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« Camping : la reprise », interview avec François Champetier de Ribes

Les campings landais ont connu des records de fréquentation sur les longs week-ends de mai, et les réservations pour l’été se présentent bien. Néanmoins, pour François Champetier de Ribes, président du syndicat départemental de l’hôtellerie de plein air et propriétaire du camping Lou Broustaricq**** à Sanguinet, 2021 ne pourra pas être une « bonne année » en raison de son démarrage tardif.

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François Champetier de Ribes, Président du syndicat de l’hôtellerie de plein air des Landes © D. R.

Les Annonces Landaises : Les campeurs ont-ils été au rendez-vous des longs week-ends de l’Ascension et de Pentecôte dans les Landes ?

François Champetier de Ribes : Tout s’est effectivement très bien passé, en dépit d’une météo pas très favorable. Personne ne s’est soucié du temps, les gens étaient heureux de profiter du plein air, de manger au restaurant du camping ou de faire un barbecue, les pieds dans l’herbe. Certains campings étaient pleins. À Sanguinet, nous étions à 80 % d’occupation, un bon niveau pour des week-ends de mai qui se remplissent beaucoup avec des Parisiens, des Bordelais, des Agenais, des Toulousains, des locaux comme de plus en plus souvent désormais. Même si le littoral ou les lacs ont toujours une petite préférence, je pense que les campings de l’intérieur des terres ont également bien fonctionné, parce qu’avec la Covid, on redécouvre les charmes de la campagne et des grands espaces.

© Shutterstock – nito

 

LAL : Dans le cadre de ce nouveau déconfinement, quels sont les protocoles sanitaires prévus pour la saison 2021 et quel est le calendrier de réouverture des équipements et des services au sein des campings ?

F. C. de R. : Nous avons effectivement un plan de marche très précis. La profession a rédigé un protocole sanitaire il y a un an qui a été accepté en l’état par la Direction générale de la santé. Nous l’avons appliqué en 2020, et forts de l’expérience de l’année dernière, nous le reconduisons en 2021. En effet, plus nous sommes vigilants sur la désinfection des mobil-homes, des sanitaires, sur les zones de distanciation autour de la piscine, plus nos clients sont rassurés. Ils peuvent passer des vacances tranquilles en respectant les gestes barrières, l’usage du gel hydroalcoolique et le port du masque. En ce qui concerne le déconfinement en trois phases, depuis le 19 mai, un certain nombre de services ont rouvert, notamment les piscines extérieures, les terrasses des restaurants jusqu’à 21 h. Comme dans les hôtels, les restaurants des campings peuvent ouvrir à l’intérieur pour les clients jusqu’à 21 h. À partir du 9 juin, les bassins couverts pourront être de nouveau accessibles avec une jauge de 30 %. Et à partir du 30 juin, nous retrouverons le fonctionnement normal.

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LAL : Après une année 2020 qui n’a démarré qu’en juin, quelle est la situation financière des campings à l’aube de cette nouvelle saison ?

F. C. de R. : En 2020, nous avons réalisé de bons mois de juillet et août qui représentent 80 % de notre activité annuelle. Il n’en reste pas moins qu’il manque dans les caisses 20 % du chiffre d’affaires réalisé habituellement sur les ailes de saison, puisque nous n’avons pas pu bénéficier de l’avant-saison et que l’arrière-saison a été inexistante en raison du temps maussade, de la deuxième vague du virus et de l’annonce du reconfinement.

Les aides de l’État ont néanmoins permis de soulager les trésoreries. La plus importante a sans doute été la demande du Président de la République à la Fédération bancaire française de reporter toutes nos échéances d’emprunts et de crédits-bails d’un an. Mais, l’échéance n’est que repoussée.

Or, en 2021, nous redémarrons avec un mois d’avril à zéro. En effet, même si nous étions ouverts, les clients n’avaient pas le droit de se déplacer à plus de 10 kilomètres de leur domicile jusqu’au 3 mai. Et il n’y a pas eu de ponts pour les 1er et 8 mai.

LAL : Comment se dessinent les réservations pour l’été ?

F. C. de R. : De ce côté-là, tous les clignotants sont au vert, avec un niveau de réservation très rassurant, puisque nous affichons déjà complet sur certaines périodes pour les mobil-homes. Si le rythme se maintient, nous sommes bien partis. Tout dépendra de l’automne. Mais, quoi qu’il en soit 2021 ne sera pas une bonne année, puisqu’il manquera deux ou trois mois d’activité.

Pour les protocoles sanitaires, nous avons un plan de marche très précis

LAL : Les attentes des clients vous semblent-elles avoir évolué ?

F. C. de R. : Je ne crois pas que les attentes de la clientèle aient été modifiées dans son rapport au classement, aux infrastructures… La morphologie de la demande reste identique : les familles avec des enfants vont privilégier les établissements qui proposent un mini-club, un club ado, un espace aquatique avec toboggan… Un couple plus âgé va peut-être préférer un camping plus calme… Néanmoins, les premières enquêtes sur les intentions des Français pour leurs vacances révèlent que s’ils vont être plus nombreux qu’en 2020 à partir à l’étranger, une large majorité va rester en France cette année et que le camping demeure une offre attractive et plébiscitée.

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LAL : En dépit du contexte, les campings landais ont-ils poursuivi leurs investissements ?

F. C. de R. : Au-delà des services, les campings vendent essentiellement des infrastructures, avec les piscines couvertes dotées de plusieurs bassins, les espaces aquatiques, les salles d’animation, les restaurants, les laveries, les salles de jeux, le renouvellement des mobil-homes… Ce sont des programmes d’investissements lourds qui s’étalent sur plusieurs années et que nous ne pouvons pas interrompre pour garantir des campings propres, neufs et pimpants.

Pour l’été tous les clignotants sont au vert, avec un niveau de réservation très rassurant

LAL : Toujours en matière d’investissements, comment le secteur de l’hôtellerie de plein air landais aborde-t-il la transition écologique de son activité ?

F. C. de R. : Nous sommes dans les starting-blocks puisque dans le cadre du plan de relance, l’Ademe porte une série d’aides, notamment en direction du secteur du tourisme et de l’hôtellerie de plein air, pour la conversion à une économie plus durable. Il peut s’agir, par exemple, du chauffage de la piscine par une moquette solaire, de l’isolation des canalisations d’eau chaude des sanitaires ou des mobil-homes… Une vingtaine de projets landais ont déjà été pointés par l’Ademe pour des subventions qui couvrent une partie de l’investissement. Il est probable qu’à l’issue de la saison de nouveaux campings vont se positionner sur le sujet.