Soyons clairs. Vous ne trouverez pas ici de recette infaillible. Le management n’est pas une méthode toute faite que l’on applique indifféremment à chaque entreprise et chaque situation. Dire qu’il faudrait faire A + B pour obtenir un résultat C serait réduire la gestion d’équipe à son strict minimum en occultant qu’il s’agit avant tout de relations humaines.
Au même titre, je trouve réductrice et inexacte, la croyance selon laquelle nous sommes ou pas, de façon innée, un leader charismatique haranguant les foules. Bien évidemment, en fonction de notre personnalité, nous sommes plus ou moins à l’aise avec ce rôle de manageur, que nous soyons chef d’entreprise ou gestionnaire d’équipe.
Toutefois, rien n’est figé, dès lors que nous en prenons conscience. Ainsi, manager ce serait, avant tout, se connaître soi-même pour mieux aller à la rencontre des autres.
Alors ? Lequel vous inspire : « Petit chef ou vrai patron ? » Oui je sais, le titre est provocateur. Il n’est pas de moi, mais de Robert Sutton, professeur de management à la Stanford Engineering School. Son ouvrage à l’accroche des plus explicites : « Comment les sales cons vont vous aider à devenir un bon chef », révèle avant tout, que nous nous découvrons dans l’effet miroir. C’est au travers de l’autre, de nos expériences passées, de nos parcours et de nos éducations, que nous nous positionnons comme manager aujourd’hui. Et c’est en mettant à profit, chaque jour, le meilleur comme le pire de notre vécu, que nous posons notre pierre à l’édifice.
1. CLAMER : C’EST MOI LE PATRON !
Oui on l’aura compris, c’est vous le chef ici. C’est une évidence. C’est vous qui signez l’ordre de virement des salaires en fin de mois. C’est vous qui avez la place de parking la plus proche de la porte d’entrée. Et c’est encore vous qui êtes là du matin au soir. Oui mais voilà, tout cela vos salariés le savent déjà. Inutile de le crier dans un porte-voix. Ce n’est pas le niveau sonore qui appuiera votre légitimité et votre leadership. Restez vous-même !
2. VÉHICULER LE DOUTE
Rester soi-même ce n’est pas être le copain, l’ami, le confident. Non, vous ne pourrez pas exprimer à vos équipes le détail de vos réflexions, de vos doutes ou de vos tergiversations nocturnes. Oui votre cerveau a le droit de tourner à plein régime mais seules vos décisions finales seront connues de vos collaborateurs. Vous êtes avant tout un décisionnaire. Vous seul fixez le cap.
Être dirigeant ne veut pas dire qu’il faut savoir tout faire et mieux que ses collaborateurs
3. COMMUNIQUER PAR TÉLÉPATHIE
Ne croyez pas que je doute de votre sixième sens. Sans lui, vous n’auriez pas senti ce nouveau marché. Et Dieu sait que ça cartonne ! Mais de grâce, n’abusez pas de vos dons de télépathe. Vos collaborateurs ne sont pas dans votre tête. Inutile, pour autant, de devenir un organisateur de réunions à tout-va. On ose le rassemblement des troupes autour d’un café pour transmettre les messages importants sur la semaine à venir. Et puis comme ça, Michel, ne pourra plus vous dire qu’il n’était pas au courant…
4. S’APPROPRIER LES LAURIERS
On la joue collectif ! Selon l’adage commun, personne ne travaille pour la gloire. Il n’en demeure pas moins que les besoins d’appartenance et de reconnaissance sont partagés par tous. Si, si, c’est le fameux principe de la pyramide de Maslow. Alors, on allume les projecteurs, on déroule le tapis rouge quelques minutes, pour féliciter l’équipe pour cette belle victoire.
5. OCCULTER OU MINIMISER LES ÉCHECS
N’ayons pas peur de nous le dire : nous ne sommes pas des êtres parfaits ! Et nos organisations non plus. Il n’y a pas de victoire sans échec préalable, pas de réussite sans tentative échouée. Maintenant, il ne s’agirait pas de se morfondre non plus. Et encore moins de renvoyer la balle. On assume ! L’erreur est un formidable apprentissage. Et si l’équipe est concernée par ce projet mis à mal, on en profite pour en parler. Cela évitera que chacun rumine de son côté.
6. LÂCHER LA BARRE
Sauve qui peut ! On prend la marée… Faites comme si vous contrôliez la situation même si ce n’est pas le cas. Sauf si vous souhaitez que l’équipage se rue sur les canots de sauvetage. Mais attention, n’allez pas penser que je vous encourage ici à mentir ouvertement. Ou à cacher, les choses qu’ils peuvent voir par eux-mêmes. Non je vous demande juste de les rassurer par votre présence. Le danger est imminent, certes, mais on prend les difficultés à bras-le-corps, on envisage un plan d’action, on ose la manœuvre pour éviter l’iceberg.
7. AVOIR DES CHOUCHOUS
Ah Jean-Marc alors, lui au moins il est toujours là ! Fidèle au poste, loyal, vaillant et discret. Que de qualités ! Je vais le propulser au rang d’employé du mois avec sa photo encadrée à côté de la machine à café.
J’avoue, j’exagère. Quoique… Regardez comment vous avez accordé vos dernières augmentations de salaire. N’y avait-il pas un peu d’affect derrière ? Oui mais alors, comment faire ? On construit une grille de rémunération sur des compétences, on s’appuie sur des résultats factuels, des expertises prouvées. Parce qu’on avait négligé un détail… Jean-Marc est bavard !
8. ENVOYER DES PAROLES EN L’AIR
Les paroles s’envolent… Eh bien non ! Trêve de papotages car vous êtes chaque jour scruté(e), observé(e). Or, il n’y a rien de pire qu’un discours non suivi des faits. Votre crédibilité se construit jour après jour. Alors, on tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de s’engager, mais on joint le geste à la parole pour gagner le respect de ses collaborateurs. Aussi petit que soit l’engagement pris, on s’y tient, on agit.
9. RÉAGIR À CHAUD
Avec vous, c’est action – réaction ! Pas de temps à perdre quand il faut être au four et au moulin. Votre agenda est suffisamment rempli comme ça et votre temps est précieux. Alors, lorsque Paul vient vous trouver pour vous dire qu’il est performant et qualifié et qu’à ce titre il exige une revalorisation de salaire dès la fin de ce mois, sans quoi il s’en tiendra strictement à ses prérogatives, on se mord la langue bien fort pour faire redescendre instantanément la moutarde qui vient vous piquer le nez ! En revanche, vous prévoyez immédiatement un temps sur votre agenda pour le recevoir dans les huit jours qui suivent, l’écouter, noter ses revendications, puis analyser la situation pour lui faire un retour adapté et appuyé d’éléments concrets. Augmentation accordée ou non, vous éteignez le feu avant qu’il ne se propage dans la maisonnée.
10. ÊTRE LE MEILLEUR
Être dirigeant ne veut pas dire qu’il faut savoir tout faire et mieux que ses collaborateurs. Oui, vous êtes un véritable un couteau suisse ! Et puis, votre entreprise n’est pas une multinationale qui possède toutes les compétences. Mais des forces et des compétences il y en a tout de même, sinon vous n’en seriez pas là. Alors, identifiez les talents et déléguez ! En plus de les valoriser, vous favoriserez l’initiative et la créativité.