Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

Économie française : 25 propositions au service de la compétitivité

La situation est critique mais pas désespérée. Au lieu de faire des procès d’intention aux uns et aux autres, quelles propositions constructives peut-on faire au service de tous ? C’est ce que je propose dans cette chronique : 25 mesures simples et possibles au service de la compétitivité de l’économie française. Il appartient aux forces vives du pays de faire renaître cette économie française tel le Phénix. Les Français et nos frères européens nous attendent aux rendez-vous de l’Histoire.

Christian PRAT DIT HAURET pouvoir d'achat

Christian PRAT DIT HAURET © Louis Piquemil - La Vie Economique

Le contexte électoral l’a démontré plus que jamais : le pouvoir d’achat représente une place prépondérante parmi les préoccupations des Français. Indirectement, cela signifie que l’économie française n’a pas un niveau suffisant de compétitivité pour permettre une rémunération du travail suffisante permettant à une partie de la population de vivre correctement. De manière factuelle, 7 chiffres sont alarmants mais néanmoins réels. D’abord, la dette de l’État a atteint 3 100 milliards d’euros au 31 décembre 2023. Le déficit budgétaire de l’État s’est élevé à 154 milliards d’euros pour l’année 2023, soit l’équivalent de 5,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB).

Déficit commercial : 100 milliards d’euros en 2023

Parmi les autres données factuelles désastreuses, le déficit commercial 2023 s’est élevé à 100 milliards d’euros. Le nombre de personnes pauvres en France avoisine les 10 millions, ce qui représente 15 % de la population française. 16 % des Français ne mangeraient pas à leur faim, selon une étude publiée par le CRÉDOC. Le salaire médian mensuel des Français est de 1 850 euros, ce qui signifie que 50 % de nos concitoyens gagnent moins que la somme précédemment citée. Le patrimoine net médian des ménages français est de 165 000 euros, soit l’équivalent de 25 m2 à Bordeaux et par personne.

Reconstruisons une économie de l’offre centrée sur les besoins essentiels de la vie

Rompre avec les politiques keynésiennes de relance

La situation est critique mais pas désespérée. Au lieu de faire des procès d’intention aux uns et aux autres, quelles propositions constructives peut-on faire au service de tous ? Avant tout, une économie ne peut être pensée sans grands principes de philosophie économique, qui constitueraient la structure des décisions prises dans un cadre transpartisan. Le processus décisionnel peut être construit à partir d’un triple espace vectoriel : tout d’abord, la devise Liberté-Égalité-Fraternité ; ensuite, sa version moderne articulée sur le triptyque Liberté économique-Égalité de traitement – Justice sociale ; enfin, une philosophie comportementale construite autour du triangle : Éthique-Confiance-Esprit de responsabilité.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : il faut en finir avec les stratégies économiques du « push », construites sur une politique de la demande essoufflée et rompre avec les politiques keynésiennes de relance, toujours construites sur une demande décrétée et une consommation artificielle. Reconstruisons une économie de l’offre centrée sur les besoins essentiels de la vie. Finalement, à quoi aspire tout un chacun dans sa recherche de dignité de vie ? 4 choses : bien se nourrir, avoir un logement décent, se soigner quand la question se pose et avoir accès à des activités culturelles et sportives choisies. Après savoir si on a un joueur de polo sur la chemise ou une avec un « no brand », c’est accessoire.

Faisons jouer en harmonie le quatuor : INVESTIR-PRODUIRE-PARTAGER-CONSOMMER

De manière plus concrète, voici 25 propositions :

P1 : Créer un Conseil National de la Refondation Économique.

P2 : Émettre un emprunt d’État de 1 000 milliards, proposé aux Français au taux de 4 % afin de « renationaliser » la dette, selon une logique « à la japonaise ». Le montant de l’emprunt proposé représente l’équivalent de 7 % du patrimoine net des Français qui s’élève à 14 000 milliards d’euros.

