Couverture du journal du 16/10/2024 Le nouveau magazine

Le CERS se refait une beauté

À la pointe des techniques thérapeutiques, notamment pour la réathlétisation, le Centre européen de rééducation du sportif (CERS) de Capbreton investit 6 millions d’euros dans la rénovation de l'ensemble de son hébergement face à l'océan.

CERS Vincent Delcros

Vincent Delcros, directeur du Centre européen de rééducation du sportif © Louis Piquemil

Jolis bébés ! Pectoraux, biceps, quadriceps rebondis sous un t-shirt aux couleurs d’un grand équipementier pour les uns. Blouses blanches pour d’autres. Compléments alimentaires nature et créatine dans le distributeur de friandises. À n’en pas douter, on est au CERS de Capbreton. Le Centre européen de rééducation du sportif a été construit en 1991 en front de mer en lieu et place de l’asile départemental Sainte-Eugénie édifié en 1888 et devenu préventorium, sanatorium marin, puis centre héliomarin pour lutter contre la tuberculose. Le nom de la plage du Prévent et le clocheton d’origine en témoignent. L’air pur, les embruns vivifiants, l’océan camaïeu d’un bleu pastel ou marine et le soleil, bien sûr, participent à la vocation thérapeutique du lieu, terrain de jeu d’exception.

Hébergement en travaux

L’imposante bâtisse de briques roses approche la quarantaine. Alors, le groupe Ramsay Santé (150 cliniques en France) auquel elle appartient, investit 6 millions d’euros et six mois de travaux dans la cure de jouvence des 120 chambres. 70 ont été entièrement refaites, les 50 autres le seront dans les semaines qui viennent, sans arrêt de l’activité puisque pendant le chantier, l’hôtel Baya voisin héberge les athlètes en rééducation.

Des travaux qui constituent un véritable enjeu pour cet établissement de référence en rééducation des sportifs de haut niveau qui accueille 180 à 200 patients chaque jour en internat ou en externat, avec prise en charge par l’Assurance maladie (le CERS est lié à l’Assurance maladie par une convention permettant d’assurer la prise en charge du coût du séjour de rééducation du sportif) ou en structure non conventionnée par la Sécurité sociale. Au total, 3 000 patients viennent dans la cité marine chaque année pour un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros, hébergement compris. Le restaurant avec vue panoramique sur l’océan et sa diététicienne – important pour un établissement « associant performance thérapeutique et confort de séjour » – sert 300 repas par jour avec un taux de satisfaction de 95 à 100 %.

CERS

La spécificité de l’établissement est la prise en charge globale avec individualisation du programme sur deux à trois semaines. © Louis Piquemil

Ex-patients aux JO

Les patients profitent d’un concept unique en Europe à la suite d’une intervention chirurgicale, d’un traumatisme, ou tout simplement pour un séjour de réathlétisation, un retour au top dans les meilleurs délais. De grands champions comme le footballeur brésilien Ronaldo au début des années 2000, mais aussi bon nombre de stars sont venues se faire « réparer » au CERS. Plusieurs membres des équipes de France de rugby ou de handball, des Sud-Africains, des Fidjiens qui évoluent en France, ont fait des séjours ici et une cinquantaine d’ex-patients ont participé aux Jeux olympiques de Paris-2024.

CERS

L’établissement accueille 3 000 patients par an. © Louis Piquemil

Diversification

Pour intégrer la patientèle du CERS et bénéficier de la prise en charge de l’Assurance maladie, il faut être sportif de niveau régional minimum, licencié et ayant participé à une compétition de niveau régional au cours des 12 derniers mois, sélectionné en équipe de France, professionnel du sport (enseignant d’EPS, moniteur de ski, plongée, parachutisme, jockey…), entraîneur en structure d’élite ou inscrit en sport études Creps UFR Staps ou en centre d’entraînement et de formation. Et, depuis 2015, les portes sont ouvertes aux gendarmes, policiers, militaires, pompiers et plus récemment aux douaniers et danseurs étoiles. Les catégories socioprofessionnelles liées à la sécurité nationale représentent une part importante de l’activité globale du CERS qui tourne à plein régime. Vincent Delcros, le directeur général de l’établissement, se félicite de cette évolution : « Quand je suis arrivé il y a 25 ans, le patient type était plutôt un homme de la région, rugbyman, atteint d’une affection du genou. Maintenant, tous les sports et toutes les articulations sont représentés, les patients viennent de toute la France et la patientèle s’est féminisée. » L’évolution concerne également les phases de rééducation. Si à sa création le CERS était centré sur le postopératoire, il surfe aujourd’hui sur la réathlétisation (65 % de l’activité) des patients, sportifs ou pas, qui veulent revenir à leur meilleur niveau dans les meilleurs délais.

