Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Unelo : travaux publics innovants

Basée à Seignosse et déjà connue pour ses revêtements à base de sédiments sableux de dragage, l’entreprise Unelo qui fête ses 10 ans en mars, vient de mettre au point une solution de désimperméabilisation de sol en
modules préfabriqués à partir de béton de sable.

Unelo

Fanny et Thomas CHARDIN, Codirigeants d’Unelo © J. D.

Les promeneurs du bord du lac d’Hossegor peuvent observer, tout ce mois de février, les engins amphibies et le tapis roulant déplaçant le sable accumulé vers les plages de l’étang marin, géré depuis 2018 par la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud. Ce dragage d’entretien de 5 000 m3, pour un coût de 165 000 euros H. T., est mené par Unelo, grâce à « des techniques innovantes moins impactantes pour l’environnement ».

« Autrefois, les camions venaient à marée basse pour récupérer le sable et faire des centaines d’aller-retour vers les plages du lac… Nous avons spécialement conçu des tapis roulants dédiés au sable collant qui flottent au gré des marées, chargés par une pelle amphibie connectée pour savoir où le chauffeur doit enlever le sable, à quelle profondeur, le tout grâce à des logiciels qui ont redessiné le fond du lac en 3D dans notre bureau d’études », explique Thomas Chardin, cogérant d’Unelo avec son épouse, Fanny. Autre avantage, la pelle fonctionne à l’huile biodégradable.

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Unelo réalise le dragage du lac d’Hossegor avec engins amphibies et tapis roulant © J. D.

DU FOND DES ÉTANGS AUX REVÊTEMENTS DE SOL

Depuis qu’ils ont créé Unelo en 2013, sur les bases de l’entreprise familiale de travaux publics (TP) fondée par le père de Thomas Chardin des décennies plus tôt, le couple s’est centré sur une approche plus écologique. Au départ, surtout sur le VRD (voiries et réseaux divers), « on a voulu tout de suite construire une partie environnementale avec la gestion des sédiments de dragage. On a acheté une pelle spécifique en Allemagne. Dans nos premiers marchés avec le département des Landes, il nous fallait valoriser ces sables », rembobine Thomas Chardin. Résultat, avec 20 000 à 30 000 tonnes par an de sédiments aujourd’hui récupérés via ses activités de dragage, Unelo (chiffre d’affaires de 3 millions d’euros dont 70 % sur des travaux avec des collectivités locales) offre une solution alternative aux matériaux de carrière, notamment dans la formulation de bétons. Par ses recherches, l’entreprise a réussi à transformer ces sédiments pour réaliser des revêtements extérieurs type voies piétonnes ou cyclables avec des liants bascarbone, pistes forestières naturelles, bordures, trottoirs, voiries en béton de sable, etc. De quoi aussi « limiter les îlots de chaleur par la couleur claire, avec une température diminuée de 24 % par rapport à un revêtement de couleur noire », souligne le codirigeant.

UNE NOUVELLE USINE DE FABRICATION

Dernière innovation en date, qui doit être mise sur le marché dans les prochaines semaines, les Perfodalles en modules préfabriqués pour de la voirie perméable, toujours à base de sédiments de dragage landais. Ce concept protégé auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi), « remplace les dispositifs de désimperméabilisation actuels, comme les dalles gazon, et permet une réelle infiltration de l’ensemble des eaux de voirie. De plus, elle offre un volume de vide important, permettant de stocker les eaux d’orages en surface avant leur infiltration ou rejet dans le milieu naturel », selon l’entreprise qui doit démarrer ses premiers chantiers expérimentaux ce printemps, à Capbreton et Soustons. Les Chardin y travaillent depuis des années (160 000 euros en recherche et développement), et pour développer ce produit, ils ont prévu de monter une usine dédiée à Saint-Geours-de-Maremne, sur la zone Atlantisud. « Elle constituera la partie industrielle de notre savoir-faire », se réjouit l’entrepreneur formé sur le terrain après un BEP dans les TP, lui qui n’était « pas vaillant à l’école ». Sur 2 000 m2, l’usine qui tournera avec 40 personnes (contre 18 salariés aujourd’hui chez Unelo) et aura son laboratoire de R&D, doit être en place en 2024 pour rayonner sur toute la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie. Avec la perspective de commercialiser ces Perfodalles auprès de négociants pour en faire bénéficier toutes les entreprises de travaux publics, et pourquoi pas monter d’autres unités de production.