P3 : Mettre dans la Constitution l’interdiction de voter un budget de l’État en déficit, comme l’a fait l’Allemagne.

P4 : Simplifier et réduire les contraintes administratives, non créatrices de valeur sociétale.

P5 : Exonérer de charges sociales salariales, patronales et d’impôt sur le revenu, toutes les heures supplémentaires réalisées par les salariés au-delà des 35 heures hebdomadaires.

P6 : Refondre complètement la fiscalité en réformant les 3 « vieilles », à savoir l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés et la TVA. Le monde et l’économie ont changé et on a des impôts qui ont vieilli.

P7 : Supprimer l’impôt sur le revenu et le remplacer par une double taxe : une TCD (Taxe sur la Consommation des Données) et une TED (Taxe sur l’Échange des Données).

P8 : Instaurer une TVA à un taux super réduit de 1 % sur les produits de première nécessité et la remplacer par une taxation sur les transactions financières.

P9 : Accorder un crédit d’impôt égal à 50 % des charges d’intérêts, supportées sur les emprunts contractés par les primo-accédants pour l’acquisition de leur habitation principale, et cela sur une durée de 10 ans.

P10 : Augmenter la taxe sur les logements vacants pour inciter les propriétaires à mettre sur le marché les logements vides, et donc augmenter l’offre des logements disponibles à la location ou à l’achat.

P11 : Harmoniser la fiscalité des locations non meublées sur celle des locations nues, et supprimer la CSG sur tous les produits locatifs, quelles que soient les modalités de location.

P12 : Supprimer la CSG sur tous les salaires compris entre 1 fois et 2 fois le SMIC et imposer aux entreprises de reverser cette somme à 100 % aux salariés, et exonérer ce montant de charges sociales salariales et patronales.

P13 : Rendre le contrat d’intéressement obligatoire pour toutes les entreprises quel que soit leur effectif.

P14 : Exonérer de droits toutes les donations faites par les grands-parents à leurs petits-enfants à hauteur de 100 000 euros par grand-parent et par petit-enfant, tous les 15 ans.

P15 : Augmenter le plafond défiscalisé des donations aux enfants à hauteur de 150 000 euros par enfant et par parent tous les 10 ans.

P16 : Supprimer l’abattement forfaitaire de 10 % dont bénéficient les retraités qui ont une pension de retraite par part de plus de 2 000 euros par mois.

P17 : Revoir en profondeur l’ingénierie du système de protection sociale en analysant le rapport coûts-avantages sociaux et la recherche d’une équité sociale optimale.

P18 : Limiter les cas de ruptures conventionnelles à des conditions strictes.

P19 : Revoir les conditions de travail des seniors pour les maintenir en activité professionnelle à temps partiel ; et ceci si leur santé le permet.

P20 : Voter le projet de loi sur l’assurance-chômage.

P21 : Réaliser le bilan coûts-avantages des formations en alternance et réaffecter une partie des sommes aux formations ayant pour objectif la montée en compétences des adultes durant leur vie professionnelle (formation continue tout au long de la vie).

P22 : Créer un observatoire de lutte contre les discriminations.

P23 : Rendre obligatoire le calcul d’un index mesurant l’égalité de traitement hommes-femmes dans toutes les entreprises de plus de 10 salariés.

P24 : Revisiter la démocratie sociale au sein des TPE, PME et ETI.

P25 : Créer un cours de culture économique dans tous les lycées et dans toutes les formations de niveau Bac +1 à Bac +3, quel que soit le type de formation.

Il faut supprimer la CSG sur tous les salaires compris entre 1 fois et 2 fois le SMIC et imposer aux entreprises de reverser cette somme à 100 % aux salariés

Citations :

« En période de mobilité économique, la souplesse est une condition du plein-emploi »

Alfred Sauvy

« L’économie est fille de la sagesse et d’une raison éclairée : elle sait se refuser le superflu, pour se ménager le nécessaire »

Jean-Baptiste Say (Traité d’économie politique)

Publié par