Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Armagnac – Carole Garreau : « Un bon Salon… quand même »

Carole Garreau a participé au 60e Salon international de l’agriculture, du 24 février au 3 mars dernier à Paris. L'armagnac hors d’âge du château Garreau y a obtenu la médaille d’or au Concours général agricole. Impressions.

Stand 3C191, avec Carole Garreau et son mari Michel pour déguster des bouquets uniques © H. R.

Les Annonces Landaises : C’est la huitième fois que vous tenez un stand au Salon de l’agriculture. Quel est le bilan de ce millésime 2024 ?

Carole Garreau : Ce salon s’est très bien passé. On a ressenti un réel intérêt pour l’armagnac. On a rencontré des clients récurrents, mais aussi de nouveaux clients qui s’intéressaient aux spiritueux en général et qui sont venus découvrir l’armagnac. Ce moment parisien est important à titre commercial, mais également pour l’image de l’armagnac. Nous avons à convaincre que ce n’est pas uniquement un digestif. Cette image-là est encore bien ancrée dans les esprits. À nous de montrer que l’on peut vraiment faire toutes les expériences, du cocktail jusqu’au digestif.

LAL : De la première dégustation au palais confirmé, il y a également plusieurs paliers ?

C. G. : En effet, il est plus facile de démarrer par un assemblage, comme notre hors d’âge ou un VSOP qui sont plus consensuels. Le principe d’un assemblage, c’est souvent ça, c’est d’être plus consensuel, de pouvoir plaire à plus de monde. Alors que le palais confirmé va aller sur un millésime en général qui a sa personnalité, une typicité plus marquée.

LAL : Votre hors d’âge a d’ailleurs été primé. Vous aviez travaillé spécialement pour l’obtention de la médaille d’or ?

C. G. : Spécialement non. C’est difficile de savoir quelles sont les sensibilités des palais du jury. Il y a toujours une composante subjective. On peut tomber sur une table où les jurés préfèrent le boisé ou une autre le fruité. L’année dernière déjà – ma modestie dut-elle en souffrir – nous avions obtenu une médaille d’or sur la blanche d’armagnac. On ne travaille pas pour une médaille, mais pour faire des produits de qualité. C’est la philosophie, le positionnement, de la maison. Tout le travail de l’élevage, donc du vieillissement en barriques neuves, est déterminant. Il n’y a aucun ajout d’intrants, de caramel ou d’autre chose. C’est le temps en barrique qui va donner à l’armagnac sa couleur et ses orientations plutôt fruitées ou plutôt boisées. De plus, nous demandons aux tonneliers des temps de chauffe de la barrique qui font la différence.

LAL : Ce Salon a été un peu chahuté par des agriculteurs en colère. Est-ce que cela vous a posé problème ?

C. G. : Aucun. D’autant que nous sommes solidaires. Parce que les vignerons sont dans la même situation que les autres agriculteurs et parce que le mouvement est totalement fondé. Il y a énormément de problématiques agricoles oubliées ou non résolues, ne serait-ce que pour le niveau de vie. Nous travaillons beaucoup et nous n’avons pas forcément des revenus à la hauteur du travail réalisé. On est aujourd’hui dans une équation difficile à résoudre où il faut nourrir la population avec des produits sains, de qualité, mais pas cher, tout en respectant l’environnement. De plus, cela fait quatre années qu’en raison des conditions climatiques, on n’a pas eu une récolte normale et que les charges augmentent sans arrêt puisqu’on a connu l’inflation comme tout le monde, mais aussi l’augmentation du prix des matières premières liée à la fois au Covid et à la guerre en Ukraine. Quant au système d’assurance multirisque climatique, il existe mais il n’est plus du tout adapté aux évolutions climatiques

AU CŒUR DU BAS-ARMAGNAC

Le château Garreau, également connu sous le nom de domaine de Gayrosse, est situé au cœur du Bas-Armagnac, à proximité de Labastide-d’Armagnac. Les 27 hectares de vignes, principalement dédiés à l’eau-de-vie gasconne, sont conduits en agriculture raisonnée et ont obtenu le label Haute Valeur environnementale. Son terroir ensoleillé, ses bois de chêne, son chai souterrain plus que centenaire, ses alambics (1919 et 1932) toujours en service donnent à ce fleuron de l’armagnac une personnalité, une saveur et un bouquet qui embaument prunelle et violette.