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Materr’up : la pépite green tech

Avec son béton bas-carbone breveté, Materr’up intègre le programme national French Tech Green 20 et passe à la phase industrialisation en construisant sa première usine à Saint-Geours-de-Maremne.

Charles NEUVILLE, son frère Mathieu NEUVILLE et Manuel MERCÉ, les fondateurs de Materr’up © D. R.

Le béton signé Materr’up ? « Un matériau qui réduit l’empreinte carbone des bâtiments de 50 % à 80 % pour une construction responsable, respectueuse de la planète et protégeant l’avenir des générations futures », résume la start-up landaise. À la veille de la mise en œuvre de la Règlementation environnementale 2020 au 1er janvier 2022, l’intérêt industriel de ce béton structurel, qui remplace le ciment classique par un ciment d’argile crue grâce à un liant breveté, n’a pas échappé à la Mission French Tech. Créée fin 2018 à Saint-Geours- de-Maremne, Materr’up vient d’intégrer le cercle des 20 champions français de l’écologie de demain, sélectionnés par les ministères de l’Économie et de la Transition écologique et le jury du programme French Tech Green 20 sur leur capacité à devenir des leaders technologiques de la transition environnementale et à déployer leur projet à grande échelle. « Une vraie reconnaissance pour Materr’up qui doit également lui permettre de bénéficier de l’accompagnement des ministères, des services de l’État et de Business France », se réjouit Charles Neuville, directeur financier, fondateur de l’entreprise avec Mathieu Neuville, ingénieur en chimie et docteur en physique et Manuel Mercé, docteur en chimie. « Alors qu’aujourd’hui le secteur du BTP génère au niveau mondial 27 % des émissions de CO2 et 75 % des déchets, notre identité c’est d’assurer le trait d’union entre les exigences règlementaires de la construction moderne et l’argile crue, ce matériau ancestral à la fois économique, esthétique, et intrinsèquement bas-carbone. Ses performances thermiques permettent en outre de rafraîchir les bâtiments et d’apporter un confort d’été », poursuit-il. Avant de décliner les champs d’application : des fondations et des dalles aux larges murs en passant par l’aménagement urbain et les pistes cyclables… soit 80 % des applications du béton conventionnel.

Une usine de 1 800 m2 et 10 recrutements

« Notre solution, déployable avec les outils classiques des bétonniers, est particulièrement sollicitée pour répondre à la RE 2020, mais aussi parce que les maîtrises d’ouvrage publiques et privées sont de plus en plus nombreuses à vouloir associer le beau et le bon pour la planète et les usagers », affirme le dirigeant. La start-up s’apprête à passer à la phase industrialisation de la formule qui valorise les terres d’excavation des chantiers locaux (Materr’up Cycla) ou l’argile issue des carrières (Materr’up Argiroc). Une levée de fonds de 3 millions d’euros opérée en octobre 2020 et une subvention de 596 000 euros de l’État dans le cadre du plan France relance lui permettent de financer une usine de 1 800 m2 sur un terrain d’un hectare, au sein de la zone d’activités Atlantisud, à Saint-Geours-de- Maremne. L’unité dont les travaux démarreront mi-juin doit être opérationnelle début 2022 pour desservir les chantiers du sud des

Landes, particulièrement actifs en matière de construction. Avec dans l’objectif le recrutement, aussi bien en production qu’en R&D, de 10 personnes qui rejoindront l’équipe actuelle de neuf personnes.

« Materr’up veut montrer que l’industrie de demain peut être soucieuse de l’environnement, créer de l’emploi et devenir génératrice de bien-être grâce aux matériaux. » Et ce modèle vertueux, implanté sur les bassins que l’usine va servir pour éviter les transports de matière, peut être dupliqué à l’infini.

Déployable avec les outils classiques des bétonniers, le béton bas-carbone de Materr’up couvre 80 % des champs d’application du béton conventionnel © D. R.

Constructerr : Une chaire pour faire bouger les lignes

Au-delà de la Règlementation environnementale 2020 qui prévoit dès le début 2022 de diminuer l’impact carbone des bâtiments, de poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et d’en garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires, « l’urgence climatique nous impose de construire différemment », rappelle Charles Neuville, dirigeant de Materr’up.

Autant d’enjeux pour Constructerr, la chaire industrielle portée à 55 % par la start-up, en partenariat avec l’université de Pau et des Pays de l’Adour et son école d’ingénieurs ISA BTP. Le credo : « Nous associer avec l’excellence académique en termes de construction et d’expertise en béton pour fédérer, créer des ponts et des interfaces entre les mondes académique et industriel. L’objectif : partager la connaissance, favoriser les échanges entre les différents acteurs et accompagner l’écosystème de la construction vers ce modèle productif qui accélère la transition industrielle et écologique. »