CERS

© Louis Piquemil

Une prise en charge globale

La spécificité de l’établissement est la prise en charge globale avec individualisation du programme sur deux à trois semaines. Pour que le patient « se sente plus fort dans son corps et dans sa tête et continue de nourrir sa quête de performance », le centre dispose d’une équipe pluridisciplinaire composée de quatre médecins du sport et de rééducation fonctionnelle, 21 kinésithérapeutes, sept préparateurs physiques, deux ergothérapeutes, 10 infirmières, sept aides-soignantes, une diététicienne, deux psychologues chargées du soutien social et des addictions, un pharmacien, une préparatrice en pharmacie et un manipulateur radio. Au total, l’établissement compte 90 collaborateurs : 50 médicaux et 40 non médicaux (administration, logistique, service qualité, restauration, bionettoyage…).

Des plateaux techniques ultramodernes

Pour la rééducation et la préparation physique, le CERS Capbreton dispose de quatre plateaux techniques, d’une aire d’entraînement extérieure avec espace avec espace Crossfit, d’un espace de récupération, de deux piscines (une à 34 °C pour la balnéothérapie, l’autre à 28 °C pour la natation), d’un sauna, d’un hammam et d’une salle de radiologie. Les plateaux techniques sont uniques en France. Outre les appareils de rééducation classiques, on y trouve du matériel isocinétique et d’électrostimulation à la pointe de la technologie. Le matériel isocinétique permet la rééducation et l’évaluation des capacités musculaires (du genou, de la cheville, de l’épaule…) afin d’établir une expertise précise et de permettre la mise en place des protocoles de rééducation adaptés à chacun. Les cinq Biodex notamment servent à estimer régulièrement les progrès réalisés en testant la force des divers groupes musculaires.

C’est aussi le premier centre de rééducation en France à s’être doté d’un Alter G, un équipement de choix dans la prise en charge des sportifs convalescents. Œuvrant en apesanteur, il permet une reprise progressive des appuis. Sont également utilisés des appareils de pressothérapie, de proprioception (Huber), d’ondes de choc, de massage des fibroses (Cellu M6) et d’une plateforme (Bio Rescue) permettant de mesurer les mouvements des segments osseux dans les trois plans de l’espace.

CERS

Le groupe Ramsay Santé rénove les 120 chambres de l’emblématique bâtisse de briques roses. © Louis Piquemil

Le CERS en chiffres

3 000 patients par an

14 millions d’euros de chiffre d’affaires, hébergement compris

90 salariés : 50 médicaux et 40 non médicaux (administration, logistique, service qualité, restauration, bionettoyage…)

Un directeur général d’expérience

Vincent Delcros, 52 ans, est arrivé au CERS il y a 25 ans comme responsable logistique. Ses formations de spécialiste des systèmes d’information et son diplôme de l’IAE de Pau (master en management et administration des entreprises) lui ont valu d’être nommé directeur adjoint chargé en particulier du développement. À ce titre, il a parcouru la France et rencontré de nombreux responsables de fédérations et de syndicats de joueurs. Il a à son actif la diversification vers les catégories socioprofessionnelles liées à la sécurité nationale, les douaniers et les danseurs. Devenu directeur général il y a un an, il s’attache à développer, en France et en Europe, des conventions avec les clubs et fédérations, à créer de réseaux de soins avec cliniques et hôpitaux et est à l’écoute des dernières évolutions des technologies et du handi sport.