Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

[Dossier : La construction en mutation] Écoconstruction : des maisons de paille et de bois

Crèches, logements sociaux, réfection de bâtiments historiques… le marché de la construction et de la rénovation dites écologiques s’étoffe. Actrice majeure du secteur, la coopérative Habitat-Éco-Action, basée à Tarnos, qui réunit 65 professionnels spécialisés, participera, les 21 et 22 octobre, à Auterrive (Béarn), aux ateliers et tables rondes, de la 6e édition de « Faites de l’éco-habitat ».

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« Le message des trois petits cochons sur les qualités de la construction des maisons est un mensonge ! » © Habitat Éco-Action

C’est par une conférence gesticulée, en paroles et musique, que Manuel Moreau de la compagnie des Frères Lepropre, va ouvrir cette fête de l’éco-habitat, le 21 octobre en fin de journée. Le thème ? « Le mensonge des trois petits cochons »… Car au cours de l ’événement co-organisé par le Pôle territorial de coopération économique Sud Aquitaine, tous les professionnels du bâtiment vous le diront : en termes de performances énergétiques et de confort du quotidien, « une maison en paille est mieux qu’une maison en bois qui, elle- même, est mieux qu’une maison en parpaing ».

Pierre DRIOLLET Fondateur de la coopérative Habitat-Éco-Action construction

Pierre DRIOLLET, fondateur de la coopérative Habitat-Éco-Action © Habitat-Éco-Action

« CHANGER LA FAÇON DE CONSTRUIRE »

Les constructions dites écologiques, « ce sont des économies d’énergie pour assurer un confort d’été et d’hiver, et des matériaux biosourcés non polluants qui ont l’avantage de faire migrer l’humidité hors des murs naturellement. Ce sont aussi des professionnels locaux qui travaillent des matériaux locaux : l’argent reste donc sur le territoire sans aller à des actionnaires de multinationales du bâtiment », fait valoir Pierre Driollet. Fondateur en 2014 de la coopérative Habitat-Éco-Action qui a initié le festival, sa conviction depuis ses débuts est qu’il faut « changer la façon de construire et rénover, en travaillant sur les économies d’énergie et pour la santé des professionnels et des habitants ».

De cinq entrepreneurs il y a huit ans, la coopérative, basée à Tarnos avec une antenne à Pau, fédère aujourd’hui 65 professionnels du Sud des Landes, du Pays basque et du Béarn.

À Auterrive*, une trentaine d’entrepreneurs seront présents, tous corps de métiers confondus : maçons spécialisés dans le chanvre, la terre ou la chaux, charpentiers-menuisiers qui travaillent le bois, professionnels de la lumière naturelle pour faire baisser ses consommations électriques, ou encore spécialistes de la gestion de l’eau pour arrêter, par exemple, d’utiliser l’eau potable dans ses toilettes.

DES PARTICULIERS AUX BAILLEURS SOCIAUX

Car l’écoconstruction, ce n’est plus uniquement faire tout seul dans son coin sa maison écolo, comme dans l’imaginaire collectif. « Il y a de vrais professionnels pour cela », commente Pierre Driollet.

Maisons individuelles, refuges rénovés en montagne, crèches sur appels d’offres publics, réfection de bâtiments historiques comme les façades à la chaux du château de Méharin (Pays basque) ou isolation en botte de paille d’une partie de la nouvelle usine des Chanvres de l’Atlantique à Saint-Geours-de-Maremne… le marché se densifie. Depuis quelque temps, la coopérative travaille aussi avec des bailleurs sociaux (XL Habitat, Habitat Sud Atlantic, le COL) à des projets d’ensemble de huit logements en béton de chanvre à Labatut ou de l’habitat en structure bois et remplissage en botte de paille à Ostabat (Pays basque) et Tarnos. Mais « des programmes de 60 ou 80 logements, on n’est pas en capacité d’y répondre ». Pour lui, « l’enjeu majeur à venir est que de plus grosses entreprises conventionnelles du bâtiment s’y mettent. Cela commence tout doucement ». Et pour sensibiliser le grand public à toutes ces techniques et que cette construction militante se démocratise, les initiatives se multiplient en ce week-end d’octobre à Auterrive : visites de chantiers et maisons rénovées, ateliers pour mettre la main à la pâte, de projection de terre/chanvre sur mur en pierre à la fabrication d’adobe, technique ancestrale de briques en terre crue.

Quant au prix, tout dépend bien sûr des matériaux, des contraintes du lieu, etc. Mais « une chose est certaine, selon Pierre Driollet, il n’y a pas de bâtiment en matériaux biosourcés qui ne soient pas économes en énergie. Sinon ça n’aurait aucun sens ».

https://habitat-eco-action.fr/