 à 130 000 euros dont 45 000 euros pour la sécurité (agents privés, postes de secours, etc.), avec « des coûts ayant doublé ces dernières années par des exigences supplémentaires de l’État », ce qui représente aujourd’hui « autant que le budget des animations pures et dures ! » Viennent ensuite la logistique (25 000 euros pour les locations de toilettes, urinoirs, barrières, podium, sonorisations…) et 10 000 euros de communication. « On essaie d’optimiser toutes les prestations », fait valoir l’édile qui ne lésinera pas en tout cas sur le feu d’artifice final qui sera tiré – une nouveauté – près de l’école des arènes, plutôt qu’excentré au stade comme d’habitude. « On a toutefois revu la puissance des bombes comme il sera tiré près du parc des arènes. » Une façon aussi de garder la foule une nuit de plus en cœur de ville pour continuer à faire la fête dans les bars et bodegas.