Le concept lui est venu lors d’un surf trip au Maroc où cet ingénieur expatrié qui a longtemps travaillé dans l’industrie du pétrole et du gaz au Nigeria, en Irak ou au Qatar, allait en vacances. « J’ai des amis qui y ont un surf camp et quand un photographe débarquait pour proposer les photos qu’il avait faites le matin au groupe, c’était l’effervescence, se rappelle Bertrand Delaveau. Comme de mon côté, je ne suivais pas les groupes et que j’allais surfer plus loin, on ne me proposait pas de photo. Je trouvais ça dommage pour moi comme pour le photographe parce que j’en aurais bien acheté et lui, aurait pu en vendre d’autres. »
DES LANDES AU SRI LANKA
L’idée qu’il développe alors est de « rendre accessibles aux photographes tous les surfeurs qui sont à l’eau, en leur évitant de devoir courir après tout le monde sur la plage, pour gagner du temps et élargir leur marché potentiel ». Pour cela, il les fait se connecter par l’intelligence artificielle (IA) : d’un côté, le photographe prend ses photos, de l’autre le surfeur s’inscrit sur le site en faisant un selfie. « Si les deux matchent, le photographe peut faire une proposition dédiée au surfer qui a été reconnu par l’IA. Des packs de photos peuvent alors s’échanger entre eux, à un prix fixé par le photographe », précise le fondateur de My-sessions.com qui s’est associé à Cédric Tatangelo, un ami ingénieur informaticien à Bondy (Seine-Saint-Denis), chargé du développement du site internet. L’utilisation de la plateforme est gratuite pour les surfeurs et les photographes. Côté modèle économique, si la vente se fait, la société récupère alors une partie de la transaction. « On a un taux de conversion entre 25 et 30 %, une fois que les gens se sont vus en photo », estime Bertrand Delaveau qui pointe une forte demande des surfeurs mais un manque de photographes, qu’ils soient amateurs ou professionnels. C’est pourtant, assure-t-il, une « source de revenu complémentaire intéressante : des photographes font 100 à 200 euros par shoot assez facilement. Le record est à 450 euros pour un après-midi de shoot sans parler à aucun surfer et en faisant 18 ventes différentes au final ! »
Des échanges essentiellement conclus dans les Landes, au Pays basque, en Gironde ou en Bretagne et parfois aussi au Portugal, au Maroc et même une fois au Sri Lanka, grâce à un photographe français en vacances. Au bout de trois ans d’existence, plus de 6 700 surfeurs se sont inscrits sur la plateforme et une quinzaine de photographes y sont actifs chaque mois. Au tout départ depuis Paris, c’est depuis 2020 à Capbreton que la société tente de se développer.
Une source de revenu complémentaire intéressante pour des photographes
« C’est ici que ça se passe au niveau surf pour se faire connaître en France et en Europe. Cette région qui fait rêver m’a toujours attiré, comme tout le monde ! Il y a le côté village avec l’espace et la nature et aussi beaucoup d’activités comme dans une grande ville », fait valoir le fondateur originaire du Centre, qui avait quitté son travail pour se lancer dans l’aventure. C’est donc aujourd’hui un « crève-cœur » pour lui de devoir retourner dans une grande ville – peut-être Bordeaux – pour trouver du travail, « sans doute dans les énergies renouvelables ».
« Il faut du temps pour que ça fonctionne », admet-il. Dans cet objectif, le site s’ouvre peu à peu aussi au skate, au kite-surf et à d’autres activités de plein air : « On a commencé par le surf qui s’y prêtait bien et on travaille sur le produit pour le rendre encore plus efficace. Quand on voit les avis sur Google, on se rend compte que les gens sont fans du service, alors on continue ! »